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Les perles de l'état civil

 Quoi de plus officiel et de plus sérieux dans notre vie de citoyen que les actes d'état civil? Et pourtant, comme pour prouver le bien fondé de la célèbre formule « Errare humanum est », ils comportent de temps en temps des erreurs.

Ce sont surtout des fautes de copie, des erreurs d'inattention ou des oublis. Il est rare que les témoins relisent l'acte qu'on leur soumet avant de signer. Sa valeur repose donc essentiellement sur la qualité du travail du rédacteur … et comme l'erreur est humaine !

Si de nos jours, l'orthographe des patronymes est fixée, ce n'était pas le cas à l'époque où les gens étaient illettrés et donc dans l'incapacité d'épeler puis de vérifier l'écriture de leur nom. A cela s'ajoutait la prononciation issue de la langue locale, pour nous la langue d'Oc, et le nom était alors écrit selon le bon vouloir du scribe de service. D'une génération à l'autre il pouvait évoluer: c'est ainsi que des lettres apparaissaient ou disparaissaient; Calhens en se francisant devenait Callens puis Caillens, Estèbe prononcé à l'occitane devenait Estève en français; pour la même raison Lacour et Lacourt pouvaient être la même personne, on hésitait entre Vaïsse et Vaysse, Géli ou Gély, Montferrand pouvait perdre son d au hasard des pages ... et on pourrait ainsi multiplier les exemples.

Les prénoms ne sont pas non plus en reste. Souvent le prénom d'usage ne correspond pas au premier prénom déclaré au moment de la naissance si bien qu'un citoyen né Martin, peut se marier avec le prénom Joseph, sans parler du prénom Jean que l'on ajoutait ou retranchait à tout bout de champ. Sur un acte la même personne se prénomme Jean Pierre et sur un autre Pierre; François devient parfois Jean-François, etc.

A ces petits problèmes bien connus des généalogistes, on peut ajouter les véritables erreurs de copie. Le 11 d'une date de naissance, recopié trop vite dans l'acte de mariage, peut devenir un 1 et, comme il est facile d'oublier un chiffre, on peut aussi oublier des lettres; c'est ainsi que dans les tables de relevés faits par année à la fin de chaque registre, j'ai constaté avec quelque surprise que dans les années 1850, François s'était marié avec Germain... qui devait être Germaine car on était encore loin de penser qu'il faudrait un jour modifier la loi sur le mariage.

Au chapitre des inattentions, il arrive parfois aussi que le nom du fils soit mis à la place du père. Venu déclarer par exemple le décès de son père, voilà qu'il se trouve lui même décédé. Cela parait invraisemblable mais si le fils en question est analphabète, il ne se rendra pas compte de l'erreur; quant au maire et encore plus au soi disant témoin qui signent sûrement après coup en faisant confiance au secrétaire, ils ne relisent sûrement pas l'acte et le tour est joué: des maux de tête assurés pour le descendant de la famille qui deux cents ans plus tard essaiera de comprendre les filiations entre ses ancêtres.

En 1811, le 4 avril exactement, le maire Cyr Vaysse, officier de santé dont l'écriture difficile est particulièrement reconnaissable a carrément oublié dans un acte de naissance le nom du père qui venait devant lui faire sa déclaration. Il devait écrire tellement vite que la formule « par devant moi est comparu un tel » a sauté. On se retrouve seulement avec « a présenté un enfant de lui déclarant». Heureusement il avait inscrit le nom de famille du bébé dans la marge et indiqué comme il se doit celui de la légitime épouse, mais on peut se demander si l'acte était bien valable.

 Ce qui arrive lorsqu'on pense à autre chose: 

Mais la perle des perles, c'est l'acte que vous allez découvrir ci-dessous daté du 7 janvier 1819. Au delà du triste événement qu'il nous apprend, le décès d'un enfant en bas âge, une petite Margueritte,(c'est encore une façon originale d'écrire le prénom) ce qui a attiré mon attention en feuilletant le registre, c'est que ses deux parents étaient inconnus, c'était donc pour employer l'expression consacrée, un enfant trouvé. Il n'est pas rare de rencontrer des actes de naissance d'enfants nés de père inconnu. La déclaration est alors faite par le grand père maternel, à défaut par deux voisins et parfois par la sage-femme du village.

Les enfants trouvés ne sont pas fort heureusement nombreux dans les registres de Caramany et je n'en ai rencontré que trois à ce jour. Pour d'eux d'entre eux, il est mentionné que l'enfant a été confié à l'hôpital civil de Perpignan puis mis en nourrice à Caramany dans la famille X. Ils ne sont donc pas du village. Cette mention n'est pas présente pour la petite Margueritte. Mais ce qui fait de ce document la perle des perles , c'est qu'emporté par son élan ou tout entier focalisé par sa fonction, le rédacteur de l'acte a inscrit fille de père et de Maire inconnus et pas une fois mais deux, dans l'acte et dans la marge. Tout en rappelant qu'à l'époque le maire ne pouvait être qu'un homme, je laisse à chacun le soin de faire ses propres commentaires.

En 1819, la commune ne disposait plus de secrétaire de mairie. Le maire était Dominique Fourcade et il y a des similitudes entre l'acte et sa signature. Il y a donc de fortes chances qu'il soit l'auteur de la plus grosse perle de l'état civil de Caramany.

acte intégral

Sources:

  • archives municipales et départementales: registres de l'état civil