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Des sources aux fontaines... puis aux robinets!

Pour implanter une communauté, il faut de l'eau.

 Déjà, dans la Grèce Antique, un dicton l'énonçait : « L'eau est plus précieuse que la victoire olympique, plus précieuse que l'or. » Sans eau, point de vie pour les hommes comme pour les bêtes. C'est donc en toute logique que sur cette terre du Fenouillèdes, qualifiée souvent de sèche et même d'ingrate 1, les premiers habitants se soient rapprochés des cours d'eau. Durant la préhistoire, puis l'Antiquité, les berges de l'Agly, essentiellement la rive gauche mieux exposée, ont été bien fréquentées.2 Lorsqu'ils ont éprouvé le besoin de se rassembler, ceux qui allaient devenir les Carmagnols ont choisi des terrasses proches de la rivière mais qui les préservaient des grosses crues, et au confluent de deux petits affluents, la Becède et la Teulière, dont le débit jusque dans la deuxième moité du XX ème siècle était permanent. Ces terrasses se nomment actuellement l'Horto, l'endroit ou justement à cause de cette présence de l'eau en abondance on a, tout autour du cimetière, continué à cultiver les jardins potagers lorsque le village s'est déplacé sur son grand rocher.

De l'Horto au Grand rocher :

Le Rec ou ruisseau de la Teulière Autour des années 1250, du fait de l'insécurité générée par la fameuse croisade contre les Albigeois et surtout de son énorme conséquence politique, le rattachement en 1258 du Fenouillèdes au royaume de France, le premier village a été abandonné et les constructions se sont déplacées en demi-cercle au sud de la petite place forte qui s'était établie sur le rocher, lors de la création de la seigneurie féodale de Caramany.3

Cela compliquait un peu l'accès à la rivière mais ne rendait pas l'alimentation en eau difficile pour autant. Non seulement le ruisseau de la Teulière, appelé couramment le Rec4, coulait en permanence au pied du nouveau village, mais la domesticité du seigneur du lieu avait sûrement localisé, bien avant l'installation de ses habitants, les sources petites ou grandes tout autour du château.

C'est ainsi que l'on peut recenser de manière non exhaustive :

  • la source du Long dal rec (le long du ruisseau) qui suinte en permanence et maintient à niveau constant un bassin d'une contenance de près de 20 m3,

  • la source del Torreng : c'est un petit ravin qui recueille les eaux de la colline de Montredon, et se jette dans le Rec. Il passe aujourd'hui sous la place de la mairie et n'était donc, à l'époque, qu'à quelques dizaines de mètres des remparts du village,

  • la source de la Borde, elle aussi en dehors de l'enceinte médiévale sur un petit mamelon au sud. Elle est sûrement à l'origine de la création du futur quartier de la Borde.

  • la Font d'en romeu, la source (ou la fontaine) du pèlerin, actuellement en amont de l'ancien lavoir municipal, un peu au dessus du ruisseau de la Bécède.

A cela il faut ajouter les suintements qui sortent de la roche, qu'ils soient en provenance des collines de la Bade ou de Montredon (ils sont à l'origine des puits creusés lors de l'extension du village) ou sous le château même.  La sortie de cet écoulement est toujours en service, elle est visible dans la partie de la rue du Ruisseau qui rejoint le sentier de randonnée « Autour du grand rocher ».

Bref, l'eau ne manquait pas et, au cours des siècles, les Carmagnols ont tenté de la domestiquer pour l'amener jusqu'aux pompes, puis aux fontaines et enfin dans les robinets de chaque ménage.

Quand on commence à parler de pompes et de fontaines...

En l'absence de documents spécifiques, il est difficile de retracer la chronologie des événements qui ont permis l'alimentation en eau du village. Les délibérations du Conseil municipal évoquent bien sûr de temps en temps le sujet mais la terminologie varie d'une époque à l'autre, et ce qui était évident pour le secrétaire de mairie qui rédigeait le compte-rendu ne l'est pas forcement plus de 150 ans après, au vu de toutes les modifications survenues dans l'agglomération. Les indices égrenés dans ces délibérations permettent de se hasarder à tenter une chronologie qui restera au stade de l'hypothèse, donc par définition pouvant être remise en question.

