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Les curés de Caramany-2

   Le problème Montferrand1 

C'est le 1er juillet 1785 qu'apparaissent l'écriture et la signature du curé Montferrand. Il arrive à Caramaing à l'âge de 40 ans. C'est lui qui va accompagner les Carmagnols dans la longue traversée des années de la Révolution. Mais cette période plus que troublée n'explique pas à elle seule tous les problèmes qu'il va poser aux autorités de sa paroisse. Trente ans après son arrivée, le 4 décembre 1815, le sieur Ménouard, lieutenant-général de police du département qui est venu spécialement dans la commune, écrira :« Le curé est un tracassier, il s'est rendu coupable de faits qui déshonorent son ministère. Il est généralement détesté pour ne pas dire méprisé de ses paroissiens; il est fort mal vu dans les communes voisines, même par ses propres confrères. Son changement devient donc indispensable. »

Reprenons le cours de son histoire. Dès ses premiers actes, il cite comme témoins Jean-Pierre Barrière 2 et Jean Chavannette fils. Ce dernier ne signera qu'à partir du 8 novembre. Ils disparaît un temps puis figure à nouveau dans tous les actes, début 1787 avec Jean Bedos fils que le curé semble aussi avoir pris sous sa coupe. Le 26 octobre 1788, ils sont tous deux qualifiés d'étudiant. Un titre que Jean Bedos qui continue à signer perd assez vite. Par contre le 17 juillet 1789, Jean Chavanette devient étudiant en réthorique 3 et le 21 juillet ecclésiastique. Le 29 août c'est désormais M. l'abbé Chavanette. Il est présent dans la paroisse au moins jusqu'au mois de mai 1792. Quelques mois plus tard, l’Église continuera à tenir des registres, mais c'est la mairie qui contrôlera désormais l'état-civil. Les ecclésiastiques vont être confrontés à un choix difficile : s'exiler ou approuver la Constitution civile du clergé. Un début de carrière difficile pour l'abbé Chavannette et un avenir incertain apès son départ de la paroisse.

Le curé Montferrand, lui, a traversé les épreuves.

Ses ennuis connus avec la population commencent en 1789. Contrairement à ce que l'on aurait pu attendre, ils ne sont pas en lien direct avec son ministère, mais plutôt d'ordre financier et politique. Le 2 mai, il fait assigner par devant Monsieur le sénéchal de Limoux, le sieur Jacques Roger pour non paiement de "la dîme de l'auzerde", c'est à dire la luzerne 4. La réaction est unanime. Les consuls convoquent une assemblée qui décide de s'opposer à la prétention du curé, « cette dîme n'étant point due par l'usage et coutume générale de la paroisse ». L'assemblée demande à Monsieur l'Intendant la permission « de plaider et d'emprunter les sommes nécessaires pour fournir aux frais du dit procès ». La marque (ou croix) des deux consuls est suivie de la signature de deux Chauvet, Jean-Baptiste et Charles. La bataille ne fait que commencer. A noter que le compte-rendu conservé, dans les archives de la mairie, a été rédigé par Joseph Grand, greffier, cité au chapitre précédent.

Mémoire pour l'autel

Quelque semaines passent et voilà le royaume en pleine révolution. L'abbé Montferrand semble au début s'adapter. Mais la transformation d'une paroisse, où le curé, en l'absence du seigneur, jouait quand même le rôle majeur, en commune avec un conseil général risque de lui faire perdre de la notabilité. La constitution de la première assemblée municipale prévoyant six notables, il se porte candidat et il est retenu ; la nécessité d'avoir à la tête de la commune sein des personnes maîtrisant le lecture et l'écriture n'est certainement pas étrangère à cette nomination. Le 23 janvier 1791, il prête serment à la Constitution civile du clergé puis apporte un acte de rétractation à l'assemblée municipale le 19 juin estimant qu' « il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes » . Il aurait donc dû être considéré comme prêtre réfractaire et comme la plupart de ses confrères dans la même situation, prendre le chemin de l'exil. Bizarrement, il reste à Caramaing, et continue son sacerdoce. Le 6 novembre 1792 sur le registre même de l'église il se qualifie de citoyen « par moi citoyen Monferrand curé, la bénédiction nuptiale a été... » ce qui est pour le moins surprenant.

