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Rencontre inattendue avec Françoise Serre Collet.

Partis à la nuit tombée en direction « Peyro d’arco » nous avons, ce soir-là, l’intention de photographier les reflets du village dans les eaux du lac de Caramany.
Françoise Serre ColletLa pleine lune alors à l’aplomb de Cassagnes suffit à nous éclairer.
Arrivés au voisinage des jardins, nous sommes interpelés par quelques lumières furtives provenant du mur d’enceinte du cimetière. Comme nous ne croyons pas aux fantômes, nous nous approchons de la source lumineuse. C’est alors que nous rencontrons une jeune fille et une dame équipées de lampes frontales. Toutes deux scrutent attentivement le mur et ses interstices. La dame se présente en nous disant qu’elle est herpétologue (l’herpétologie est la branche de l’histoire naturelle qui traite des reptiles et des amphibiens) au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Elle achève ses observations et nous invite à la rejoindre sur l’espace où elle est installée. Immédiatement nous échangeons sur les différentes espèces de lézards et tarentes qui peuplent notre région. Elle nous parle de son métier qu’elle vit comme une passion, au point que le distingo entre vacances et travail est, pour elle, bien difficile à établir. Quelle chance, beaucoup voudraient pouvoir en dire autant.

Intarissable lorsqu’il s’agit de mettre son savoir à la portée des néophytes que nous sommes, Françoise Serre Collet nous offre, en cette soirée de fin d’été, une véritable petite conférence au cours de laquelle nous prenons la mesure de l’étendue de ses connaissances. Et oui, la chance nous a fait rencontrer ce que l’on appelle une "pointure" qui, en toute simplicité nous montre un des aspects de l’herpétologie.

Françoise Serre Collet est, chargée de médiation scientifique au sein du Département milieux et peuplements aquatiques du Muséum National d’Histoire Naturelle. Elle est membre de la société herpétologique de France et a collaboré à la rédaction du livre « Les grenouilles » (ed.Fleurus 2012).
Elle vient de publier « Sur la piste des reptiles et des amphibiens » (ed.Dunod/MNHN 2013), dans la collection « L’amateur de nature ». Lauréate de la Fondation Marcel-Bleustein-Blanchet pour la vocation (1992). Boursière de l’institut Mérieux, conférencière et photographe.

UshuaiaFrançoise serre Collet est également une figure médiatique, dès lors qu’il s’agit de parler des amphibiens dont elle a fait sa spécialité. Par exemple, elle a participé à des émissions de télévision comme « Ushuaia Nature » où, avec Nicolas Hulot, elle explore les sous-bois de la jungle Costa Ricaine.(DVD disponible dans le commerce).
Elle est présente sur France-Inter dans « Vivre avec les bêtes » où elle est invitée par Elisabeth de Fontenay et Allain Bougrain Dubourg.  On la retrouve également dans l’émission « La tête au carré » proposée par Mathieu Vidard. 
Françoise Serre-Collet, intervient également dans l'émission destinée aux enfants "les p'tits bateaux" sur France Inter le dimanche de 19h30 à 19h55.

Tandis que les échos des festivités du village parviennent jusqu’à nous en fond sonore, nous écoutons, attentifs, les explications de notre érudite herpétologue. Elle nous montre comment grâce à un diverticule qui nous serait passé totalement inaperçu, on différencie la rainette verte de la rainette méridionale ou encore en regardant à partir de quel niveau débute la palme des pattes d’une grenouille, on peut identifier son espèce avec précision. fujitaElle évoque les dommages relatifs à la présence des grenouilles rieuses (espèce exogène) et toutes les dérives génétiques que leur accouplement avec des espèces autochtones peuvent engendrer. Elle nous conseille vivement de ne pas manipuler ces animaux ou alors de se laver les mains systématiquement. Elle nous parle également de la salmonelle dont les tortues terrestres sont porteuses et des précautions qu’il convient de prendre lorsqu’on les manipule (Ici encore il convient sa laver soigneusement les mains ou simplement d'éviter de les manipuler) . Et oui, même notre petite "Fujita" (tortue d'Hermann) qui passe avec nous ses vacances d'été à Caramany, loin des pâquerettes qu'elle aime tant...
Françoise S.C. nous expose tant d’autres particularités relatives aux amphibiens que je regrette de ne pas avoir mon carnet pour pouvoir prendre de notes. Elle m’invite alors, avec un grand éclat de rire communicatif, à me référer à son dernier ouvrage dans lequel je trouverai bon nombre de réponses à mes interrogations. Je profite de l’occasion pour lui faire voir, sur ma galerie d’images, ce que j’avais identifié comme un crapaud calamite, croyant fermement avoir trouvé une perle rare. Elle ne put alors contenir un nouvel éclat de rire propre à réveiller en sursaut les campeurs qui dormaient dans le voisinage. J’avais en l’occurrence pris la vessie pour une lanterne. Minuit sonnait au clocher du Village et, à l’image du carrosse de Cendrillon, mon cher crapaud calamite se transforma subitement en une grenouille des plus communes.
La nuit est propice aux échanges et nous continuons à bavarder de manière plus large sur le bien-fondé des réintroductions d’espèces animales dans des milieux où elles avaient disparu. Sur ce sujet, j’ai la satisfaction de constater que nous partageons la même approche, que je qualifie de darwinienne. 

