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Un document d'époque

 

Les documents concernant l'histoire de Caramany sont rares et, pour cette raison, précieux. Celui que je vous présente aujourd'hui concerne le cimetière et l'une des familles détentrices de la seigneurie. Il est arrivé jusqu'à nous sous la forme d'une photocopie découverte, il y a une trentaine d'années, dans un des placards de la sacristie de l'église Saint-Etienne.

Nous sommes à la fin du XVII ème siècle. Notre village appartient depuis un peu plus de quatre siècles au royaume de France, sur lequel règne à ce moment là le tout puissant Roi Soleil, Louis XIV1. Des décrets royaux ayant imposé peu à peu de rédiger les actes en Français, on remarque tout de suite les tentatives de le faire pour Caramany, n'oublions pas que cela se prononce [carmagn ]. Et c'est tellement difficile que l'on trouve des dizaines d'écritures différentes 2. A lui seul, ce document en est la preuve, puisque sous deux signatures différentes, nous avons d'abord caramaing (deux fois) puis Caramain.

Le document est rédigé sur du papier timbré. Sur le timbre où l'on distingue nettement les attributs de la royauté, la fleur de lys et le soleil, on peut lire « Gen De Toloze, un sol ». La généralité, pour nous donc celle de Toulouse, était une division administrative chargée de la collecte des impôts directs et indirects comme la taille, les aides ou la gabelle. Avec la livre et le denier, le sol était une des monnaies utilisées. Une livre valait 20 sols et un sol valait 12 deniers.

En 1693, la communauté villageoise est administrée sur le plan religieux par l'abbé Jean Chaluleau qui est arrivé de Trilla l'année précédente et qui dépend hiérarchiquement de Monseigneur Victor Augustin de Méliand, évêque d'Alet, et sur le plan laïc par deux consuls désignés annuellement par le seigneur, lui même représenté au village par un baile Gaspar Gély 3. Un seigneur sur lequel il n'y a aucun doute puisque c'est lui qui a rédigé l'acte dont voici la teneur:

« Je consens que la communauté du lieu de caramaing prenne la terre qui lui sera nécessaire pour faire un cimetière, à condition que ledit cimetière sera éloigné du château et pour cet effet je donne les droits qui peuvent m'appartenir sur ladite terre du cimetière.

Fait à Caramaing le seizième jour du mois d'octobre mille six cents quatre vingt treize.

(signé) vicomte de Clermont.

Et le document prend d'autant plus d'importance qu'il ne s'agit pas d'un petit seigneur local mais d'une grande famille de la noblesse française 4. C'est par le jeu d'alliances successives que la famille de Montesquieu a apporté en dot la seigneurie à la famille de Clermont-Rochechouart.

Vu la tournure de son acte, « Je consens... » le vicomte de Clermont, Jean Joseph Gaston de Rochechouart a été alerté par l'abbé Chaluleau et certainement les consuls du lieu, sur le manque de place pour assurer les inhumations, indice que la communauté se développe démographiquement. En effet, après avoir chuté à 16 feux, soit une petite centaine d'âmes, après la grande peste de 1367, la courbe de la population remonte peu à peu, si bien qu'en 1700 5, elle atteint 230 habitants. Les Carmagnols envisagent-ils d'agrandir le cimetière qui se situe toujours à l'Horto autour de l'église primitive ou de le rapprocher du village comme le laisse supposer la réponse du vicomte ? Il consent à donner une terre mais n'autorise pas que l'on rapproche le cimetière du château.

A la suite de son décès le 27 juin 1695, les responsables de la communauté ont peut-être fait une nouvelle tentative puisque son fils Charles a cru bon de "réitérer la donation", scellant ainsi de manière définitive l'implantation du cimetière que nous connaissons toujours.

« Je confirme et réitère la donation ci-dessus faite à Caramain. ce dernier du mois de septembre 1695 (signé) clermont rochechouart.

Notes :

  1. né en 1738, roi de 1743 à 1715
  2. Relire le texte Caramany, Karamanh, Caramaing... et les autres, rubrique Histoire 2010
  3. Gaspar Gély, (c'est ainsi que l'orthographie le curé Chaluleau) décède en janvier 1694. Il sera remplacé par Antoine Chaluleau, un probable neveu du curé.
  4. La maison de Rochechouart est considérée comme la famille la plus ancienne de France après les Capétiens. Sa filiation est prouvée depuis l'an 980. Elle se divise en plusieurs branches dont celle de Clermont-Rochechouart.
  5.  Ces données ont été relevées par André Bayrou. (voir sources). On sait aussi qu'en 1594, le village comptait 30 maisons ; cela laisse supposer une population entre 150 et 180 habitants.

Sources :

  • Caramany et ses seigneurs, rubrique Histoire 2017
  • Les actes singuliers du curé Chaluleau, rubrique Anecdotes 2017
  • Fenouillèdes diocèse d'Alet, Albert Bayrou 1980
  • Wikipédia pour les informations sur la famille de Rochechouart et les monnaies.

Photo: miniature, blason de la famille Rochechouart-Clermont - wikipedia