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Charles Vilanove, curé de Caramany

Parmi les prêtres qui ont laissé leur empreinte sur la vie du village, il faut mettre en bonne place l'abbé Charles Vilanove. Durant son très long passage à Caramany, trente-sept ans de sacerdoce, il a marqué les habitants par son charisme et sa gentillesse. Les petits-enfants d'alors, octogénaires aujourd’hui, s'en souviennent encore. 

De Jacques Villanova à Charles Vilanove : 

Le tableau de l'abbé VillanoveLe registre d'état civil de la commune de Caramany est formel : le 26 mai 1940 est décédé Jacques Villanove, dit Charles, curé de la paroisse, né le 20 mars 1866 à Perpignan de Villanove Jacques et de Catherine Clos.

Or si l'on consulte le registre d'état civil de Perpignan à la date du 20 mars 1866, on constate qu'est né un garçon prénommé Jacques de Jacques Villanova, 33 ans, chauffeur à l'usine à gaz et de Catherine Clos, 35 ans; le couple demeure rue étroite au n°2.

Il ne peur donc y avoir d'erreur et celui que les Carmagnols connaissaient sous le nom de Charles Vilanove se nomme en fait Jacques Villanova. L'explication est simple. Son prénom étant le même que celui de son père on a fait de Charles son prénom d'usage ; quant à l'écriture de son nom de famille, le a final catalan se prononçant e, on a pris l'habitude d'écrire son patronyme en « Français », l'évêché oubliant même au passage un l, comme nous le verrons plus loin; ce qui est un peu étonnant c'est que ces petites modifications, qui pour les siècles passés font les délices des généalogistes aient encore eu cours au XXème siècle.

Nommé curé en 1895 à Jujols, Charles Vilanove quitte sa première cure en 1903 pour s'installer définitivement à Caramany. Il a recueilli son père, alors veuf, qui n'aura guère le temps de connaître le village puisque le registre d'état civil mentionne son décès le 1er  mai 1903, à l'âge de 72 ans. Le recensement des habitants de 1906 précise qu'il vit avec sa sœur Catherine âgée à ce moment-là de 44 ans et qui est donc son aînée de deux ans.

Les trente-sept années qu'il va passer à Caramany sont résumées dans l'oraison funèbre publiée le 1er juin 1940 dans La semaine religieuse du diocèse de Perpignan

Caramany: Mort et obsèques de l'abbé Ch. Vilanove

"Dimanche soir, en la Solennité de la Fête-Dieu, s'éteignait au presbytère de Caramany, l'abbé Ch. Vilanove, que tous entouraient d'une vénération vraiment affectueuse.

Il fut une des premières recrues du Sanctuaire où, modeste, et timide, il passa inaperçu, laissant seulement le souvenir d'un élève soucieux de la règle.

A l'aube de l'adolescence l'appel divin enthousiasma ce cœur pieux et bon; puis le grand Séminaire équipa le « bonus miles Christi »1.

L'autelPrêtre en 1891 et après un court vicariat à Estagel, il obéit généreusement à la voix de son évêque qui lui confie l'humble paroisse de Jujols; il la quitte, en 1909, pour celle de Caramany qu'il évangélise pendant 37 ans.

C'est là que dès son arrivée, il donne la mesure des œuvres de son zèle apostolique, en s'occupant des œuvres de jeunesse.

Puis songeant à ses successeurs, et en pleine Séparation, il acquiert de ses deniers un presbytère qu'il restaure et aménage; enfin, il embellit son église; si quelques détails laissent à désirer, l'ensemble dit le zèle du Pasteur pour la Maison de Dieu.

Les obsèques ont eu lieu à Caramany, en présence de toute la population.

A la fin de la messe, M. le Curé-Doyen de Latour a retracé, dans une émouvante allocution, les mérites du défunt modelés sur le Maître.

Comme le Christ indissolublement attaché à la Croix, le disciple est resté indissolublement attaché à sa paroisse durant 37 ans, rivé à elle par la double chaîne d'une servitude doublement glorieuse: le service de Dieu et le service des âmes rachetés par le Fils de Dieu. Et, de même que le Christ a eu les mains clouées et les bras étendus dans un geste immortel de tendresse, de miséricorde et d'attente, ainsi le bon Pasteur a étendu ses bras vers le Ciel pour implorer le pardon, vers la paroisse pour la bénir et bénir les nombreuses générations qui, aujourd'hui, luttent héroïquement pour la France.

M. le Chanoine Carla a rappelé en terminant, les souffrances du pasteur condamné au repos par une longue maladie, véritable préparation à la mort.

Visiblement émue, l'assistance s'est unie à la supplication du «Libera» aux souhaits de «l 'In paradisum» et, précédée des confrères d'Estagel, de Tautavel, de Rasiguères et d'Ansignan, a accompagné la dépouille mortelle au champ du repos pour attendre le jour de sa résurrection glorieuse.

