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Les années en 8: de 1798 à 1888 (1)

 

1798 : A l'instar des précédentes, l'année 1798 est absente des registres.

Maire : Caramany n'a toujours pas de maire cette année-là. Les registres d'état-civil sont signés par Vaysse (Cir) faisant fonction d'officier public, puis par le secrétaire Joseph Grand qui rédige en lieu et place de Michel Surre, agent municipal illettré. 

1808: Un règlement de l'arrosage s'avère nécessaire.

date : le 15 mai 1808

maire : Cir Vaysse 

Ce jour-là Monsieur le Maire préside une assemblée composée des élus et des propriétaires "arrosants". Il prend un ton très solennel pour exposer un grave problème : « Messieurs, vous nignores pas que depuis longtemps l'arrosage de cette commune a été le sujet de disputes les plus extraordinaires, Laudacieux a toujours fait trembler Lhomme tranquille et timide; car le dernier a vu périr sa récolte dans le temps que le premier a arrosé quelque fois par dépit. Il serait très juste de metre fin a toutes ses inimitiés en faisant le règlement que j'ay l'honneur de vous proposer cy après. »

Suivent plusieurs articles qui instaurent une imposition de 200 francs pour les réparations aux canaux d'irrigation et des tours de rôle, par exemple « le mardy et le samedy l'eau appartiendra aux jardins pour arroser les jeunes plants, chacun à son tour en commençant une fois par la source et une seconde fois à la fin de l'arrosable ». On apprend aussi l'existence d'une fontaine dont la mémoire semble avoir perdu la trace « l'eau venant de la fontaine d'en Casse de la bieille appartiendra aux Soulas et al Reg del Lhusens dessa et dela, de 6 h du matin aux 6 heures du soir, le reste du jour et de la nuit l'eau appartiendra au pla comme aux terrains plus conséquents. »

Remarque : L'eau est un problème majeur puisque la quasi totalité des Carmagnols vit de ses cultures. Le territoire est bien desservi par les petits cours d'eau et de nombreuses sources mais, au siècle précédent, la population et les surfaces cultivables, ont considérablement augmenté et les terres arrosables sont particulièrement recherchées. 

1818 : Régularisons le troupeau de chèvres communal .

Date : 23 février

maire : Dominique Fourcade 

M le Maire expose à l'assemblée qu'il convient de ne pas se mettre en opposition avec les arrêtés de Monsieur le Préfet sur la prohibition de la dépaissance des chèvres. Pour cela, il convient de déclarer l'existence d'un troupeau commun, d'en déterminer le nombre et les quartiers où il puisse prendre sa dépaissance sans nuire aux plantations.

Le Conseil « est davis que la formation d'un troupeaux commun des chèvres dans cette commune peut être considérai sous plusieurs rapports d'un grand avantage, notament que le produit du laitage est un secours indispensable dans Mille occations et devient une Resource pour la classe moins ésé qui a besoin du rapprochement avec le Roussillon, en tire un party avantageux et nous procure soit par sa veante ou celle des chevreaux un revenu qui lui sert à leur procurer une partie de sa nourriture ; qu'il résulte d'une vérification faite que le teroir de cette commune fort montagneux dont la surface renferme une étandue considérable de terres vaines et vagues et propres à la dépaissance des chèvres ; que cette dépaissance peut être notament prisse sens le moindre obstacle sur les cartiés du casic, Mont mort, le nerait, la Bécède, La clote, virgille et La fount de Lhomme, d'une contenance ensemble de huit cent cinquante septérées ; que un troupeau composé de deux cents chèvres peut abondamment cy nourrir ; que ce nombre comparé à celui des habitants de cette commune peut permettre à chaque chef de famille de tenir deux chèvres, base de répartition.... »

Note complémentaire : Cette délibération est à mettre en relation avec la suivante. Le bois de Balderbe, certainement soumis en 1818 au Code forestier, n'est pas cité. Mais les documents montrent que le troupeau de chèvres s'y rendait, d'où des conflits avec l’administration et le souhait en 1828 de voir ce bois sortir du régime forestier. 

1828 : La commune pourrait-elle disparaître ? Oui selon le conseil municipal.

Date : 2 novembre

maire : Jean Montferrand 

C'est la première fois que je n'ai pas eu à choisir puisque l'année 1828 ne comporte que cette seule délibération. Avant, c'est un grand vide depuis le 2 novembre 1827. L'administration municipale semble avoir du mal à fonctionner mais le sujet du jour était sensible et urgent à traiter.

