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Les années en 8 : de 1898 à 1998 (2)

Les années en 8 ne semblent pas porter chance à la république : 1918, 1958, 1968 et … 2018 sont difficiles. Loin de la capitale, le village poursuit ses avancées vers le progrès. A la fin du siècle, avec la mise en eau du barrage, il pense aux retombées économiques du tourisme.

1898 : La rentrée scolaire sera difficile !

date : le 2 octobre

maire : Nicolas Dabat

Fait assez rare : l'intitulé de la délibération inscrit dans la marge ne comporte qu'un seul mot lui aussi utilisé rarement « Institutrice »
« M. le Maire expose au conseil municipal que par suite de plaintes nombreuses et fondées des pères de famille, il fit depuis déjà cinq mois, des démarches auprès de M. le Préfet pour obtenir le déplacement ou la mise à la retraite de Mme Vignaud, institutrice communale. » Ces démarches ont entrainé la venue de l'Inspecteur primaire, qui a constaté « la désertion de l’école des filles », et sa promesse de comprendre Mme Vignaud dans le mouvement qui devait précéder la rentrée. Comme Mme Vignaud n'est pas comprise dans ce mouvement, (procédure qui permet de nommer les enseignants sur les postes disponibles), il invite le conseil à émettre son avis sur la situation. Le conseil appuie bien sûr son maire et n'y va pas par quatre chemins. M. le Préfet « est prié instamment de faire ce qui sera utile pour amener le déplacement ou la mise à la retraite de Mme Vignaud dans un délai aussi rapproché que possible, et comme en l'état, il ne peut assumer la responsabilité des événements qui peuvent être la conséquence du maintien de Mme Vignaud , il décide à l'unanimité de donner la démission collective, si M. le préfet ne lui donne pas une réponse rassurante. »

Remarque : On ne trouve pas souvent dans les registres cette menace de démission collective. Il faut donc que le sujet soit grave. La délibération ne précise pas les raisons qui ont conduit les pères de famille à se plaindre de madame Vignaud au cours de l’année scolaire précédente alors qu'elle est en poste à Caramany depuis septembre 1880 à la suite de son mariage avec François Vignaud.
La réponse se trouve dans le premier article de notre revue de presse avec l'extrait de l’encyclopédie contemporaine du 31 mars 1911. Dans ce texte consacré à son mari, il est dit à propos de madame Vignaud née Marie Castel et originaire de Thuir : « La jeune femme qui avait déjà mérité de hautes récompenses dans l'enseignement aurait certainement obtenu de grands succès dans sa carrière si la maladie ne fut venue la terrasser et l'obliger à demander sa retraite proportionnelle. » Il semble donc établi que ce ne sont pas des problèmes de compétence mais plutôt des absences non remplacées qui ont entrainé ces nombreuses plaintes et la peur de les voir se répéter qui explique cette réaction musclée du conseil.

1908 : On se plaint déjà de l'éloignement des services publics.

date : le 2 août

maire : Nicolas Dabat

Étonnante en ce début de siècle cette protestation contre la suppression du Bureau d'enregistrement, nous l’appellerions maintenant la perception, de Latour de France. Le conseil vient d'être alerté par son homologue du chef lieu de canton sur la décision du Ministère des finances de déplacer son bureau à Saint Paul ou à Rivesaltes. Les élus demandent bien sûr le maintien du dit bureau pour les motifs suivants :

1° Leurs relations avec le chef-lieu de canton concernant leurs affaires personnelles devant notaire, justice de paix, huissier, ou commerciales leur permettent le plus souvent, sans frais ni perte de temps, de remplir les formalités dont ils peuvent avoir besoin au Bureau de l'enregistrement.
2° La distance qui sépare Caramany de Saint-Paul est supérieure de 4 km à celle qui sépare Caramany de Latour.

Remarque : Un siècle après, il y a belle lurette qu'il n’y a plus à Latour de juge de paix, d’huissier et de commerces, mais il est vrai aussi que nous ne nous déplaçons plus en charrette.

1918 : La guerre, encore et toujours !

Date : 18 août

maire : Paul Gély-Fort mobilisé est remplacé par l'adjoint Justin Lacourt qui a réintégré son foyer.

Deux conseils seulement en cette dernière année de guerre. L'un, le 5 juin, pour voter le compte administratif et le budget, c'est le minimum pour maintenir un semblant d'administration communale. L'autre, le 18 août, où l'on a réglé tout le reste : imposition extraordinaire pour payer le garde-champêtre, emploi de l’excédent 2017 sur les chemins vicinaux et préparation du bail à ferme des boues et immondices.
Comme en 1917, le Conseil est réduit à quatre : Justin Lacourt, Olivier Lacourt, Jean-Baptiste Estève, le doyen qui a assuré l'intérim les premières années de guerre, et Michel Pratx.