C'est seulement en 1838 que l'on trouve pour la première fois une allusion à l'existence d'une fontaine. Le 11 novembre, le Conseil municipal est réuni pour procéder à l'adjudication des poids et mesures publiques5 et il décide que la recette du fermage « servira à payer une pompe à la fontaine communale » Ce la semble indiquer qu'il n'existe qu'une seule et unique fontaine pour tout le village qui, rappelons le, avoisine à ce moment là les 500 habitants.

Le maire chargé d'exécuter la décision du Conseil, il en est certainement aussi à l'origine, est Jean Bedos dit Marquet, dont la prise de fonction remonte au 16 février. Il fait donc confectionner une pompe par le sieur Raffit, chaudronnier à Perpignan, pour la somme de 333,20 francs.

La suite, c'est la délibération du 30 octobre 1841 qui nous l'apprend 6. Apparemment Jean Bedos qui a été remplacé à la tête de la commune dès le 16 septembre 1840 par Pierre Rolland, n'avait réglé que 200 francs. La pompe étant en activité comme le souligne le Préfet, le chaudronnier réclame son dû, mais Pierre Rolland refuse de payer arguant du fait que son prédécesseur « a fait ce traité sans autorisation préalable de son Conseil municipal et sur la promesse que lui avaient fait certains habitants de contribuer. » Après quelques péripéties judiciaires, l'affaire ayant été porté auprès du tribunal civil de Perpignan, et sur les conseils de son avocat, la commune met un point final à l'affaire en décidant, le 27 mars 1842 de payer la somme manquante.

Le mystère de la fontaine neuve !

Hélas, à aucun moment il n'est fait allusion à l'emplacement de la dite fontaine. Il faut avancer de 11 ans pour retrouver trace d'une pompe dans les délibérations. Le 9 mars 1853, afin de dégager des recettes pour la commune, le Conseil municipal décide de vendre « 24 kg de vieux cuivre et 17 kg de vieux bronze provenant de la pompe qui existait au puits communal au lieu dit la fontaine neuve ».

De nos jours, cette appellation a disparu et ne nous permet toujours pas de localiser la fameuse fontaine, mais l'information qu'elle tire son eau d'un puits n'est pas sans intérêt.

Le 16 janvier 1856, monsieur le Maire, il s'agit de Raymond Estève, expose à l'assemblée que « les habitants ont à cœur depuis longtemps d'avoir dans l'intérieur de la localité une fontaine communale, que celle qui existe est un peu trop éloignée et qu'il se trouve une source éloignée d'environ ¼ heure de la commune au lieu dit Rec d'en Serène débitant un volume d'eau qu'il serait facile de faire arriver sur la place publique. »

Si les dires de Monsieur le Maire sont exacts, il n'y a encore, en cette année 1856, qu'une seule fontaine au village. La fontaine communale de 1838, le puits communal de 1853 au lieu dit fontaine neuve sont donc des appellations d'une seule et même structure. De plus cette structure est un peu excentrée.

C'est le moment de rappeler que, de nos jours, deux pompes sont encore en place, l'une à la fontaine du Long dal rec, l’autre à l'abreuvoir sous la Grand rue et dans la rue à laquelle il a donné son nom. Dans les années 1960, il y en avait une troisième à l'angle de l'école des filles, sur la place de la mairie. Les deux dernières citées prennent l'eau dans le Torreng évoqué dans le deuxième paragraphe ci-dessus. La fontaine neuve ou la fontaine communale ne serait-elle pas celle que nous appelons maintenant la fontaine du Long dal rec ? La suite des événements va conforter cette hypothèse.

Un site de toute première importance : la Font d'en romeu

La font d'en romeuNous sommes en 1868, une année de sécheresse qui préoccupe le maire Pierre Lacourt. En plein cœur de l'été, le 1er juillet, il prend un arrêté qui est porteur de nombreux indices.7 Dans le considérant, il indique qu'il est urgent d'empêcher toute corruption et altération des fontaines (c'est bien le pluriel qui est employé) et des sources. Par contre les articles 1 et 2 concernent la protection de l'abreuvoir autour duquel il sera interdit « de blanchir le linge et de laver des abatis d’animaux ou autres choses qui pourraient corrompre l'eau. »

L'article 3 défend « de puiser et d'emporter de l'eau avec des comportes et des chaudrons des puits et des fontaines publiques qui sont à l'intérieur de la commune. »