Monsieur le Préfet, souhaite que le bois de Balderbe soit maintenu dans le code forestier. J'ai déjà eu l'occasion d'exprimer l'intérêt que ce bois représentait pour les habitants qui, après l'avoir récupéré des mains de leur ancien seigneur veulent rester maîtres chez eux et ne pas supporter des contraintes de l'administration d’État. Tous les arguments sont bons pour dissuader monsieur le Préfet de poursuivre son funeste projet.  D'abord, ce n'est pas un bois, juste quelques chênes verts extrêmement petits et d'autres arbres de mauvaise qualité ; comme il n'est pas exploitable, il sert à la dépaissance des troupeaux qui sont d'une absolue nécessité, car le village comprend une grande quantité de pauvres, plus des trois quarts de la population. Sans ses bêtes à laines, le territoire sera à l'abandon. La conclusion vaut son pesant d'or puisque le Conseil municipal agite le spectre de la ruine et même de la disparition du village. « Considérant que ce que la commune pourrait gagner dans le temps par quelques coupes de bois serait un très médiocre avantage lequel peut être mis en parallèle avec le danger inéminent et certain de la disparition des familles pauvres et la ruine de celles qui ont un peu d'aisance... » le Conseil, on l'aura compris, demande que le bois ne soit pas maintenu sous le régime forestier et implore « ce Magistrat qu'il daigne prendre une décision conforme et conserver une commune dont la ruine et peut-être la disparition entière serait l'effet d'une mesure contraire. » 

1838: Une nuit d'hiver très agitée :

date 18 mars

maire : Jean Bedos Marquet

Ce n'est pas une délibération que l'on peut lire... sur le registre de délibérations mais un procès verbal de police. Ce texte a sa propre histoire : il a été transcrit sur deux pages face à face mais la première a été rayée (Par qui? Pourquoi?) à grands traits d'encre noire qui la rendent indéchiffrable, la deuxième a été oubliée (ou sauvée in extremis) ce qui permet de reconstituer l'affaire.

 

Dans la maison commune, à vingt minutes du matin (sic), Joseph Bedos vraisemblablement tiré de son lit, reçoit quatre témoins Michel Calvet et  François Delonca, (ce sont leurs dépositions qui sont barrées) Jean Chambeu et Jean-Marie Estève, le garde champêtre. Sont également présents le mis en cause, Antoine Montferrand, étroitement surveillé par François Sabrazès, Pascal Bedos et Michel Bedos. Cela fait beaucoup de monde dans la mairie en cette heure très matinale. Car l'affaire est grave et ne va pas manquer de créer un certain émoi lorsqu'elle va se répandre dans les ruelles carmagnoles.

A une heure indéterminée de la nuit, peut-être en partant très tôt au travail puisqu'ils étaient accompagnés de leurs montures, Michel Calvet et son compère François Delonca sont passés devant la cave de Gabriel Dabat, maréchal à forge de son état, et ont entendu du bruit à l'intérieur. « S'y étant approchés, ils ont constaté que la porte était à demi ouverte et qu'on entendait du vin couler. » Alors que François Delonca court prévenir le propriétaire, Michel Calvet se "saisit" de la porte et attend leur arrivée. Avant d'intervenir, Gabriel Dabat décide d'aller requérir le garde champêtre. Mais dans cette intervalle, Antoine Montferrand, car c'est bien lui qui est coincé à l'intérieur, cherche à s'échapper. Le dit Calvet s'en saisit et entend le délinquant le menacer de son couteau. Il crie au secours, ce qui réveille un voisin Jean Chambeu et entraîne l'intervention de François Delonca. A eux deux, ils renversent Jean Montferrand à terre et ce dernier les prie de le laisser s'échapper en leur disant qu'il leur donnerait quelque chose, ce que bien sûr ils ne font pas. Sur ces entrefaites, arrive Jean Chambeu. D'après son témoignage, il a entendu crier au secours trois ou quatre fois, a reconnu la voix de Michel Calvet, s'est donc levé subitement et a couru en chemise de nuit, vers le lieu d'où venaient les cris. Il a trouvé Calvet et Dabat maintenant à terre Montferrand. Entrent ensuite en scène Gabriel Dabat et le garde Jean Marie Estève. Le représentant de la loi constate, lui aussi, que Michel Calvet et François Delonca tiennent à terre Montferrand, de surcroît attaché par une corde. Avec les témoins et le propriétaire, il fait ensuite la visite de la cave et « rencontre un outtre avec environ un décalitre de vin, un antonnoir, un panier, un avresaq, une fausse clef à la porte et le tonaux qui n'était pas bien fermé, le vin coulant par terre ». Du procès verbal, on peut déduire logiquement qu'après avoir fait les constatations, les intervenants ont emmené Montferrant à la mairie après avoir alerté le maire et trouvé du renfort pour le garder.