Et qui ouvre le premier registre d'état civil de la commune, exactement le 5 janvier 1793, an second de la république, c'est le citoyen Montferrand, officier public. Il s'est bien adapté aux nouvelles obligations : on parle d'une naissance pas d'un baptême, le parrain et la marraine ne figurent plus, par contre l'enfant doit être présenté par deux témoins majeurs et la maman accouche d'un enfant mâle ou femelle. L'explication de ce maintien se trouve dans l'Histoire du clergé dans le département des PO : « Lors du procès du 21 frimaire an II, le maire de Caramany déclara que Montferrand se rétracta et que le ci-devant évêque du département (Deville) prit la rétractation, la déchira et qu'il fut convenu avec lui, témoin, que Montferrand répéterait son dit serment, ce qui fut fait 4 ou 5 jours après. Greffe du Tribunal de Perpignan. Arrêts criminels. »

Jean Damien Montferrand, qui fait donc la girouette, sera vite évincé de la fonction d'officier public dès le début de l'an III par le nouveau maire Charles Chauvet avec qui il a eu des mots. La lutte sera dure et permanente avec la famille Chauvet et courant 1816, le curé sera donc relevé de ses fonctions. Il reste à Caramany où, ce qui est assez étrange, on le laisse disposer de la maison curiale dans laquelle il décède en 1822. Son acte de décès enregistré le 3 janvier 1822 est signé par l'adjoint au maire Jean Estèbe, le maire étant suspendu de ses fonctions. On y lit que Jean Damien Montferrand curé de la commune est décédé la veille, à onze heures du soir, dans la maison curiale à l'âge de 77 ans. Cette appellation est inexacte dans la mesure où les archives de l'évêché sont formelles. Le curé de Cassagnes Jean Pagès assure la succursale de Caramany de 1816 à 1829. En 1822, l'adjoint au maire aurait donc dû écrire à propos de Jean-Damien Montferrand : prêtre résidant dans la commune. On lui pardonnera bien volontiers cette petite erreur d'état civil.

L'imposant et célèbre clocherLe passage du curé Montferrand dans le village n'aura pas été un long fleuve tranquille. Il a quand même laissé à la postérité deux messages ou plutôt deux "mémoires" qui révèlent certes l'un des traits de son caractère, celui de se mettre en valeur, mais qui sont particulièrement intéressants pour l'histoire de Caramany. Ils ont été inscrits, même si ce n'est pas le lieu adéquat, sur les registres paroissiaux réglementaires. Le premier concerne l'église : c'est grâce à lui que nous connaissons la date d'installation de son très bel autel: « Mémoire sera que l'autel et le tabernacle composés de marbres étrangers et choisis ont été bénis et placés dans l'église dédiée à Saint Étienne premier martyr par Me (messire) Mre (maître) Jean Damien Montferrand, recteur de la dite église le 1er novembre 1789. Ad majorem dei gloriam, orate pro me ut missi populoque commisso ignoscere dignitur omnipotens et misericors deus. Amen, amen, amen » (voir document ci-dessus)

Quelques mois auparavant, sans se douter de l'importance que cela allait prendre dans les décennies suivantes, il avait laissé sur ce même registre un premier mémoire qui figure aussi dans les archives du syndicat des canaux d'arrosage : « Mémoire sera que le 30 janvier 1789, par moi Jean Damien Montferrand, recteur de Caramaing, l'eau a été mise aux champs de Terrefort et de Saint Martin pour la plus grande gloire de Dieu, pour le bonheur de ses paroissiens, pour qu'ils daignent dans leurs prières se souvenir de son bon pasteur. » 

L'abbé Bria a marqué la paroisse. 

Le curé Pagés se trouve donc en charge, durant quelques années des paroisses de Cassagnes où se trouve son presbytère et de Caramany. Il décède le 16 avril 1830 à Cassagnes, à l'âge de 74 ans, et le registre confirme bien qu'il était prêtre curé de la succursale de Caramany.

Et c'est le 5 août, qu'arrive l'abbé Bria.5

François Bria, catalan originaire de Thuir, est certainement celui qui a laissé le plus de traces encore visibles de son passage. Il sera en charge de la paroisse de 1830 à 1839, date à laquelle il sera muté à Estagel et remplacé par le curé Lacreu. Ce qui devait être une promotion ne va pas se passer sereinement, les tensions étant fortes entre les deux communes au sujet de l'utilisation de l'eau de l'Agly. François Bria demandera donc son retour à sa chère paroisse de Caramany qu'il ne quittera qu'en 1849 pour une promotion de curé doyen à Sournia. Durant ces neuf années, l'abbé Bria sera très actif : il entamera des démarches pour récupérer le presbytère, fera agrandir le cimetière et surtout fera doter l'église de son clocher. Il choisira le jour de la Saint Étienne, après vêpres pour le bénir. Nul doute que cette date du 3 août 1848 restera à jamais gravée dans sa mémoire et dans celles de ses fidèles. Ce fameux clocher est devenu la fierté et l'emblème du village et sa forme originale l'a fait inscrire à l'inventaire des monuments historiques en 1972. 

