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Le leptoglossus arrive à Caramany

Leptoglossus occidentalisC’est en arrosant une plante qu’à la fin de l’été 2011 je remarque, sur la partie latérale du pot, une espèce de punaise qui diffère suffisamment de celle que j'avais vues jusqu'alors à Caramany, pour m'interpeller. Animé par ce qui est devenu un réflexe, je me vis déjà inscrire cette bestiole dans la liste de mes trouvailles entomologiques carmagnoles. Je pris donc une photographie que j’archivais parmi la multitude de celles réalisées durant l’été en espérant, peut-être, avoir la chance d’identifier ce spécimen et, pourquoi pas, lui trouver quelque particularité susceptible d’attirer l’attention. Car, enfin, restons sérieux…  je ne saurais, sans contrepartie de sa part, offrir à une vulgaire punaise et relativement à sa condition, l’aura médiatique que lui confère son apparition sur notre site !

Punaise "américaine"

Lorsque je consultais mes fichiers d’images, j’identifiais assez aisément cette punaise comme étant un leptoglossus occidentalis. Nom qui, dans mon esprit, évoquait davantage un animal préhistorique qu’un insecte domestique. Un brève recherche étymologique me permit avant tout de reconstituer son appellation de manière plus intelligible. En effet, en grec ancien, leptos veut dire « mince ou petit » et glossa signifie littéralement « la langue ». Autrement dit, je pourrais l’appeler « petite langue d’occident », sans vraiment trahir son nom de classification, totalement justifié si l’on se réfère à la finesse de l'extrémité de sa tête et de son appareil buccal. Et pourtant, une des caractéristiques de cet insecte est justement de dévorer certaines essences végétales au point de devenir un dangereux prédateur pour ces dernières.

Une fois encore la nature carmagnole ne me décevait pas et cette punaise méritait bien que je lui consacre ici quelques lignes.

Je retrouvais un article de 2008 dans un fascicule où il m’apparut que cette punaise, originaire d’Amérique du nord, était qualifiée de « nouvel envahisseur ». J’en appris un peu plus et découvrit que cet insecte ne fut signalé en France qu’à partir de 2005, date où on le trouva en Haute-Corse. Dès lors, et compte tenu de sa prolifération sur le territoire américain, il semble peu probable qu’il se comporte autrement dans notre pays. Découvert en Californie, en 1910, par un certain Heidemann, le leptoglossus occidentalis, également nommé « punaise américaine » ou « punaise des pins » est longtemps resté dans l’ouest américain avant de se propager d’abord vers le Mexique puis le Canada et ensuite sur tout le territoire de Etats-Unis. Plus tard, vers 1999, il fait son apparition en Italie, probablement introduit par bateau à l’occasion de transports de marchandises. Il se répand ensuite vers la Suisse, la Slovénie, la Croatie, la Hongrie, l'Autriche et République tchèque. Outre cette expansion, des introductions accidentelles ont été signalées, comme par exemple dans ce chargement de bois de planches de chêne, en provenance des Etats-Unis, débarqué au port du Havre en 2006.

Leptoglossus occidentalis

Leptoglossus ravageur

Chez les forestiers américains, le leptoglossus occidentalis est considéré comme un ravageur de conifères, affublé du qualificatif de "peste". Après avoir hiberné l’adulte réapparait en mai/juin. Les œuf pondus par les femelles éclosent en une dizaine de jours. Les premières larves se nourrissent en piquant les plus jeunes aiguilles des résineux. Cet insecte traverse cinq stades distincts durant son évolution et, à chaque fois, il s’attaque à une partie différente de la plante. Vers la mi-Aout, la métamorphose a lieu qui voit naître alors un insecte adulte en état de se reproduire.

Actuellement en France, les inquiétudes se portent sur la forêt landaise, dont les essences correspondent à celle que l’insecte affectionne le plus. Cette punaise est facile à identifier (voir image) en particulier grâce aux zig-zag qui apparaissent sur ses hémiélytres ainsi qu’à ses pattes postérieures dont les fémurs portent des épines et dont les tibias possèdent des renflements nommés expansions foliacées médianes . Mais son caractère prédateur est aussi susceptible de porter préjudice à tous les résineux présents sur son passage dans notre territoire méridional. Alors, pour une fois, si vous veniez à en écraser un, je ne vous ferai aucun reproche.

Pour conclure, on peut dire que cet insecte est une parfaite illustration des conséquences que peut avoir toute introduction d’espèce, dans un milieux où cette dernière n’aurait pas suivi une évolution naturelle. Evidemment, on doit, à ce titre, s’interroger sur les espèces (animales ou végétales) que certains, qui se qualifient eux-même d'amoureux ou de défenseurs de la nature, prennent le risque d’introduire, alors qu’elle avaient disparues, fut-ce en raison de la présence des hommes. Je suis personnellement incapable de trancher sur ce délicat sujet, je ne peux cependant taire mon inquiétude, lorsque je vois des "apprentis sorciers" prêts à tous les excès pour mener à bien ces réintroductions.

Je recommande vivement la visite du site "aramel" dont voici le lien, à tous les curieux d'entomologie :

Lien: http://aramel.free.fr

Photos: Philippe Garcelon