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Chauve-souris

Colonie de pipistrelles

Cette photographie prise par Ian Jewesbury, un sympathique anglais carmagnol d'adoption, nous fait découvrir une colonie de chauves-souris ayant élu domicile dans la cave de sa demeure. Bien que la posture de ces petits mammifères, ainsi agrippés aux poutres d’un plancher, nous soit familière, connaissons-nous vraiment cet animal dont la silhouette furtive sillonne le ciel de notre village les doux soirs d’été ?

Pour voler, les chauve-souris utilisent leurs « mains », ce qui explique leur appartenance à l’ordre des chiroptères (réunion des deux mots grecs kheir et pteron, signifiant respectivement main et aile).

Cet ordre est lui-même divisé en deux sous-ordres: Les microchiroptères, de petite taille qui comprennent près de 800 espèces (représentées en France par une trentaine d’espèces protégées depuis 1979) et les mégachiroptères (pouvant dépasser 1,50 mètre d’envergure !) qui comptent un peu plus de 150 espèces. On pourra déplorer que ces petits animaux exclusivement insectivores fassent aujourd'hui les frais de l’utilisation intensive des pesticides et insecticides par le monde agricole. L'épandage massif de ces substances occasionne en effet une raréfaction sensible de leurs ressources alimentaires. Les produits chimiques déversés par l’homme dans la nature ont donc pour conséquence un inexorable déclin de la population de chauves-souris.

Je profite de cette occasion pour pousser un « coup de gueule, et dire un grand "merci" à l'agrochimie, à ceux qui la servent et ceux qui en dépendent.Coupables d'introduire le chaos dans un écosystème où chaque maillon est tributaire de ses voisins. Ne voyez-vous pas que les intérêts qui gouvernent vos actes ne sont pas les votres ? Pourquoi continuez-vous donc à les défendre avec tant de ferveur ? N'avez-vous pas compris que vous êtes éphémères face au cours immuable d'une Nature intemporelle.

La pipistrelle:

Les spécimens présents sur la photographie de Ian Jewesbury ressemblent fort à des pipistrelles communes (Pipistrellus pipistrellus) de la famille des vespertilonidae qui sont les plus petites chauves-souris d’Europe.
Très répandues dans notre région, ces microchiroptères, n’en possèdent pas moins tout un arsenal de technologie embarquée d’une sophistication sans égale.
Ce petit animal dont le poids n’excède guère 7 à 8 grammes a su s’adapter à l’environnement nocturne en développant une capacité à voler et à chasser dans une totale obscurité. Cette faculté est basée sur l’usage d’un dispositif comparable au sonar des sous-marins.
La chauve souris est également le seul mammifère à pratiquer un vol actif. Les très rares autres mammifères capables de voler, comme l’écureuil volant (famille des anomaluridae) pratiquent quand à eux, un vol plané, grâce à une membrane (patagium) disposée entre leurs membres postérieurs et antérieurs.

sonarUn sonar performant:

Le sonar de la pipistrelle fonctionne à partir des cris ultrasoniques qu’elle émet et dont la fréquence se situe entre 42 000 et 50 000 vibrations par secondes. Ces sons totalement inaudibles à l’oreille humaine (dont la limite de perception plafonne aux alentours de 20 000 vibrations /sec) sont émis à une cadence qui peut atteindre 30 cris par seconde. Les multiples échos, renvoyés par les obstacles que rencontre la pipistrelle durant son vol, parviennent à ses oreilles surdimensionnées qui les transmettent à son cerveau par l’intermédiaire d’un système neuronal auditif particulièrement performant, lui autorisant  des corrections de trajectoire quasi instantanées. Ce système d’une efficacité redoutable permet à la chauve-souris de détecter la présence d’un insecte, simplement grâce aux échos restitués par ses battements d’ailes.
Cependant, la pipistrelle fait encore mieux: son sonar est capable d’interpréter ces échos qui,  comme tous les sons, sont soumis à l’effet Doppler (phénomène qui nous fait entendre les variations de tonalité d’une sirène d’ambulance qui s’approche puis s’éloigne),et lui permettent une localisation si précise des insectes qu’il lui suffit ensuite d’ouvrir sa gueule tout en volant pour les saisir. Il n’est pas rare qu’une pipistrelle consomme plus de 100 ou 200 petits lépidoptères par soirée.

D’autres mammifères utilisent également le principe du sonar, comme c’est le cas par exemple pour les dauphins.
Sur le schéma, on visualise le principe du sonar avec les sons émis par l'animal représentés en jaune et l’écho restitué par les divers obstacles rencontrés, représenté en rouge. Alors que la chauve-souris utilise ce dispositif depuis des dizaines de millions d’années, l’homme a attendu le XIXème siècle pour utiliser les ondes sonores, afin d’obtenir des informations sur des lieux qu’il ne pouvait voir. Ce n’est pourtant que vers les années 1950 qu’il parviendra à mettre au point et à développer des instruments d’écholocation comparables en matière de performances à ceux des chauves souris.
L’échographie que connaissent bien les futures mamans d’aujourd’hui procède du même principe, si ce n’est que le résultat des mesures est transcrit par des images.

Un métabolisme singulier:

Durant l’été elle constitue des réserves de graisses qui l’hiver venu, vont lui permettre de supporter les basses températures. Généralement les individus d’une même colonie se regroupent dans des lieux abrités et se serrent alors les uns contre les autres pour se tenir chaud. Lors du processus d’hibernation, leur température corporelle peut descendre de 38°C à seulement quelques degrés. Généralement leur corps se maintient à un ou deux degrés de plus que la température ambiante. De même, leurs pulsations cardiaques qui peuvent atteindre plus de 500 battements par minute durant le vol, descendent parfois à un ou deux battements à la minute, durant les périodes les plus froides de l'année.
Attention alors de ne pas déranger une chauve souris en hibernation; son cœur s’accélèrerait violemment au point de provoquer une fatale crise cardiaque.

