Nous vous recommandons quelques sites voisins.

Visitez-les !

Nouveauté sur le site :

Galerie de photos

Terre de transhumance

CapitelleNous avons retrouvé deux documents se situant chronologiquement après la révolution française, qui font état sur notre territoire de « carrerades ».

Ce nom d’origine catalane est construit à partir du mot carrer (rue) ou carrera (chemin, route). L’enciclopédia catalana le définit par chemin utilisé de manière exclusive par les troupeaux en transhumance. L’origine des  carrerades semble remonter aux tout débuts de l’agriculture, Pau Vila dans son resumen de geografia catalana parle même de carrerades millénaries.

Encore employé au XIXème siècle, tout comme il l’est actuellement en Catalogne du Sud, ce mot de carrerades a traversé près de six siècles de culture occitane et française, prouvant ainsi que les origines de Caramany s’enracinent bien dans la culture catalane.

L’agriculture et donc l’élevage ayant été à la base de l’économie de toutes les générations qui nous ont précédés, il était important pour elles d’entretenir les  carrerades qui, deux fois par an, permettaient le déplacement des troupeaux pour les estives et leur retour avant les grands froids.

Dans son texte, sur "La justice quotidienne au XVIIIème siècle dans la vicomté de Joch", J.Tosti note qu’ "on oblige les possesseurs des terres traversées par les carrerades à respecter scrupuleusement la largeur de celles-ci".

C’est bien ce que nous prouvent les textes ci-dessous :

transhumanceA)« Le citoyen Fédié, ci-devant administrateur au directoire du district de Perpignan, se rend le 8 avril de la 2ème année républicaine (on est donc en 1794) dans la commune de Caramang* pour mettre d’accord les habitants de cette commune à propos des carrerades ou grandes voies pour les troupeaux qui avaient été défrichées ou rétrécies par divers particuliers. »

Ce texte  a été découvert aux archives départementales (L.550) par l’abbé Albert Cazes et publié dans Conflent n°183 mai-juin 1993

B)« Le 10 mai 1819, Jean Estève,propriétaire habitant d’Ansignan, possesseur d’un champ, jardin et vigne joignant ainsi que d’un petit bosquet attenant et le tout à lui appartenant, situé dans le terroir d’Ansignan au quartier appelé roque rouge… s’oblige à supporter à perpétuité la servitude du passage de l’eau nécessaire au canal dit de Caramang*… et comme la dite partie de terrain qui doit supporter la dite servitude se trouve soumis à celle d’un passage pour les troupeaux dudit Ansignan, , ledit Estève s’oblige encore de souffrir ledit passage ou carrerade sur la partie restante dudit terrain par lui réservé. S’oblige de plus le même Estève de laisser encore pour frang bord entre la carrerade et ledit canal deux mètres de terrain en largeur sur toute la longueur de la propriété. »

* Extrait d’un acte de cession de terrain par Jean Estève en faveur de Jean Bédos et autres de Caramang

Notes: Cette carrerade et le canal dit del mas d’Ansignan se situait en rive gauche puisque les terres de J Estève sont bordées "au midy par la rivière de l’Agly".

* On retrouve cette orthographe sur des textes différents de la même époque. Est-ce une erreur ou doit-on raisonnablement penser que l’écriture Caramang était aussi utilisée ?

Photo: "Capitelle de Peyro d'Arco", par Sébastien Sales