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Les années en 9: de 1799 à 1889

L'entretien des anciens chemins et la construction de nouvelles voies de communication permettant aux charrettes de circuler (quel progrès!), le développement de l'instruction d'abord en ayant une école (de garçons, c'était sous entendu) puis en construisant l'école des filles ont vraiment été les deux gros projets qui ont accaparé les élus dans la deuxième moitié du siècle. Le premier était d'une évidente nécessité de par les enjeux économiques et la sortie de l'isolement de chaque commune, le deuxième, l'instruction, a surtout avancé par la volonté de l’État qui a imposé ses décisions. 

1799 : A l'instar des précédentes, l'année 1799 est absente des registres.

Après quelques recherches aux Archives départementales, l'absence de délibérations de 1795 à 1800 est enfin expliquée. Et cette absence s'avère normale. La constitution de l'an III, votée par la Convention, prévoyait en effet que les communes de moins de 5 000 habitants seraient regroupées au sein d'une municipalité de canton. Chaque commune y serait représentée par un adjoint et un agent municipal. Il n'y a donc plus de maire à Caramaing, ni de Conseil général durant cette période. Le poste d'agent municipal a été successivement tenu par Cir Vaysse, Michel Surre, Jean-Baptiste Laforgue. Mais, fait remarquable, durant les deux premières années, c'était la longueur du mandat avant renouvellement, le président de la municipalité du canton de Latour de France sera Charles Chauvet, ex- maire qui a dû laisser son écharpe carmagnole en 1795 et qui la retrouvera dès la suppression de ces municipalités de canton, le 28 pluviôse an VIII, soit le 17 février 1800. Nous avons là encore une preuve que la notoriété de la famille Chauvet allait bien au delà des limites communales. 

1809: Une affaire d'importance : l'entretien des chemins vicinaux

date : le 20 juillet 1809

maire : Cir Vaysse 

C'est la seule délibération de l'année mais elle a son importance, à la fois pour la vie de la commune et comme document d'archive qui dresse la liste des chemins et met en évidence la difficulté, en l'absence d'une route digne de ce nom, de maintenir la communication avec les villages alentour.

Sur réquisition de Monsieur le Préfet, le Conseil désigne un expert, en la personne de Jean Bedos Bichère fils, « pour procéder sans délai avec Jean-Pierre Estève, conseiller, et le maire ou son adjoint, à la vérification des journées nécessaires pour les réparations et entretiens nécessaires des chemins vicinaux et du pont en bois sur la rivière l'Agly, pour du tout en dresser un état détaillé. »

Il faut croire que Jean Bedos est particulièrement efficace puisque l'état est rédigé et signé dès le 23 juillet. Difficile de penser qu'il n'était pas préparé d'avance. En voici la liste :

 

  1. au chemin des Planes et mouillère gran qui conduit à Bélesta et Montalba : 20 journées

  2. au chemin de Ginouarde qui conduit à Cassagnes: 15

  3. au chemin de Balderbe qui conduit à Trévilhach: 30

  4. au chemin des Soulas qui conduit à Trilha: 20

  5. au chemin du moulin qui conduit à Ansignan: 63

  6. au chemin de Saint Paul qui conduit à Lansac: 12

  7. au chemin de terrobou qui conduit à Raziguières: 40

  8. au chemin de saud del bibié qui conduit au Régathieu: 23

  9. pour le pont en bois sur la rivière de l'Agly : 40 

    soit 263 journées. Le prix de la journée étant fixé à 1 franc 25 c, la dépense prévisionnelle s'élève à 328 francs 75 c, que le Conseil porte à 404 francs en ajoutant l'achat de matériel et le salaire de l'expert, qui sera aussi nommé commissaire pour surveiller les travaux.

    remarque : Ces chemins, pour la plupart existent toujours. Ils sont à charge de la commune qui s'efforce de les entretenir sur près de 50 km, et sont fréquentés par les propriétaires fonciers, les chasseurs, les randonneurs et autres utilisateurs de nos espaces naturels. 