Eole de Clément AderLa remontée des températures qui marque le printemps permet à la pipistrelle de sortir de son état d’hibernation. Elle commence à s’alimenter de nouveau et la femelle qui durant tout l’hiver a stocké le sperme du mâle dans une poche interne, va être fécondée par la rupture de la membrane du sac à sperme.
Une autre particularité de cet animal, réside dans la maîtrise de la croissance du bébé. Elle se fera au rythme de l’alimentation de la mère, afin de préserver au foetus toutes les chances d’un bon développement. Lorsque le bébé chauve-souris sort du ventre de sa mère, qui accouche la tête en bas, il doit s’agripper à elle pendant quelques jours avant de pouvoir prendre son premier envol. La mère pourvoit alors à l’alimentation du nouveau né en l’allaitant grâce à ses deux mamelles. Au bout de six à huit semaines la petite pipistrelle deviendra autonome.
On notera que durant cette période, la mère continue de sortir pour s’alimenter. Dans ce cas, elle confie son rejeton à une de ses congénères restée dans la colonie et qui fait alors temporairement office de « nounou ». Elle le reconnaitra dès son retour grâce à des marqueurs olfactifs.

La chauve souris, au-delà de son système de localisation digne des équipements militaires de pointe ou de son métabolisme si particulier est également l’animal qui a inspiré à l’homme l’idée qu’il était possible de voler.

La chauve et les inventeurs:

Le premier en date fut Léonard de Vinci qui nous a laissé de nombreux croquis de machines volantes qui s’inspirent du vol des oiseaux et de la chauve souris, notamment de l’articulation de ses membres antérieurs et des membranes de ses ailes.

La similitude est encore plus frappante lorsque l’ingénieur Clément Ader, considéré comme un des pères de l’aviation réalise entre 1890 et 1897, trois prototypes de machines volantes,  Eole, Zéphyr et Aquilon, dont les voilures sont directement inspirées des ailes de la chauve-souris.

Mythique chauve souris:

La chauve souris déjà digne du plus grand intérêt est également un animal mythique qui a engendré une multitude de croyances et alimenté bon nombre de superstitions.
Ainsi dés le début de notre ère les chinois la considéraient comme néfaste, bien qu’à partir du XVIIème siècle et jusqu’aux années 1900 des motifs architecturaux, textiles ou artistiques la font apparaitre comme illustrant le bonheur.

En Asie et en Inde, il est des régions où conserver sur soi un os de chauve souris permettrait d’éloigner le malheur.
Il n’en est pas de même dans le monde occidental, où cet animal possède une forte charge maléfique qui inspire la peur et la répulsion. Les romains le disaient apparenté au diable. Rien de surprenant donc à retrouver dans l’iconographie catholique ce dernier représenté avec des ailes de chauve-souris.

Jusqu’au début du siècle il n’était pas rare de voir des carcasses de chauves-souris clouées aux portes des granges qui comme nos « espanta bruixes » (voir article sur ce site), étaient sensées repousser les individus néfastes qui auraient l’idée de venir s’y installer.

Dentition de chauve-sourisParmi la multitude de croyances populaires attachées à la chauve souris on pourrait évoquer le pouvoir de redonner la vue aux aveugles ou de guérir la jaunisse. Mélangée à une boisson, la poudre de cœur séché de la chauve-souris rendait amoureux celui qui en buvait.

Vers le XVIème siècle la poudre de chauve-souris mélangée à du vinaigre aurait possédé des vertus curatives pour de nombreux maux. Egalement, lorsqu’elle se cognait au carreau d’une maison, elle y indiquait la mort prochaine d’un de ses occupants. Comment ne pas citer les vampires assoiffés de sang, incarnés par le Comte Dracula dont les nous histoires donnent encore des frissons.

Les vampires ont copieusement alimenté le cinéma d’horreur et répandu l'hémoglobine sur des kilomètres de pellicule mais, fort heureusement dès 1939, il y eut aussi aux Etats-Unis un personnage de bande dessinée nommé "Batman" (bat signifie chauve souris en anglais) qui sous l’aspect d’un vampire devint un sauveur, un protecteur des faibles et un redresseur de torts.
Enfin! pourrais-je dire, le personnage de "Batman" devenu planétaire contribue, à sa manière, à graver rune image positive de la chauve-souris, tout en perpétrant il est vrai la dimension mythique rattachée à cet animal.

Source d'inspiration:

Pour clore cet article, je ne mentionnerai pas les artistes les plus connus que la chauve souris a inspirés et qui vont de Jean de La Fontaine "la chauve-souris et les deux belettes" à Robert Desnos qui la considère comme "le masque de l'ombre" en passant par le chanteur contemporain Thomas Fersen qui lui fait bizarrement "aimer un parapluie",  mais je citerai plus modestement un court poème intitulé " chauves-souris ", issu d’un recueil, couronné par l'académie française et publié par un poète aujourd’hui disparu, Raymond Mialaret, que j’ai eu la chance de compter parmi mes amis et qui a su me transmettre son amour immodéré pour la Nature.


CHAUVES-SOURIS

Vespertillons et pipistrelles.
Dans l’or du soir virant sans bruit
Par la navette de leurs ailes
Tissent les crêpes de la nuit.

Le regard à peine les suit ;
Déjà les ombres s’amoncellent ;
Vespertillons et pipistrelles
Volettent dans le soir sans bruit.

Virevoltant d’un même zèle,
Sans heurts, sans trêve, sans déduit,
Au vent du sort qui nous conduit
Nous tramons nos heures mortelles,
… Vespertillons et pipistrelles !