Jean Bedos, premier magistrat, entend donc le propriétaire, sa déposition est illisible, puis les témoins. Il demande ensuite à Montferrand si les objets décrits par le garde lui appartenaient mais celui-ci répond négativement. Pourtant, au moins pour la clef il n'y a pas de doute, puisque pendant qu'il était gardé à la maison commune, ses gardiens et le garde champêtre l'ont entendu dire que la clef était à lui.

Le maire demande ensuite au délinquant s'il n'a rien à déclarer sur la déposition des témoins. Celui-ci répond qu'il le dirait au tribunal. Une suite a donc être dû donnée en justice entraînant peut-être une incarcération. Un indice semble conforter cette hypothèse. Le 12 novembre suivant, le décès de sa mère Jeanne Calas est déclaré, chose rare, par sa belle fille Marie Vaysse et son petit-fils Damien. De toute évidence Antoine Montferrand, à qui aurait dû revenir cette tâche, est absent de Caramany.

Remarques : Si vous suivez régulièrement cette rubrique le nom de Montferrand ne vous est pas inconnu. Antoine, né en 1784 est arrivé à Caramany en 1785 avec sa mère dans les bagages du curé Jean Damien Montferrand qui a donné du fil à retordre à de nombreuses municipalités. Deux de ses neveux Jean et Antoine précisément se sont faits remarquer pour des chapardages dans leur jeune âge. Le maire Charles Chauvet, dans une lettre à charge contre le curé et sa belle sœur écrivait le 28 fructidor an II (14 septembre 1794) qu' « elle avait trois enfants dont deux s'occupent à porter dommage aux propriétés ». Que s'est-il passé dans la tête d'Antoine Montferrand qui, en 1838 avait 54 ans et se trouvait père d'une famille nombreuse de dix enfants pour aller soutirer à un de ses concitoyens quelques litres de vin ?

Et s'il fallait encore prouver que l'histoire de la dynastie des Montferrand était plus que singulière, j'ajouterais qu'Antoine s'était marié en 1806 avec Marie Antoinette Vaysse, fille du maire Cir Vaysse, officier de santé, qui comme tous ses collègues élus avait eu de sérieux accrochages avec le curé Montferrand et que l'autre neveu Jean, son frère, accusé de violation de domicile et de menaces de mort sur la personne du maire Louis Chauvet en 1815, a été maire de 1826 à 1830 et de 1843 à 1846 ; il semble d'ailleurs avoir été évincé de sa charge (une recherche est en cours) au moment de la construction du clocher.

 

1848: L'histoire du clocher

Date : 15 novembre

maire : Jean Estève dit Peyrot 

Les pages les plus marquantes de l'année 1848 ne sont pas encore une fois celles d'une délibération mais d'un document intitulé « Notice sur le clocher de Caramany ». Il a été écrit par le secrétaire de mairie et instituteur Auguste Azais qui a souhaité que cette construction, dont de toute évidence il était fier comme la majorité du village, entre dans l'Histoire. C'est réussi puisque grâce à lui, nous connaissons tous les détails de cette grande œuvre collective, ce qui rend notre attachement à notre clocher encore plus fort.

Je ne reproduis pas la notice que vous retrouverez en lisant dans cette rubrique :

Histoire du clocher, texte rédigé en 1998 pour les 150 ans de l'édifice

François Bria, curé de Caramany, texte rédigé en 2009, l'année de création de ce site. 

1858 : Certains propriétaires abusent.

Date : 10 janvier

maire : Raymond Estève 

Le problème posé au conseil municipal ce jour-là est celui de l'utilisation des vacants communaux. M. le Maire expose à l'assemblée qu'on voit « certains propriétaires s'approprier quelques parcelles de vacants communaux et en jouir au détriment du restant de la communauté. » Le conseil soucieux de mettre fin à ces abus décide :

« 1°que les défrichements (non autorisés) soient poursuivis par qui de droit

2° que ceux qui existent soient frappés d'une contribution, les terres étant divisées en trois classes de valeur sur la base respectivement de 15 centimes, 10 centimes et 5 centimes l'are

….....

9° que les défrichements faits sur les "carrerades" qui empêchent le passage des troupeaux pour se rendre soit sur les propriétés soit sur les vacants communaux devront être totalement abandonnées. »

Notes complémentaires : Cette contribution existe toujours, mais la superficie mise à disposition diminue régulièrement. Elle génère actuellement une recette annuelle de moins de 500 €.

Vous pouvez lire (ou relire) au début de cette rubrique Histoire un article sur les carrerades. Il s'intitule Terre de transhumance. 