Sur la tombe une voix autorisée a dit la reconnaissance de tous au Curé bienfaiteur. "

Quelques remarques : 

Dans cet article dithyrambique qui n'est pas signé, l'auteur avait l'intention de montrer les qualités de bon serviteur de Dieu qu'était l'abbé Vilanove et les regrets unanimes qu'il laissait derrière lui. Il ne s'est pas attardé sur certains détails plus pratiques qu'il n'a pas pris la peine de vérifier.

L'erreur la plus flagrante est la date de 1909. Décédé en 1940 après trente-sept ans de sacerdoce comme l'affirme l'auteur, Charles Vilanove ne pouvait être arrivé à Caramany qu'en 19032.

Sa carrière a aussi été raccourcie. A la page 103 du même numéro de La semaine religieuse, on apprend qu'en 1891 le jeune prêtre a été nommé vicaire au Soler, puis à Estagel en 1893 et enfin à Millas en 1894.

L'affirmation sur l'acquisition du presbytère est étonnante et les documents détenus par les archives départementales la contredisent. Le curé Charles Vilanova a signé un bail avec le maire Nicolas Dabat en 1907 pour mise à disposition du presbytère. Ce bail d'un montant de 80 francs a été reconduit régulièrement : on trouve aux archives ceux de 1908,1909,1912,1917. De plus, par un acte du 6 décembre 1930, le presbytère est vendu à l'association diocésaine avec entrée en jouissance le 26 février 1931. Cet acte précise : « L'immeuble ainsi vendu appartient à la commune pour lui avoir été attribué lors du décret de dévolution des biens ayant appartenu aux anciennes fabriques. »

En l'absence de nouveaux documents, il faut donc en déduire que l'abbé Charles Vilanove a certainement investi un partie de ses deniers dans la restauration du presbytère, signalé souvent en mauvais état et qui devenait une charge lourde pour la commune, mais qu’il ne l'avait pas acheté.

Seule critique négative à l'encontre de ce bon curé : l'embellissement de l'église dont certains détails laissent à désirer. Dommage que nous n'ayons pas plus d'éléments sur ces détails.

Enfin la voix autorisée était celle de Paul Gély-Fort, chevalier de la légion d'honneur, maire de Caramany et conseiller d'arrondissement. 

La pierre tombaleUne simple pierre tombale : 

Charles Vilanove a quitté son cher presbytère au printemps 1940. Il y est pourtant encore un peu présent par l'intermédiaire d'un tableau peint sur toile qui représente une vue générale du village, preuve de son attachement à Caramany (photo 1). Son successeur, l'abbé Forné de même que les responsables de la cave coopérative qui, bien plus tard dans les années 1972/1973 ont racheté le presbytère ont tenu à le laisser en place. Ce tableau est aujourd'hui visible à l'intérieur du caveau.

De ce curé bienfaiteur inhumé dans le petit cimetière de son village, celui-là même où il avait accompagné bon nombre des ses paroissiens, la tombe n'a pas été conservée. Il ne nous reste que la pierre tombale qui porte l’épitaphe suivant :

« A la mémoire de Mr l'Abbé Charles Vilanove, révérend curé de Caramany pieusement décédé le 26 mai 1940 à 74 ans. R.I.P ».

Vous pouvez la découvrir tout à fait au fond de l'agrandissement récent du cimetière : elle accompagne la sépulture du Révérend père Olive, enfant de Caramany, qui avait souhaité être enterré à côté de celui qui lui avait transmis la foi au point, lui aussi, de consacrer sa vie à Dieu.

Notes :

  1. Bon soldat du christ.
  2. C'est bien l'année 1903 que l'on trouve page 103 du même bulletin. 

Sources :

  • Bulletin de La semaine religieuse du diocèse de Perpignan en date du 1er juin 1940 : collection archivée dans la sacristie de l'église Saint Étienne.
  • registre d’état civil de Caramany
  • registre d'état civil de Perpignan
  • Archives départementales série O : 20p726 Presbytère
  • et la mémoire des habitants en particulier Andrée Aubert et Roselyne Dimon.

Photos:

de présentation: L'entrée de la cave du presbytère, vue à travers les troncs de jujubiers

1: Le tableau panoramique "Caramany vu de la Bade" peint par l'abbé Vilanove. Il est aujourd'hui visible dans l'ancienne cave du presbytère.

2: L'autel de l'église Saint-Etienne datant de 1789, sur lequel l'abbé Vilanove a officié pendant 37 ans. cliché Marie Caillens

3: La pierre tombale de l'ancien curé.

(Les photographies du presbytère ont été prises grâce à l'aimable autorisation du président de la cave coopérative  Sébastien Sales que je remercie.)