L’heure tournait et il fallait bien que nous laissions Françoise S.C. terminer ses observations. Nous prîmes donc congé de manière toute aussi conviviale que l’avait été cette soirée qui restera ancrée parmi nos meilleurs souvenirs de vacances.

Les images qui suivent ont été prises à Caramany (jardins du cimetière, jardins du village et bordure du lac, à l’exception des petits crapauds qui ont préféré le lieu-dit « Coudala » situé sur la rive opposée du lac.

lézard des sablesPsammodrome algire  «Psammodromus algirus»: (Merci à Gille Pottier qui m'a confirmé cette identification). Gille Pottier est auteur d'un guide sur les reptiles et les amphibiens en Midi-Pyrénées téléchargeable gratuitement ici

répartition du psammodrome algireCe lézard n'est bien implanté que sur quelques départements du Languedoc-Roussillon et dans une moindre mesure, celui du Tarn.
Caractérisé par de grandes écailles carénées sur le dos et deux bandes claires qui arrivent jusqu’à l’extrémité de sa queue, ce lézard peut atteindre 30 cm de long. Le mâle se reconnait à la commissure de ses lèvres qui est orangée. Il est territorial et peut se montrer agressif en période de reproduction. Très craintif et fouisseur, il est capable de s'enfoncer dans le sable pour échapper à un poursuivant. Il a la particularité d'émettre de petits cris aigus lorsqu'il est capturé.

Pour de plus amples informations sur les reptiles de la région Languedoc-Roussillon, je vous conseille également un excellent livre: "les amphibiens et les reptiles du Languedoc-Roussillon et régions limitrophes" par Philippe Geniez et Marc Cheylan Biotope Editions Publications scientifiques du Museum.(ISBN 10 : 2914817533, ISBN 13 : 9782914817530)

lézard ocelléLézard ocellé (ici un spécimen juvénile) « Timon lepidus »:
C’est le plus grand lézard d’Europe. Il est présent dans la quasi-totalité de la péninsule ibérique (Espagne et Portugal), en région de la Ligurie, à l’extrême nord-ouest de l’Italie et dans les régions méridionales de la France. En France, il se concentre sur le pourtour méditerranéen et les causses du Lot. Il peut atteindre 70 cm. Il est caractérisé par la présence de quatre à cinq ocelles bleus sur ses flancs. Très farouche, il n’est pas facile à observer. De nombreuses études ont montré que la dynamique des populations de Lézard ocellé dépendait de la présence d’habitat favorable comme par exemple des terriers de lapins ou de mulots, des souches, de vieilles dalles de béton, anciens murets, tas de branchages au sol, etc... Actif essentiellement le jour, il s’expose souvent au soleil non loin de son gîte. Sa maturité sexuelle est atteinte à 2 ans. Les accouplements ont lieu de fin avril à juin, le mâle reste alors plusieurs jours à proximité de celle avec laquelle il vient de se reproduire cela s'appelle le "mate guarding" il garde la femelle afin que celle ci ne se reproduise pas avec un autre mâle ! (ceci est également valable pour le lézard vert, présenté ci-dessous). La ponte (5 à 24 œufs) est déposée dans un nid creusé dans un sol meuble certainement de nuit. L’éclosion a lieu 70 à 95 jours après. Les jeunes restent la première année à proximité de leur lieu de naissance. En France, les densités varient entre 2,9 et 8 individus à l’hectare . C’est un insectivore qui peut consommer des fruits une période de l’année.
Il fait partie des sept espèces de reptiles menacées d’extinction et figure sur la Liste Rouge des vertébrés menacés en France.

Lézard vert occidental « Lacerta bilineata »:
Ce gros lézard qui peut atteindre 40cm s’expose au Soleil dans des zones  dégagées, il ne dédaigne pas pour autant les zones riches en végétation ou il chasse des insectes, d’autres petits lézards, larves, araignées et lombrics, voire même des fruits. Il peut occasionnellement grimper dans des buissons pour se nourrir d’œufs d’oiseaux. Durant la saison des amours, on observe des combats entre les mâles adultes pouvant entrainer de graves blessures et même la mort de l’adversaire. L’espérance de vie de ce lézard est d’une quinzaine d’années.

lézard des muraillesLézard des murailles  « Podarcis muralis »:
C’est un animal diurne qui se réfugie dans un terrier ou dans les fissures et autres anfractuosités. Il régule sa température par des séances d’exposition au Soleil. Sa taille maximale n’excède pas 19 à 20 cm. Comme les autres reptiles, il effectue des mues, mais contrairement aux serpents dont les mues sont complètes, celles du lézard se font par plaques. Lorsqu’il est en danger, sa queue peut se détacher. Le morceau de queue continue de s’agiter pour distraire son prédateur (souvent un chat) tandis qu’il s’est déjà mis à l’abri. 