1868: Il faut économiser (déjà!) la ressource en eau.

date : le 1er juillet

maire : Pierre Lacourt 

Pour illustrer cette année-là, c'est un arrêté que j'ai retenu :

« Le maire de la commune de Caramany, canton de Latour de France, premier arrondissement du département des Pyrénées Orientales, considérant qu'il est urgent dans l'intérêt de la salubrité publique d'empêcher toute corruption ou altération des fontaines et des sources, arrête :

Article 1er : Il est expressément défendu, à compter de ce jour, de blanchir le linge depuis la propriété, lieu dit le Coumil de Delonca Jean-Pierre Bragardet, ou du ruisseau qui est entre la pièce dudit Delonca Bragardet et celle de Pierre Roger jusqu'au dessous de l'abreuvoir.

Art. 2 : Il est défendu de laver des abatis d'animaux ou autres choses qui pourraient corrompre l'eau au des us et tout près de l'abreuvoir

Art. 3 : Vu la grande stérilité d'eau dans la localité, notamment depuis le 1er juin jusqu'au 15 octobre, il est également défendu de puiser et d'emporter l'eau avec des comportes ou chaudrons des puits et des fontaines publiques qui sont dans l'intérieur de la commune.

Art. 4 : Toutes personnes qui contreviendront au présent arrêté, après qu'il aura été approuvé par Monsieur le Préfet, seront poursuivies en matière de police et condamnés à l'amende, suivant les lois.

Le présent arrêté sera lu, publié et affiché dans la commune pour que personne n'en prétende cause d'ignorance. 

1878: La revanche de 1876

Date : 21 janvier

maire : François Vaysse en début de séance, François Delonca Lachau en fin. 

Nous avions vu dans les années en 6 que l'élection du maire et de l'adjoint avait été difficile. François Vaysse se présentant contre le maire Raymond Estève lui avait ravi son poste au bénéfice de l'âge, François Delonca Lachau, apparemment du côté d'Estève prenant le poste d'adjoint.

En 1878 ont lieu, les 6 et 13 janvier des élections municipales qui remettent en présence les mêmes protagonistes. Les membres élus au nombre de 12 sont convoqués le 21 janvier à 6 heures du soir pour élire le maire et l'adjoint. Se retrouvent donc en séance selon l'ordre du tableau des élections :

1 Dabat Nicolas

2 Tisseyre Michel

3 Gely Pierre fort

4 Delonca François Bragardet

5 Estève Raymond

6 Lacourt Joseph Mouné

7 Delonca François Lachau

8 Solatges Justin

9 Vaysse François

10 Tresseres Eugène

11 Sabrazès Jean-Pierre

12 Joulia Paul

Le maire en fonction (voir note) installe le conseil et cède la présidence à François Delonca Lachau doyen d'âge. François Vaysse est candidat. Il gagnera donc toujours au bénéfice de l'âge si Raymond Estève pose lui aussi sa candidature. C'est donc François Delonca Lachau qui le fait. Le scrutin donne 6 voix à François Vaysse et 6 voix à François Delonca Lachau. Et ce dernier sera élu au bénéfice de l'âge.

Rebelote pour l'élection de l'adjoint : 6 voix François Vaysse qui ne lâche pas et 6 voix à Joseph Lacourt Mouné. François Vaysse est élu au bénéfice de l'âge. Le bureau exécutif, maire adjoint, de 1876 est donc reconduit mais avec des fonctions inversées. Le conseil semble vraiment coupé en deux et on est en droit de se demander comment va se passer cette cohabitation.

Elle ne durera pas très longtemps puisque François Delonca ne reste maire que quelques mois ; en novembre de la même année François Vaysse signe les actes en tant que maire par intérim

Note complémentaire : On ne sait plus très bien qui est maire. Elu en 1876, François Vaysse l'est resté, d'après les actes, jusqu'aux élections de 1878. Pourtant dans la délibération du 21 janvier certainement préparée à l'avance, comme c'était l'habitude, le secrétaire a écrit que c'est Raymond Estève, donc l'ancien maire, qui a installé le nouveau conseil. Ce ne peut être qu'une erreur que personne n'a relevée et qui est bien la preuve de la confusion qui semble régner au sein de la mairie. 

1888 : Nomination de la commission scolaire

date : 17 juin à quatre heures du soir

maire : Nicolas Dabat 

La loi du 28 mars 1882 sur l'enseignement primaire obligatoire, communément appelée loi Jules Ferry avait institué « la création dans chaque commune d'une commission scolaire pour surveiller et encourager la fréquentation de écoles », et d'une caisse des écoles. A Caramany, la première commission scolaire a été mise en place dès le 7 mai 1882.

Elle doit comprendre 4 membres du conseil municipal. En 1888 sont élus par leurs pairs : Jean Sabineu, Edmond Delonca, François Delonca et Eugène Armingaud.

Source:

  • archives municipales. registres de délibérations.

Photos:

1 et miniature: Le sceau de la mairie avec les trois fleurs de lys, pendant les années de royauté

2, 3 et 5: extraits des registres de délibérations

4: source et pompe de la fontaine del llong del rec. cliché Thierry Daudigny