Que pouvons nous en déduire ? La commune dispose d'un abreuvoir et d'un seul à l'extérieur de la localité où, en plus d'abreuver hommes et bêtes, on lave le linge et tout un tas d'autres choses. Cet abreuvoir était aménagé à l'Ouest et en contrebas du village et alimenté par la Font d'en romeu. Cette source connue certainement bien avant le transfert des maisons de l'Horto vers leur emplacement actuel a dû, de par sa localisation entre les deux sites, être aménagée assez tôt. Les allées et venues entre les nouvelles habitations et les terres cultivées au bord de l'Agly et du ruisseau de la Becède étaient quotidiennes et il devait être pratique, en revenant du labeur, de faire boire les bêtes et de faire provision d'eau en passant auprès de la source, avant d'entamer la rude montée par l'ancienne voie que l'on appelle maintenant la daballada. C'est sur ce lieu où l'on blanchissait déjà le linge que plus tard, en 1886, comme nous allons le voir, on implantera le lavoir municipal alimenté par la Bécède. La Font d'en romeu existe toujours, elle était active en 2020 après les pluies de février. En occitan, font est utilisé aussi bien pour source que pour fontaine. C'est cette dénomination qu'emploient les Carmagnols, que ce soit lors de ses déplacements en 1878 et 1880 et du conflit judiciaire qui en découle8 et dans la délibération de 1886 où elle est appelée la fontaine du bout du pont.

Toujours selon cet arrêté, dans la localité même, les habitants disposent de puits et de fontaines. Nous connaissons désormais le puits communal au lieu dit la fontaine neuve. Pourquoi Pierre Lacourt a t-il employé le pluriel ? Si une nouvelle fontaine a été mise en service, à l'intérieur de la localité, entre 1856 et 1868, ce pourrait être la fontaine del Torreng, mais cela contredit une délibération de 1874 (voir ci dessous) qui n'évoque qu'une seule fontaine. L'un des deux écrits est imprécis, mais en l'absence d'un nouveau document, il est difficile de dire lequel. La seule chose de sûre, c'est qu'en 1889 la fontaine del Torreng nécessite des réparations, elle n'est donc plus toute jeune.

Les délibérations sur l'alimentation en eau deviennent plus nombreuses.

La fontaine neuveReprenons le cours de notre histoire en 1871. La délibération du 10 septembre 6 reprend mot à mot celle de 1856 concernant la nécessité d'installer une fontaine sur la place du village. Il y a donc déjà 15 ans qu'elle se fait attendre. Sa construction se précise car cette fois-ci un financement a été trouvé. François Vaysse, maire de la commune propose, en effet, « après en avoir obtenu l'autorisation de Monsieur le Préfet, d'employer la somme de 350 francs inscrite au budget additionnel de 1871 et destinée à donner du travail à la classe indigente. » Les travaux ont-ils été réalisés de suite ou a t-on un peu attendu ? Une délibération de l'année 1874 sème le doute. Il est question des réparations urgentes à faire à la fontaine, cette fois-ci qualifiée ni de communale, ni de neuve, mais publique. Vu l'importance des travaux et le fait qu'elle serve à abreuver les animaux, il ne peut être question de celle de la place qui, soit n'a pas été construite, soit vient de l'être et ne nécessite donc pas de réparations. Un indice de plus qui laisse à penser qu'il s'agit encore une fois de la fontaine du Long dal rec.

« Monsieur le Maire expose au Conseil

1° qu'il serait très urgent de faire des travaux de réparation à la fontaine publique où l'eau manque les trois quarts du temps par suite d'une construction incomplète afin que la commune puisse jouir de l’immense avantage d'avoir continuellement l’eau potable nécessaire à la consommation ds habitants et des animaux domestiques,

2° que ces travaux d'après un état qu'il a fait dresser par un homme de l'art et qu'il soumet au Conseil s'élèveraient à la somme de quatorze cents francs,

3° que les fonds disponibles de la commune ne permettant pas cette dépense, il propose de recourir à un emprunt de six cents francs qui serait consenti par le sieur Lacourt Prosper domicilié à Caramany. » A cet emprunt, la commune ajoute 300 francs qu'elle inscrit au budget et sollicite une aide de 500 francs du département. Le compte rendu de la session d'octobre 1874 du Conseil général atteste que cette subvention a bien été demandée par le préfet qui précise que « l'urgence des travaux a été constatée et qui estime qu'il y a lieu d’accueillir favorablement cette demande. » Hélas le Conseil général suivra l'avis de sa commission (des finances) et n'accordera que 200 francs. Les documents ne disent pas si la totalité des travaux ont pu être effectués.