Une succession difficile 

A la suite de l'abbé Bria et jusqu'à la fin du siècle, les curés vont se succéder, leur bref passage ne leur permettant pas de marquer la paroisse de leur empreinte. Je vais donc simplement reprendre les relevés de l'évêché.

  • 1er septembre 1849 : abbé Joseph Calmon

  • mars 1850 : abbé Jacques Cotxet (mars à août)

  • 1er avril 1850 abbé Pepratx dont le passage sera très chaotique

  • 1er octobre 1851 : abbé Joseph Gary qui est titulaire de la cure jusqu'en 1858

  • 1er janvier 1859 : abbé Gaudérique Pull

  • 1er février 1862 : abbé Pierre Calvet jusqu'en juin 1866

  • 24 juin 1866 à fin juin 1870 : abbé Antoine Rivière

  • 1er juillet 1870 à novembre 1882 : abbé Edmond Estève,

  • 1er novembre 1882 à juin 1885 : abbé Nicolas Combaut

  • 1er juillet 1885 à mars 1889 : abbé François Aymond. A noter que de mars à août 1889 l'évêché a nommé un certain Danis qui a invoqué des raisons de santé pour expliquer qu'il ne prenait pas possession de sa cure.

  • 1er août 1889 à octobre 1890 ; abbé Boixeda

  • octobre 1890 à mars 1893 : abbé Coll

  • mars 1893 à janvier 1894 : abbés Escudier (décédè) et Peyralade

  • janvier 1894 au 15 février 1903 : abbé Conte

Pendant ces années difficiles pour le bon fonctionnement de la paroisse, un événement majeur est quand même à retenir. Les archives diocésaines ont conservé des courriers relatifs au legs très généreux de Madame Angélique Joulia en faveur de la Fabrique 6. Les premiers échanges épistolaires datent de l'année 1865. En échange d'un service religieux annuel et à perpétuité qui se composera de six messes hautes et quatorze messes basses, cette dame, veuve et apparemment sans enfant, fera don de meubles estimés à cent cinquante cinq francs et d'immeubles d'une valeur de cinq mille six cent dix francs, une somme énorme pour l'époque. A cela s'ajoutent mille francs qui devront directement être distribués aux pauvres de la paroisse. Ce legs est une aubaine pour l'église qui, aux dires des curés successifs est bien trop petite et surtout menace ruines. Il faudra attendre 1885 pour que les travaux soient lancés et permettent de bâtir l'édifice que nous connaissons actuellement. Le 14 septembre 1886, l'abbé Aymond signale que les grandes réparations sont achevées. L'embellissement, l'achat de mobilier sacré se poursuivra certainement les années suivantes. Le procès-verbal de visite pastorale daté de 1889 indique que le projet d'agrandissement, de réparation a été mis à exécution. Ce procès-verbal prépare la venue de Monseigneur Gaussail qui a choisi cette année là Caramany comme une des étapes principales de sa tournée en Fenouillèdes7. Arrivé la veille et accueilli au presbytère, il a, lors de la Sainte Messe du 28 mai, consacré les autels des nouvelles chapelles et pu admirer, sur la façade Sud, le vitrail de Notre Dame de la Salette qui porte ses armoiries, signe de sa participation financière au projet .

L'église Saint EtienneLa création d'un nouvel édifice a peut-être créé une émulation dans la paroisse ; en effet le rédacteur du procès verbal signale l'existence d'une confrérie dite du rosaire qui n'était pas mentionnée dans les documents précédents. Nous ne savons pratiquement rien sur cette confrérie si ce n'est qu'elle disposait d'un registre d'inscription pour ses membres.

C'est certainement à cette période qu'officiait en plus des enfants de choeur un sacristain qui revêtait pour les cérémonies solennelles un uniforme de suisse. Ce magnifique habit de couleur rouge a été retrouvé dans le presbytère où il est toujours exposé.

La fin du siècle sera essentiellement marquée par les relations conflictuelles entre maires et desservants. Comment ne pas voir dans ces affrontements une conséquence de ce qui se joue au niveau national : la future séparation de l’Église et de l’État?