A ce propos, je ne saurais trop conseiller de STERILISER LES CHATS  ET DE LEUR METTRE UN COLLIER AVEC UNE OU PLUSIEURS CLOCHETTES ! car un chat bien nourri peut tuer en moyenne 60 proies à lui tout seul en une année: c'est un véritable fléau pour la petite faune...et oui !

On pourra noter l'existence du Podarcis liolepis ou lézard Catalan, difficile à distinguer du lézard des murailles et qui se caractérise de ce dernier par une plaque massétérique pas ou peu différentiée, une tête plus aplatie et un museau plus long et plus pointu.

tarente de Maurétanie

Tarente de Maurétanie ou tarente du midi « Tarentola mauritanica ": Ce lézard petit et trapu est caractérisé entre autre par sa tête aplatie et ses grands yeux aux pupilles verticales dépourvus de paupière. Il possède de nombreux tubercules et épines. C'est une espèce liée aux milieux rocheux mais qui peut aussi être anthropophile, voire citadine. Nocturne et crépusculaire, dans nos villages (comme en ville) elle vit à proximité des sources de lumière qui attirent les insectes dont elle se nourrit. La tarente est capable de grimper sur des parois verticales lisses (verre) grâce à ses lamelles digitales adhésives.

rainetteRainette méridionale: "Hyla meridionalis"Elle est active principalement la nuit, ce qui n'empêche pas de la voir évoluer aussi le jour. Contrairement à la rainette verte, Elle se déplace plus facilement à terre que dans les arbres. On la trouve généralement à moins de 600 m d'altitude, dans des milieux plutôt ensoleillés et dont la température annuelle est supérieure à 12 degrés. On les retrouve souvent dans des mares temporaires à proximité du littoral. On peut noter que "hyla meridionalis" est une des seules espèces d'amphibiens urbanisée en Europe. En effet elle affectionne les jardins, les petits réservoirs et même les terrasses de nos maisons. Elle s'accommode d'une eau de mauvaise qualité. La rainette méridionale atteint au maximum 6.5 cm de long et peut vivre jusqu'à 6 à 7 ans . Elle se nourrit de fourmis, mouches et autres petits insectes. Sa reproduction a lieu de mars à mai, l'accouplement s'effectue la nuit. Le mâle s'agrippe au dos de la femelle et quand cette dernière se déplace il ne la lâche pas mais lève seulement ses pattes arrières qui trainent. Lorsque débute la ponte, le mâle presse le ventre de la femelle pour l'aider à pondre. Une fois les oeufs expulsés le mâle les fertilise avant de les emporter et de les attacher à des tiges, branches, ou même un morceau d'herbe aquatique.

grenouille

Grenouille : "Pelophylax sp". 
Françoise Serre-Collet nous fait remarquer que pour les grenouilles vertes, il est particulièrement difficile, sur photos, de déterminer l'espèce exacte: c'est ce qu'on appelle "le complexe des grenouilles vertes".Dans notre région, la grenouille rieuse se reproduit avec la grenouille de Perez et forme un hybride la grenouille de graf. En fait, les identifications ne peuvent être réellement déterminées qu'avec une étude génétique.

Crapaud commun " Bufo bufo". Ici on peut voir un grande quantité de crapauds juvéniles trouvés en soulevant un vieux tronc d'arbre, au lieu-dit "Le Coudala" sur les rives du Lac de Caramany.
La coloration de sa peau peut, à l'âge adulte, varier du brun au vert jaunâtre avec la présence de pustules. Ses mœurs nocturnes le rendent difficile à voir durant la journée où il reste généralement à l'abri. En période nuptiale, il émet un chant puissant qui peut être entendu à 1 kilomètre de distance. La peau toujours humide et garnie de tubérosités venimeuses, n'est dangereuse que pour les animaux prédateurs qui mordraient le crapaud. Il faut cependant éviter de se frotter les yeux ou de porter les doigts à la bouche après en avoir manipulé un.

Ainsi s'achève ce petit tour d'horizon des reptiles et amphibiens les plus courants dans le voisinage de Caramany. La liste n'est pas exhaustive et toute photographie de nouvelle espèce sera la bienvenue. Elle donnera lieu à un ajout publié à la suite de cet article. N'hésitez pas à utiliser le lien "contact" du menu ou cliquez ici et remplissez le formulaire.

Avant de rejoindre le village, nous avons effectué quelques pas de plus et franchi le viaduc pour profiter du spectacle nocturne que nous offraient les lumières du village sur les eaux calmes du lac.

caramany la nuit