1819 : Quand on reparle des biens communaux !

Date : 30 août

maire : Dominique Fourcade 

C'est pour se mettre en conformité avec une ordonnance royale que Dominique Fourcade fait rédiger une attestation de criée publique qui vaut la peine d'être reproduite dans son intégralité, ne serait-ce que pour l'originalité de son orthographe :

« L'an Mil huit cent Dix neuf Et le trantiéme jour du mois d’août, Nous Dominique Fourcade maire de la commune de Caramany Canton de Latour département des Pirenées oriantales, Avons publie Sur la place publique et affiché apprés avoir fait une crié publique, le dimanche, Vingt neuf, Lordonance Royale du vingt te trois juin Consernant les Biens communaux usurpés, Nous avons dréssé le presant Proces verbeaux le jour Mois Et en que dessus. »

De quoi s'agit-il ? Avant la Révolution, les biens communaux représentaient cette partie du territoire qui n'étant pas l'objet d'actes de propriété privée, était réputée commune à tous les habitants : les chemins, les haies, les taillis, certains bois. Mais le seigneur possédait juridiquement un droit sur la totalité du territoire, ce qui a certainement été la cause de nombreux contentieux par la suite. A la création des communes, les biens communaux passent aux mains des municipalités qui sont chargées par la loi du 10 juin 1793 de les partager entre les habitants, ce qui a généré en France une foule d'abus. Avec le retour de la royauté, Louis XVIII, veut remettre un peu d'ordre et promulgue donc cette fameuse ordonnance du 23 juin 1819 qui oblige chaque détenteur de biens communaux à déclarer ceux dont il jouit sans droit ni autorisation dans un délai de trois mois, afin de régulariser sa situation par l'achat.

En ce qui concerne Caramany, rappelons qu'en 1812, l'héritier du dernier seigneur, Mathieu de Mauléon-Narbonne de Nébias revendiquait encore le bois de Balderbe, alors que la municipalité affirmait que c'était, depuis un temps immémorial, un terrain communal, indispensable à la survie des pauvres habitants du village . 

1829 : Le franchissement de l'Agly est vraiment un gros problème.

Date : 27 septembre

maire : Jean Montferrand 

Cette très longue délibération dont l'objectif est de créer un impôt supplémentaire de deux journées par habitant pour l'entretien des chemins vicinaux (encore) accorde une grande place à la rivière et révèle même des éléments historiques sur les efforts réalisés de tout temps pour la franchir.

« ...Considérant qu'un des obstacles qui nuisent le plus à la communication du Roussillon et du Conflent avec le Languedoc par saint Paul et Caudiès est le passage de la rivière de l'Agly près du moulin à farine de Caramany, ... qui la plupart des saisons, grossit par les eaux pluviales ou par la fonte des neiges de haute montagne et la rend impraticable, mais qu'il y aurait moyen d'y construire un pont, attendu qu'il existe encore près du moulin susmentionné une pille en pierre de taille batie sur le milieu de la rivière, ainsi que les deux arcs boutants dont l'un au midy de la rivière et l'autre au nord, et qu'il ne faudrait qu'une autre pille pour pouvoir rétablir l'ancien pont Construit aux frais de la province ou de l'évêque d'Alet qui en avait apprécié l'importance... La communication du Roussillon et Conflent par Ille et Saint Paul serait rétablie et les vins, fruits, huiles et laine auraient un plus haut prix, par la communication de ces deux villes, et les marchands de bestiaux seraient plus à portée des grands bourgs ou villages ou enfin des villes où ils se rendent pour fournir aux diverses boucheries du Roussillon et du Conflent. Mais pour parvenir à ce but, la commune de Caramany est sans ressource et ses habitants dans la plus affreuse misère, vivant la plus grande partie de dévastation et de l'écorce qu'ils font (?), cependant si le Gouvernement venait à leur secours... ils s'efforceraient de fournir un plus grand nombre de journées soit pour faire la chaux ou fournir les manouvriers. »