En 1881, le curé Estève en fonction depuis onze ans voit arriver à la mairie François Vaysse. Les deux hommes ont-ils des comptes à régler ? En tout cas, le conflit éclate vite. Le 16 mai 1882, le Ministère de la Justice transmet à l'évêque les plaintes du maire : « Le curé Estève a attaqué le conseil municipal en chaire et de plus il fréquente une dame veuve ». Questionné par son évêque, l'abbé Estève fait une réponse cinglante : « Le maire a défendu les processions uniquement pour satisfaire sa haine à mon égard. C'est un menteur effronté, lâche calomniateur qui en aboyant à la soutane ne fera pas revenir la popularité qui l'a abandonné. Ce haineux et perfide personnage, je vous demande de lui demander des comptes devant les tribunaux. » Quelques mois plus tard, il quitte la paroisse.

En 1886, c'est Nicolas Dabat qui semble vouloir marquer son territoire dès sa prise de fonction. Il demande au curé, c'est son devoir d'après lui, comme tout « fonctionnaire de la république », de pavoiser le presbytère et de faire sonner les cloches à l'occasion du 14 juillet. L'abbé Aymond refuse en invoquant le fait qu'il n'y a aucun drapeau dans la maison curiale et qu'en plus, elle appartient à la Fabrique. Il précise que « Caramany a nommé le 4 du courant un nouveau maire, petit tyran, grand jurisconsulte selon lui, et aussi grand que bête. »

Ce premier contact pour le moins peu chaleureux sera suivi de disputes avec appels des deux parties à l'autorité supérieure, évêque pour l’un, préfet pour l'autre, sur de multiples sujets comme la vente de vieux matériel de l'église ou l'achat d'un terrain appartenant au presbytère. L'abbé Aymond sera même convoqué à la demande du maire devant le juge de paix de Latour de France et finira, lui aussi, par abandonner en 1889. De son départ jusqu'en 1895, les curés ne feront pas long feu à Caramany.

Ces conflits ne sont pas sans conséquence sur les habitants et ceux qui refusent de prendre partie doivent être bien mal à l'aise. Désemparé car il doit marier son fils, Prosper Lacourt, propriétaire, écrit le 31 juillet 1889 au vicaire général Vidalet. Le maire qui est allé actionner la sonnerie des cloches le 14 juillet, (il a vraiment de la suite dans les idées), a gardé la clé de l'église. Il n'y a depuis plus de messe et la publication du mariage (religieux) n'a pu être faite. C'est par une lettre de l'abbé Solère, curé de Bélesta, le poste de Caramany étant par un curieux hasard vacant, que l'on connaît l'heureux dénouement de cette tragédie locale. Le maire a rendu la clé, certainement après une petite pression de la préfecture sollicitée à plusieurs reprises par l’évêché, afin de permettre à la fête patronale de se dérouler, c'est à dire le 3 août. Le 22 du mois, Prosper Lacourt a donc pu marier son fils Justin avec Julie Scolastique Delonca; avant le passage à l'église c'est Nicolas Dabat qui les a unis en mairie. On ne s'ennuie pas à Caramany . 

Un siècle plus apaisé : 

La première moitié du XXe siècle contrastera fortement avec les années précédentes. L'église Saint Étienne ne connaîtra que deux desservants qui, après de longues années au village, laisseront de bons souvenirs.

L'abbé FornéLe premier est l'abbé Charles Vilanove 8. Il apparaît dans les archives municipales comme locataire du presbytère en signant annuellement un bail d'un montant de 80 francs. Cette nomination est une promotion puisqu'il arrive de Jujols, son premier poste en tant que curé. Caramany sera donc sa deuxième cure mais aussi sa dernière. Car Charles Vilanove ne quittera plus sa paroisse . Il y décède le 26 mai 1940 après une longue maladie et il sera inhumé dans la nécropole où il avait accompagné et béni tant de paroissiens. La pierre tombale qu'ils ont fait graver pour lui rendre hommage et qui perpétue son souvenir, se trouve actuellement dans l'agrandissement du cimetière, aux côtés de la tombe du révérend père Olive, un enfant du village chez qui il a éveillé le désir de se consacrer à Dieu.

