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Le Figuier

 Lors des journées du Patrimoine, Serge, Monique et moi-même avons présenté quelques espèces communes de Caramany et nous nous sommes intéressés au figuier.

Nous connaissons tous le figuier, cependant, derrière ce fruit anodin se cache une sexualité originale et complexe.
En tant que fruit, la figue est un faux fruit, c'est un réceptacle charnu tapissé de petites graines (les vrais fruits) enveloppées de pulpe. C'est une mûre (le mûrier et le figuier appartiennent à la même famille des Moracées) à l'envers, encore appelé sycone (Voir schéma ci-dessous).

Avez-vous déjà vu une fleur de figuier ? Non...

Mais, il n'y a pas de fruit qui ne provienne d'une fleur. Donc, la figue est (avant maturité) une urne de fleurs rudimentaires mâles ou femelles, pourvue d'une ouverture nommée l'ostiole. Ainsi, tout semble être en place pour la fécondation, fleurs femelles, fleurs mâles autour de l'ostiole, il suffirait que le pollen tombe sur le stigmate...

Hélas, non... Car la particularité des fleurs unisexuées de la figue, c'est que leur maturité sexuelle n'arrive pas à la même époque.

Trois poussées de figues se succèdent sur les figuiers sauvages ou caprifiguiers :

  • Au printemps, les urnes contiennent des fleurs femelles à style court, stériles et vers l'ostiole des fleurs mâles produisant du pollen.
  • En été, des fleurs femelles fertiles à style long.
  • En automne, des fleurs femelles à nouveau stériles, à style court.

La pollinisation et la fécondation seraient donc impossibles sans l'intervention d'un transporteur de pollen des figues de printemps vers celles de l'été.

Ce transporteur est un hyménoptère le Blastophaga psenes (ci-contre) : la femelle mesure 2 mm, elle est ailée et possède un ovipositeur lui permettant de pondre. Le mâle, sans aile, nu, et pourvu d'un organe surdimensionné, féconde la femelle puis reste prisonnier de la figue et meurt.
Le figuier ne peut être pollinisé que par le blastophage et le blastophage ne peut se reproduire en dehors de la figue. Il s'agit d'une symbiose. Chaque espèce de Ficus possède un pollinisateur spécifique, il y a donc autant d'espèces de cet insecte que d'espèces de Ficus.
Au printemps, les femelles blastophages pondent dans les fleurs stériles à style court (à la taille de l'ovipositeur) et y suscitent des galles. En sortent des insectes mâles et femelles qui s'accouplent aussitôt dans la figue. Les femelles de la nouvelle génération, en quittant la figue, reçoivent le pollen des fleurs mâles situées autour de l'orifice. Elles s'envolent, rentrent dans les figues d'été, là, la longueur du style les empêche de pondre mais la pollinisation est assurée et les fruits pourront mûrir. Il existe, chez le caprifiguier d'été quelques fleurs à style court ou le blastophage pourra pondre et une deuxième génération d'été ira parasiter les figues d'automne à style court, là, les larves passeront l'hiver avant de recommencer le cycle au printemps.


Il existe donc chez nous 2 sortes de figuiers :

- 1er type, qui élève des blastophages et qui libère des femelles porteuses de pollen, ses figues sont immangeables, on l'appelle caprifiguier.

- 2ème type, qui donne en fin d'été des figues comestibles contenant des graines, on l'appelle figuier domestique.

Donc 2 sortes de figues portées par 2 sortes d'arbres, les uns fonctionnellement mâles, les autres fonctionnellement femelles, même s'ils portent des fleurs des 2 sexes.

Chez la plupart des figuiers cultivés, les figues ne renferment que des fleurs femelles à style long et la fécondation naturelle est impossible. Ces arbres mûrissent par un phénomène de parthénocarpie (formation d'un fruit à partir d'une fleur en l'absence de fécondation des ovules, le résultat étant un fruit dépourvu de graines) et donnent 2 récoltes, la première en début d'été de figues parthénocarpiques, les figues-fleurs, l'autre en automne, des figues fécondées plus petites mais meilleures.

L'intervention du blastophage accélère la maturation et est indispensable chez certaines variétés non sujettes à la parthénocarpie. Les peuples de la Méditerranée savaient que le voisinage de caprifiguiers était indispensable au développement des figues domestiques. Pour cette raison, ils pratiquaient la caprification, en suspendant sur les arbres domestiques, des rameaux de caprifiguiers chargés de figues habitées d'insectes.

Ces lignes soulignent que les plantes les plus banales utilisent des mécanismes afin d'assurer leur survie ; nous citerons :

  • Accès à la lumière source d'énergie.
  • Adaptation au milieu limité de par leur immobilité
  • Protection contre les agresseurs.
  • Pollinisation...Fécondation...Dissémination et Germination.

Ces mécanismes suivent une logique évolutive et les stratégies adaptatives qui en résultent méritent toute notre attention.

 

 

Bibliographie :

- Stratégies végétales de Benoit Garrone/Article Capitou de l’Esterel/Le figuier par les Ecologistes de l’Euzière.

- Photoblastophage : https://www.altheaprovence.com/les-bienfaits-de-la-figue-et-du-figuier-pour-la-sante/