Remarque : On retrouve dans cette délibération à la fois les arguments économiques destinés à justifier les travaux, la description de la misère du village qui, elle, justifie le fait de ne pouvoir les financer. A noter que la pile et les arcs boutants dont il est question étaient toujours visibles jusqu'en 1994, année de remplissage du lac. On sait donc maintenant que c'est bien avant la Révolution que le premier pont avait été construit. Emporté par les eaux (mais à quelle date ?) il a été remplacé par une passerelle en bois qu'il fallait renforcer souvent.

1839: Les gardes champêtres ne restent pas longtemps en poste.

date 11 avril

maire : Jean Bedos Marquet 

M. le Maire informe le Conseil de la démission du sieur Sabrazès François, garde champêtre, et ajoute qu'il est urgent de pourvoir à son remplacement « pour arrêter les projets des malfaiteurs qui dans cette circonstance ravagent les campagnes et occasionnent les plus grand dégâts. »

Devant ce constat alarmant, dont on peut penser, à moins que la commune ne soit livrée à la délinquance qu'il est un peu exagéré, le Conseil s'empresse de nommer Pujol Jean « lequel il croit probre, zélé et capable de remplir cette fonction. »

Jean Pujol ne restera qu'un an en poste puisqu'il met fin lui aussi à ses fonctions le 9 avril 1840. Peut-être que la rémunération de garde ne correspondait pas tout à fait aux exigences du travail quotidien et aux ennuis qu'il devait engendrer ? 

1849: Il faut se mettre en conformité avec la loi sur l'instruction primaire.

Date : 13 août

maire : Jean Estève dit Peyrot 

« M le maire a exposé qu'aux termes de la loi sur l'instruction primaire art 12, il doit être fourni à tout instituteur un local convenablement disposé tant pour lui servir d'habitation que pour recevoir les élèves. Il propose au conseil de faire l'acquisition d'une portion de maison appartenant à M. Ferreol, propriétaire à Perpignan et dont le Sr Chauvet Louis, percepteur à Millas, a la jouissance.

Le conseil approuve l'achat pour un montant de 1500 francs, ordonne des réparations pour un montant de 372 f 40 et décide (on pourrait dire comme d'habitude), de pourvoir aux dépenses par une imposition extraordinaire. A cet effet M. le Maire fait appeler les plus forts imposés pour doubler le conseil, conformément à l’article 42 de la loi du 18 juillet 1837 sur l’addition municipale, ce qui nous permet de les connaître : les sieurs Bedos Jean Marquet (ancien maire) Sabineu Michel ( futur maire), Vignaud Jean, Vignaud Joseph (ancien maire), Delonca Jean de Michel, Estève Jean- Pierre, Lacour Jean-Pierre, Calvet Martin, Foussat Barthélémi, Pons Antoine, Richard Barthélémi, Barilles Thomas (maçon) et Delonca Jean de la Solde. 

1859: On n'accède pas encore jusqu'à Ille en charrette.

Date : 18 mai

maire : Michel Sabineu 

Les progrès sont lents en matière de communication, mais il y en a quand même puisque ce jour-là M. le Maire constate que les charrettes peuvent librement circuler sur le chemin d’intérêt commun n°17 d'Estagel à Vinça et sur le n°21 d'Ille à SaintPaul sur toute la longueur du territoire de Caramany, Cassagnes et Bélesta. Par contre la partie du n°21 qui comprend toute la longueur du territoire d'Ille n'est pas encore ouverte, ce qui est bien à regretter par suite des relations continuelles d'affaires qu'ont avec cette dernière les dites communes de Caramany, Bélesta et Cassagnes.

Le conseil reconnaissant qu'il est de toute urgence et très avantageux pour un très grand nombre de communes que le dit chemin arrive jusqu’à Ille qui est un centre d'affaires, supplie M. le Préfet de faire droit à sa demande. 