1928 : Un grand projet arrive à son terme : l'électrification du village

date : le 27 avril

maire : Paul Gély-Fort

Depuis son retour du front, le maire Paul Gély-Fort poursuit ses efforts pour amener à Caramany la fée électricité. En ce mois d'avril tout est prêt. Le Génie rural dépendant du Ministère de l’Agriculture a élaboré le projet pour un montant de 71 000 francs, somme énorme pour l'époque, les subventions sont demandées, la totalité des ressources à la charge de la commune sont couvertes par des souscriptions volontaires des habitants, mais l'Etat n'a pas donné sa réponse. Les élus en ont assez de patienter ; alors « considérant que cette amélioration est instamment réclamée par la population qui s'impose un lourd sacrifice en souscrivant à fonds perdus, considérant que l’exécution immédiate du projet améliorera les conditions d'existence d'une laborieuse population rurale et permettra notamment de doter la cave coopérative d'un outillage perfectionné avant les vendanges prochaines » ils demandent que l'administration supérieure autorise exceptionnellement l’exécution du projet sous réserve de l'allocation ultérieure des subventions de l’Etat.
Cette délibération sera suivie de plusieurs autres : le 30 mai, le Conseil adopte le cahier des charges de la Société Escoffier, ce qui permet de demander à M le Préfet par lettre du 7 juin, la concession de la redistribution d'énergie. Le 25 juin, au lendemain de l'enquête menée par M. Vidal, maire de Bélesta et commissaire enquêteur, le Conseil approuve entièrement le projet et demande encore que les travaux soient exécutés sans retard.

1938 : Attention danger pour les élèves de l'école des filles.

date : le 29 septembre, à dix-huit heures

maire : Paul Gély-Fort, chevalier de la légion d'honneur

Monsieur le Maire expose que le plancher de l'école de filles est en mauvais état, que le parquet ainsi que les chevrons sont dans un état de délabrement si prononcé qu'il importe de toute nécessité de faire un plancher neuf. A noter que Monsieur l'Inspecteur primaire en a fait la remarque lors de sa dernière inspection. Du devis dressé par M. l'Ingénieur du service vicinal, il résulte que la réparation nécessite une dépense de 6 000 francs. La commune ne disposant que de 3 000 francs pour entretien des bâtiments, le Conseil décide au vu de l'urgence de demander une subvention de 3 000 francs au Conseil général.

1948: Il faut détruire les animaux nuisibles à l'agriculture.

date: le 31 mars

maire : Clément Caillens

On pourrait penser qu'il s'agit des sangliers ! Et bien non, il y a 70 ans, ce sont les lapins qui sont la cause « des plaintes formulées par de nombreux propriétaires devant l'importance des dégâts dans les vignes, sur plusieurs points du territoire. » Il y a donc urgence à organiser des battues municipales.
C'est d'autant plus facile que pratiquement tous les propriétaires sont aussi chasseurs. La première battue est fixée pour le 4 avril ; elle sera dirigée par le maire et effectuée sous le contrôle de la gendarmerie.
Comme « elle n'a pas assuré la destruction d'un nombre suffisants d'animaux », deux autres dates sont retenues par arrêté municipal les 11 et 18 avril. Jeannot lapin n'a qu'à bien se tenir et les laborieuses ménagères se préparer à élaborer de nombreux civets.


1958: La République est en danger !

date : le 30 mai

maire : Clément Caillens

René CotyLes motions sont si rares dans nos registres qu'il serait dommage de ne pas les citer.
« Réuni en session extraordinaire en raison de la gravité de la situation, le Conseil municipal
assure Monsieur le Président de la République de son attachement à la République, à l'unité nationale, à la légalité républicaine et s'engage à ne jamais reconnaître une décision prise par un régime illégal et imposé à une parcelle du pays. »

Informations complémentaires: En 1958, sous la présidence de René Coty, la République en pleine crise doit faire face à la guerre d'Algérie. Depuis le 15 avril, il n'y a plus de gouvernement et cette vacance du pouvoir est mise à profit par un groupe d'officiers généraux pour organiser le 13 mai le coup d'état d'Alger, destiné à imposer le maintien dans la République de l'Algérie.

Des militants de l'Algérie française attaquent le gouvernement général et s'en emparent. Le général Massu commandant la 10ème division parachutiste demande un gouvernement de salut public. Dans ces conditions la municipalité de Caramany, sans doute sollicitée, apporte son soutien à la République, la situation justifiant bien les mots d'unité, de légalité ou de régime illégal.