La construction du lavoir municipal, appelé familièrement le bassin.

En 1886, c'est Nicolas Dabat qui préside aux destinées de la commune. Le 31 juillet, il « expose au Conseil que la construction d'un lavoir couvert serait de toute nécessité pour que les femmes qui vont laver les lessives n'eussent pas à souffrir de la pluie et du froid rigoureux de l'hiver. Il propose de construire ce lavoir du côté ouest de la fontaine du bout du pont, l'eau de cette fontaine servirait à l'alimenter. » Le compte-rendu de la session du Conseil général nous apprend que pour un montant des travaux de 762,58 francs, la commune n'a prévu que 100 francs à son budget. Le rapporteur ne propose qu'une aide de 300 francs, c'est ce qui sera accordé, en la justifiant de la manière suivante : « Quoique la commune soit imposée pour insuffisance de revenus et construction d'une maison d'école, elle peut facilement supporter une plus forte part de la dépense. »

Nicolas Dabat a dû revenir à la charge puisque au cours de la session d'avril 1887, l'assemblée départementale a accordé sur le produit des amendes de police correctionnelle la somme de 150 francs pour le lavoir de Caramany. Quoiqu'il en soit, il a bien été construit, juste pour affronter un premier coup dur dès 1891.

La fontaine del Torreng apparaît dans les documents.

En 1889, toujours présidé par Nicolas Dabat, le Conseil municipal se penche une fois de plus sur l’état des fontaines. Pour la première fois est citée la fontaine citerne del Torreng et utilisée l'appellation de fontaine du Long dal rec, estimées toutes les deux en mauvais état. Puisqu'il y a désormais à l'intérieur de la localité au moins deux fontaines sûrement trois avec celle de la place, on ne peut plus parler de la fontaine communale ni de la fontaine publique, ni de la fontaine neuve qui serait en fait, par rapport à celle de la place et du Torreng la plus ancienne et on trouve donc la nouvelle appellation du Long dal rec.

La délibération précise qu' « elles devraient être approfondies, munies d'une pompe solide et fermées à clé pour éviter les accidents mortels qui se sont produits à la fontaine del Torreng. » Si l'expression de mauvais état laisse à penser que la fontaine del Torreng est là depuis déjà quelques années, il reste deux possibilités de localisation pour la citerne évoquée. Desservait-elle la pompe de l'abreuvoir toujours en place sous la route ou plutôt, c'est l'hypothèse que je priorise, celle proche du bâtiment de l'école des filles. En 1889, le Torreng coulait à l'air libre, les écoles et la mairie n'ouvraient pas sur la place mais sur un espace naturel à peine défriché qui servait de cour de récréation et surtout la route départementale ou Grand rue n'existait pas, de même donc que le pont au pied duquel est l'abreuvoir aujourd'hui. D'autre part, la mémoire orale fait effectivement état d'un décès dans le Torreng, raison pour laquelle une rambarde aurait été installée. Lors de la couverture de la place en 1908, la rambarde a été réemployée pour assurer la sécurité en haut du grand escalier, rue du chemin d'Ille.

Si la fontaine du Torreng se situait bien au niveau de la place, il est aussi possible que lors de la construction de la route départementale et donc du pont sur le Torreng, on ait récupéré les auges de cette fontaine pour les placer au pied du pont et créer l'abreuvoir actuel.

Pour effectuer ces réparations, la municipalité se retourne une fois de plus vers le Conseil général qui vote une aide de 300 francs dans le cadre des subventions aux communes pour constructions ou réparations de fontaines, puits pompes, lavoirs,etc.

Les épisodes pluvieux aggravent l' état des installations.

La citerne de la fontaine neuveDans les dernières années du XIX ème siècle, avec l'augmentation de la population et certainement aussi des animaux, la situation de l'alimentation en eau n'est plus satisfaisante. Pour preuve, les délibérations qui traitent du sujet se multiplient à tel point qu'il est difficile de savoir si il est question d'une réparation déjà faite qu'il faut recommencer ou d'une réparation mise en attente à cause d'une subvention non reçue par exemple et que l'on remet sur le tapis. En voici la liste :

  • 2 juin 1889 : c'est la délibération dont il est question ci-dessus,

  • 23 novembre 1890 : il faudrait réparer la fontaine neuve. (Voir plus loin). Cela signifie peut-être que seule la fontaine du Torreng a été réparée.