1869: En plein dans le grand projet de construction du chemin communal n° 9

date : de février à décembre

maire : Pierre Lacourt 

Si un sujet occupe les pages de l'année 1869 sur le registre de délibérations, c'est bien la construction du chemin vicinal de grande communication de Rabouillet à Vingrau. Pas moins de 8 délibérations traitent de ce sujet. L'enjeu est énorme puisqu'il s'agit d'avoir un chemin carrossable en lieu et place des sentiers muletiers qui relient les villages entre eux.

Le 29 avril, par exemple, le maire fait part de l'arrêté de M. le Préfet pour soumettre à une enquête administrative le projet de construction pour le redressement du CV n°9 entre le chemin de Lansac et le territoire de Cassagnes. Il dépose le plan de l'état parcellaire des terrains. Ce plan n'est pas joint à la délibération. A défaut de le trouver, on peut penser qu'il s'agit en rive gauche de la partie de la route qui récupérait le chemin de Lansac vers le lieu où l'on traverse l'Agly et qui partait ver Rasiguères et donc vers Vingrau.

Certains propriétaires se montrant réticents, le Conseil devra utiliser l'arme utile de l’expropriation dans l'intérêt public. Il faudra beaucoup de temps et d’énergie pour aboutir aux routes départementales que nous connaissons aujourd'hui. 

1879: Après l'école de garçons, voici celle des filles

Date : 9 février

maire : Eugène Tresseres. 

Trente après, c'est un peu le scénario de l'école de garçons qui se rejoue. M. le Maire rappelle que la commune doit disposer d'une maison d'école pour les filles.
Le conseil, considérant qu'il est très difficile, impossible même de trouver à affermer dans la localité une maison réunissant les conditions voulues, décide en principe et à l’unanimité d'en construire une. Il y a quand même un grand Mais. « La commune ne disposant d'aucune ressource, elle prie M. le Préfet de vouloir bien demander à l'Etat la subvention totale que nécessite la dite construction ».

Cela ressemble drôlement à un retour à l'envoyeur, et ce n'est pas cette année là, encore que les filles auront leur école. La délibération aura une suite assez rapide. Le 28 février, le conseiller de préfecture demande au conseil de désigner un architecte pour dresser les plans et devis de la future construction. Le conseil désignera donc M. Pierre Canredon, instituteur public et prévoira l'achat d'une parcelle appartenant à Jean-Pierre Montferrand pour construire l'école, certainement sur le lieu où elle est aujourd'hui. 

1889 : Déjà 100 ans que se sont ouverts les Etats généraux !

date : 28 avril

maire : Nicolas Dabat 

Sur une demande ministérielle, avec laquelle le Conseil « se trouve en parfaite communion » il décide, « considérant que la Constituante en proclamant la liberté et l'égalité de tous les citoyens devant la loi a formé la France nouvelle et qu'elle a droit à l'admiration et à la reconnaissance publique, de voter la somme de cent francs pour donner à la fête du centenaire tout l'éclat possible et désirable ».

Nos élus n'en perdent pas pour autant le nord puisqu'ils ajoutent : « Reconnaissant cependant que cette somme sera insuffisante, il prie M. le Préfet de vouloir bien accorder à la commune un secours qui lui permettra de célébrer la fête avec tout le brillant que désire le Conseil qui en cette circonstance a fait un suprême effort et dont M. le Préfet voudra bien lui tenir compte. »

 

source :

  • Archives communales : registres de délibérations 

photos :

1: le chemin du moulin qui conduit à Ansignan. Photo prise en 2008, année de sécheresse. B. Caillens

2: Extrait des registres de délibérations. Archives municipales

3: La pile de l'ancien pont en rive gauche avant la construction du barrage.  N. Cardona

4: La plaque du chemin de grande communication n°9 sur une façade d'Ansignan. B. Caillens

5 et miniature: L'ouverture des Etats généraux, le 5 mai 1789