Deux jours après le vote de cette motion, le président Coty confiait l'exécutif au général De Gaulle en le nommant président du Conseil.


1968: Le réseau d'éclairage public a déjà 40 ans (voir 1928)

Date : le 10 juin

maire : Clément Caillens

Les années passent vite et les avancées technologiques sont de plus en plus rapides. Les fils torsadés, les boutons en porcelaine dans les habitations, la tension en 110 et les énormes potences extérieures ne sont plus d'actualité. M. le Maire appelle donc l'attention spéciale de l'assemblée sur l'utilité et la nécessité de procéder à la réfection du système d'éclairage public qui ne répond plus au besoin de la population.
Le Conseil, vu le mauvais état de la ligne électrique approuve bien entendu et sollicite le concours du Génie rural pour l'étude.

Remarque : Les travaux ne seront réalisées qu'en 1971 et nous feront passer du 110 au 220 avec obligation de faire aussi pas mal de travaux de mise aux normes dans nos maisons et de changer de nombreux appareils. C'est la rançon du progrès.


1978 : Création des services techniques

date : mai

maire : Éloi Tresseres

Difficile de penser aujourd'hui que le village pouvait fonctionner sans agent technique. Et pourtant ce fut le cas jusqu'en 1978. Certes, le personnel communal existait : le maire avait un secrétaire et la commune rémunérait un tambour-afficheur, un chargé de l'horloge et, depuis dix ans, (voir les années en 7) un contrat de gré à gré avait été passé avec M. René Vidal pour ramasser les ordures ménagères.

A l'occasion, il assurait aussi le transport des défunts jusqu'au cimetière. Mais pas d'agent d'entretien pour les chemins ruraux, ce sont les propriétaires qui s'organisaient avant les vendanges pour les remettre en état, personne non plus pour nettoyer la voirie, tâche assurée par les ménagères, personne pour l'entretien des bâtiments confié aux artisans du village.

Le Conseil municipal franchit donc le pas et crée à compter du 1er juin un poste d'ouvrier d'entretien de la voie publique. Ce poste sera confié à M. Emmanuel Filquerra qui démissionnera de ses fonctions de conseiller municipal pour pouvoir l'assumer. Très rapidement un magnifique tracteur sera mis à sa disposition.

 

1988 : Le clocher se modernise.

date : le 16 novembre

maire : Edgar Ubert

Deux devis avaient été demandés : l'un pour refaire l'électrification des cloches, l'autre pour électrification avec installation d'une horloge de commande électrique.

Grâce à un don de 10 000 francs de la paroisse, le Conseil adopte le deuxième projet présenté par la société Bodet pour un montant de 25 489,27 francs.

Désormais, l'horloge se mettra à l'heure toute seule et les sonneries se déclencheront en appuyant sur un simple boîtier.

Remarque : C'est toujours l'entreprise Bodet qui détient le contrat de maintenance du clocher et assure le contrôle annuel de ses installations.

1998: On pense encore et toujours à un proche aménagement touristique.

date : le 30 mars

maire : Edgar Ubert

Depuis 4 ans, le barrage de Caramany est devenu une réalité et son lac s'étire sur 7 km sous le village. Un gros oubli « volontaire » a été fait, celui de l'aménagement touristique que la municipalité tente de faire avancer.
Pour préparer un projet touristique qui, au gré des nombreuses et inutiles études, s'est déplacé du Plan des vignes au site de l'Horto, M. le Maire propose de faire l'acquisition des terrains entre la cave coopérative et le pont sur l'Agly. Le projet prévoit :
– un plan d'eau de de 5000 m2
– une plage de sable
– une aire de repos avec tables, bancs, emplacement de grillades
– trois terrains de boules
– un parking
– un terrain de tennis
– un bâtiment avec local technique, douches et wc
– un centre nautique côté nord
– un centre nautique scolaire côte sud
– un point info accueil et des espaces ombragés.


Le 25 mai le Conseil fixe le prix d'achat des terrains après avis des domaines. 26 propriétaires sur 27 accepteront les propositions d'achat et le 2 novembre le Conseil municipal autorise l'acquisition par expropriation.

Remarque : Au vu de la situation des terrains vingt ans après, certaines parcelles n'ont pas été achetées, mais cette décision a permis de créer une réserve foncière qui, espérons le, va pouvoir être enfin utilisée sous peu.

Source :

  • Archives municipales – registres de délibérations

Photos:

miniature et photo 1: l'installation électrique de 1928

2: le président René Coty (source site du Sénat)

3: Le premier tracteur communal: au volant l'adjoint Edgar Ubert, devant le nouvel employé municipal Emmanuel Filquerra.

4: La grande cloche et ses inscriptions. On distingue bien la date 1844.