  • 28 octobre 1891 : Un violent orage a privé d'eau la fontaine de la place et celle du pont.

  • 12 août 1894 : il faut réparer la fontaine neuve en très mauvais état. Les arguments des délibérations précédentes sont repris : auge, pompe, bonne serrure pour éviter les accidents. Cette fois-ci il semblerait qu les travaux soient effectués puisque le Conseil municipal, ayant reçu une subvention de 100 francs du Conseil général décide le 13 octobre de prendre les 98,50 francs manquants sur le crédit ouvert pour réparation des fontaines du budget 1894.

  • 14 novembre 1895 : il faut (encore) réparer la fontaine de la place et celle du Torreng

Cette situation préoccupante est en partie due au fait que les installations vieillissent mais elle a été aggravée par deux épisodes pluvieux importants, qu'on appelle maintenant épisodes méditerranéens, en 1891 et 1892.

Le 24 octobre 1891, un orage violent s'abat sur le territoire. Le conseil municipal se réunit le 28 et  fait état de dégâts considérables à la maison d'école,. De plus, « le ruisseau d'en romeu a emporté deux murs du lavoir public et une partie du bassin. La fontaine de la place et et celle du pont qui sert surtout d'abreuvoir aux animaux sont à sec, les barrages ont été emportés. » Les dégâts à l'école sont causés par les eaux de ruissellement provenant de la colline de Montredon alors que c'est une montée des eaux de la Becède qui a ravagé le site de la Font d’en romeu avec son captage, son abreuvoir et le lavoir qui venait d'être construit. Le Conseil général, conscient de la gravité des événements accordera dans sa session de 1892 une aide de 200 francs sur un montant des travaux de 430 francs.

Le 9 novembre 1892, l'épisode sera si intense que l'Agly emportera le pont qui datait à peine de 1873. On imagine aisément à l'aune des événements récents de 2014 ou 2020 les dégâts aux rues du village alors en terre, aux chemins vicinaux ou aux murs de soutènement des propriétés.

Des décisions importantes

Ces dLa fontaine de la palceifficultés récurrentes ont été les déclencheurs de deux prises de décision plus ou moins concomitantes : le 26 juin 1892, la mise en adjudication de l'entretien des fontaines et surtout la réalisation future d'un réseau sécurisé qui apportera l'eau dans les quartiers.

De toute évidence, l'orage de l'automne 1891 fait prendre conscience aux élus que l'entretien des fontaines demande une vigilance constante et, en l'absence d'employés municipaux, qu'il faut y répondre par une adjudication. La délibération du 26 juin nous donne enfin la situation exacte des installations communales apportant une confirmation capitale à notre hypothèse de départ.

« Le conseil décide d'une mise à prix au moins offrant de l'entretien des fontaines publiques, pour 4 ans. Cela comprend : le lavoir, la fontaine de la place publique, la fontaine du Torreng, la fontaine du Long dal rec, la fontaine abreuvoir d'en Romeu. »

L'état des lieux est clair net et précis : en 1892, il y a dans la commune un seul abreuvoir, celui de la Font d'en romeu et quatre fontaines qui sont énumérées de la plus moderne à la plus ancienne. La fontaine de la place n'a jamais changé de dénomination, la fontaine du Torreng non plus et ne peut-être celle de l'abreuvoir sous la Grand rue puisqu'il n' existe pas ; on sait par ailleurs que la Font d'en romeu s'appelle aussi celle du pont ou du bout du pont, reste donc la fontaine du Long dal rec qui ne peut faire qu’une avec la fontaine neuve dont on ne parle plus après 1892. La délibération du 23 novembre 1890 laissait d'ailleurs peu de doutes. Voici la description qu'en faisait Nicolas Dabat : « La fontaine citerne dite fontaine neuve est dans un très mauvais état. Elle devrait être curée car il y a au fond du puits de 2 à 3 mètres de décomble, recrépie intérieurement. La bâtisse actuelle devrait être démolie et remplacée par une voûte qui gênerait moins la circulation ; une auge devrait y être placée pour abreuver les chevaux en hiver alors que l'eau de la fontaine de la place est trop froide ; une forte pompe devrait y être placée pour élever l'eau du puits jusqu'à la surface ; enfin la porte qui existe doit être munie d'un verrou et d'une bonne serrure, tenue constamment fermée pour éviter les accidents afin de prévenir le retour des accidents mortels qui se sont déjà produits à cette fontaine. »

