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Un nom difficile à écrire

 A partir du règne de Louis XIV jusqu'en 1815 environ2, la manière officielle d'écrire le nom de notre village, obligation d'employer la langue française oblige, était Caramaing. N'oublions pas que la prononciation à prendre en compte n'est pas celle que nous utilisons aujourd'hui [caramani] qui est en fait l'orthographe catalane prononcée à la française, mais celle qu'utilise encore les derniers locuteurs en langue occitane [carmaɲ (prononcer carmagn)]. La terminaison française ing avait donc pour ambition de traduire le son [gn] que l'on entend à la fin.

Et c'est là que le problème commence car les orthographes sont presque aussi nombreuses que les curés les employant. On constate d'ailleurs rapidement que c'est ce fameux son [gn] qui leur pose problème. Il faut dire que ces messieurs les recteurs étaient dans leurs petites paroisses pratiquement les seuls à savoir lire et écrire et que les registres n'étaient pratiquement utilisés que par eux.

Carmain 1719

Un nom au choix!

Voici donc au hasard de mes pérégrinations dans les registres des villages voisins, quelques façons, parfois originales d'écrire Caramany :

Carmain :

C'est le choix du curé de Tarérach, dans un acte du 2 décembre 1782. « décès subito et improvisa de Julien Pujol, cordonnier de Carmain. »

Caramain :

acte du 8 février 1739 dans le registre de Trévillach rédigé par le recteur Lazeu.

 en 1735, le curé de Latour, Chabaud écrit dans un acte de mariage « Jean-Pierre Alari , meunier de Caramain. »

Carmaing :

acte du 20 juin 1743, dans le registre d'Ansignan, auteur Jean Darnaud, prêtre ;

acte de mariage de l'année 1770, par maître Chevez, prêtre, curé de Trilla

 

Caramainy 1740

 Dans le registre d'Ansignan (document ci-dessus), figure un acte du 26 avril 1740 rédigé par le recteur Darnaud et concernant le baptême de Jacques Raspaud. Il fait état de la marraine Dame Gabrielle de Carmaing et de la présence comme témoin de Messire Jean de Carmaing. Tous deux ont pourtant signé  "de Caramaing" mais cela n'a guère troublé le recteur Darnaud.

Caramaign:

Le 20 mai 1709, le curé Molinat de Cassaignes cite dans un acte le Sieur Chauvet de Caramaign.

Caraigman :

Le 30 janvier 1741, le curé Mately de Raziguières rédige l'acte de mariage de Dominique Richard de Caraigman.

Caramainy :

En 1772, dans le registre de Tarérach, à l'occasion du mariage Vignaud/Gazé.

Carmaijn :

C'est la tournure originale choisi par le recteur Morer de Montalba le château dans un acte de mariage du 9 février 1762 unissant Jean Géli de la paroisse de carmaijn et Anne Mousquet de montalba.

Caraman :

Le 11 novembre 1720, à Le Vivier, maître Aubouy, prêtre, a peut-être écrit trop vite.

Craman :

La palme revient au recteur Boubé de Raziguières qui écrit en 1703, puis encore en 1706 Craman.

Devant la difficulté, compte tenu de sa prononciation, d'écrire le nom de cette paroisse voisine, on peut trouver quelques excuses à ces membres du clergé. Mais il y a encore plus étonnant :

En 1692, un certain Espazeil, commis pourtant préposé à la délivrance des registres légaux ne se donne même pas la peine de vérifier le nom des paroisses qui sont sous sa juridiction et écrit Carman (document ci-dessous)

Et que dire du curé Molinat, recteur de Caramaing, qui écrit en haut d'une page de son propre  registre Carmain (photo du haut) ?

La liste est certainement loin d'être close mais elle nous montre bien le peu de rigueur que l'on avait sous l'ancien régime pour l'écriture des noms propres.

Carman 1692

L'origine crée le surnom.

Le nom des paroisses ou du pays servait parfois aussi à nommer dans une communauté quelqu'un qui venait d'ailleurs, un étranger en quelque sorte. C'est ainsi qu'à Caramany, en 1743 est décédée une Marie Catalane, que dans les années 1880 on pouvait rencontrer Rose Espagnole ou bien la famille Joulia Maurinat, ce qui signifie que l'un des ancêtres venait de Mauri, et qu'une certaine Marie Vignaud était appelée Vignaud Cassagnole pour la différencier de Marie Vignaud née Gandou.

A l'inverse, le 16 septembre 1690 est décédée à Cassaignes, Jean Pelicier de la carmagnolle. C'est un bien joli nom et une façon bien de chez nous de désigner le fils dont la maman était de Caramany, qui nous rappelle le fameux Jean de Florette de Marcel Pagnol.

Notes :

  1. rubrique Histoire
  2. le registre paroissial le plus ancien actuellement déposé aux Archives départementales débute en l'année 1655.

Sources :

  • registres paroissiaux de Caramaing, Cassaignes, Raziguières, Trilha, Trébillac, Montalba, Latour du diocèse d'Alet, Tarerac du diocèse d'Elne en Roussillon : Archives départementales.