Essai de chronologie

La synthèse de toutes ces informations permet de proposer la chronologie suivante :

  • utilisation depuis des temps immémoriaux, comme aimait à le dire le curé Montferrand, de l'eau de l'Agly, de la Becède et de la Teulière,

  • après le transfert du village sur le grand rocher, dans la deuxième moitié du XIII ème siècle, utilisation du ruisseau de la Teulière et des sources tout autour du village médiéval citées plus haut, aménagement d'un point d'eau et d'un abreuvoir autour de la Font d'en romeu.

  • à une date indéterminée creusement d'un puits ou du bassin en utilisant la source située juste à côté du Rec, que l'on appellera fontaine neuve à ce moment là9, ou lorsqu'on installera la première pompe,

  • 1839 : installation d'une pompe à la fontaine communale ou neuve,

  • 1853 : vente de la pompe suivie certainement de son remplacement

  • 1856 : toujours une seule fontaine

  • après 1871, mise en fonctionnement d'une fontaine sur la place, actuellement carrefour entre la Grand rue, la rue de l'église et le chemin d'Ille, en captant l'eau du Rec d'en Sérène

  • 1874 : grosses réparations à la fontaine neuve

  • entre 1856 et 1880 ? aménagement de la fontaine del Torreng avec une citerne

  • 1878 : déplacement illégal de la Font d'en romeu sur le terrain Chauvet par le maire François Delonca

  • 1880 : déplacement de la Font d'en romeu du terrain Chauvet vers le terrain communal actuel par décision du maire Eugène Tressere.

  • 1886 : création du lavoir municipal

  • de 1889 à 1895 : nombreuses réparations aux fontaines

  • 1892 : mise en adjudication de l'entretien des fontaines

  • avant 1900 : avec la construction de la route départementale, aménagement des deux abreuvoirs, sous la grand rue et au Couillet,

  • 1900 : mise en place de 4 bornes-fontaines pour desservir les quartiers du village et mise en eau de l'abreuvoir du Couillet

(à suivre)

Notes:

  1. Dans son Histoire naturelle du département des PO, c'est ainsi que le docteur Louis Companyo qualifiait le terroir de Caramany. Relire l'article Pauvres Carmagnols, rubrique Anecdotes
  2. Voir un champ d'urnes funéraires au pied du Pont rose ou la ferme romaine du Pla de l'Aîga, rubrique Histoire.
  3. Voir un souffle cathare, rubrique Histoire
  4. Voir toponymie 1ère partie : le village, rubrique Découvrir
  5. Chaque année, la commune mettait en fermage l'attribution du mesurage et jaugeage publics. Le fermier recevait les différents instruments de mesure et avait la responsabilité de contrôler toutes les transactions commerciales dans la commune. Il percevait en échange du droit de pesage des taxes. A titre d'exemple en 1838, le droit de pesage était de 10 centimes par quintal, mais pour les grains de 5 cts par double décalitre, et le droit de mesurage de 20 cts par hl pour le vin et de 20 cts par double décalitre pour les huiles.
  6. Relire Les années en 1, de 1791 à 1881
  7. Vous pouvez le lire en entier dans Les années en 8, de 1798 à 1888 rubrique Histoire
  8. Vous trouverez cet épisode dans Les années en 0, de 1800 à 1880 rubrique Histoire
  9. Nous avons dans l'Histoire l'exemple de Castelnou, château neuf.

Sources:

Les sources seront indiquées à la fin de la deuxième partie.

Photos: Les photos sont de Bernard Caillens et Philippe Garcelon

1- Le ruisseau de la Teulière dans le bas du village,  après un orage

2- La font d'en romeu ou source du pélerin, en bordure d'un sentier qui menait au village

3 et miniature- La fontaine neuve ou fontaine publique ou fontaine communale devenue ensuite la fontaine del long dal rec

4- la citerne de cette même fontaine mise en valeur par un éclairage électrique en 2018

5- La fontaine de la place devenue fontaine du lion (état bien différent de celui d'origine)