Le deuxième est l'abbé François Forné. La paroisse lui est confiée en pleine guerre, dans une période difficile où les croyants ont plus que jamais besoin du soutien moral et du réconfort d'un bon pasteur. Il sera à la hauteur de sa tâche et recevra très vite la confiance et la considération des familles, aussi bien jeunes qu'âgées, qui lui sont confiées. Mes parents qu'il avait mariés ont souvent évoqué les séances de cinéma qu'il organisait à l'église, après avoir fait l'acquisition d'un projecteur que l'on peut toujours voir dans la cuisine du presbytère.

En 1953, il reçoit Monseigneur Bernard qui lui demandera quelques années plus tard de quitter Caramany pour une nouvelle mission évangélique. Nous sommes en 1959 et son départ est d'autant plus douloureux qu'il signifie que le presbytère va désormais garder porte close.

François Forné gardera toujours des liens forts avec notre village. En 1974, dans un message de condoléances qu'il envoie à la famille Caillens, il termine en écrivant : « Saluez pour moi votre famille, les amis. Je n'oublie pas mes anciens paroissiens, vous pouvez en être certains. Déjà quinze ans que je suis ici. Le temps passe. 19 ans à Caramany. 15 ans au Perthus. Déjà 34 ans de sacerdoce. Bons souvenirs et amitiés pour vous tous. » Dans son hommage funèbre, le curé d'Amélie les bains reviendra sur cet attachement: en 1959, c'est le cœur serré que François et sa maman vont quitter le village, le presbytère et les amis sachant qu'après leur départ il n'y aura plus de prêtre résident. Avec quel empressement la mère et le fils recevaient les anciens paroissiens de passage au Perthus, ou venus tout exprès en témoignage d'amitié ; occasion d'évoquer ce presbytère transformé en caveau, plein encore du souvenir de la maman et de son fils, l'abbé Forné. » 

L'Histoire continue. 

Après son départ, la cure de Caramany sera classifiée de 1961 à 1965 comme annexe de Cassagnes, l'abbé Ares assurera alors les offices, puis en 1966 comme annexe de Montalba le château, la paroisse étant confiée, jusqu'à sa retraite pour raison de santé, à l'abbé Pierre Boudet, prêtre ouvrier, dont le costume civil, encore rare pour un curé dans les années 1960, et surtout la pipe ont choqué quelques esprits un peu chagrin. Je me souviens encore de ses leçons de catéchisme, de sa préparation à la communion solennelle en 1967, mais aussi du voyage à Lourdes qu'il avait organisé cette même année pour ses paroissiens de Montalba et de Caramany et pour lequel il avait tenu à emmener ses communiants.

Le service religieux est maintenant assuré par la communauté de paroisses d'Ille sur Têt qui regroupe une dizaine de communes. Notre église a encore reçu deux évêques, Monseigneur André Fort, venu le 3 août 1999 bénir le clocher à l'occasion de ses 150 ans et Monseigneur Norbert Turini venu en visite pastorale le 6 février 2016.

Le curé Pierre BoudetLes chants de la fête de Saint Étienne et de la Saint Roch de même que ceux de la messe de minuit ne retentissent plus sous ses voûtes. Un office mensuel ne réunit que quelques paroissiennes et ce sont hélas les cérémonies d’obsèques qui la remplissent à nouveau. Propriété de la commune depuis 1905, les municipalités successives ont eu à cœur d'assurer son entretien. L'inscription du clocher à l'inventaire des monuments historique en 1972 a été suivie des inscriptions de l'autel installé par le curé Montferrand et d'un tableau de la crucifixion en 2006. Fait unique dans l'histoire du village, c’est un membre du gouvernement, la secrétaire d’État Ségolène Neuville, qui a dévoilé la plaque "monument historique" apposée sur le clocher, lors d’une cérémonie organisée en 2016 par la municipalité que j'avais l'honneur de présider.

Avec l'accord des autorités locales et religieuses, l’église saint Étienne accueille depuis plusieurs années des événements culturels, concerts de musique classique, pessebre, visites guidées, qui permettent de mettre en valeur son riche patrimoine, un legs des générations passées que nous devons préserver.

(à suivre – Annexes) 

Notes :

  1.  Les problèmes curé Montferrand/municipalité ont été évoqués dans la rubrique anecdotes, On a failli assassiner le maire-2009 et dans la rubrique Histoire Les années en 5/1815 et en 7/1807.
  2.  Fils de tailleur d'habits, maître tailleur lui même et futur membre de l'assemblée municipale jusqu'à sa démission pour raison de santé en 1827. Le maire le qualifiera d'un exemple pour le bien public de sa commune et ce, pendant quarante ans.
  3.  La rhétorique est « l'art de bien dire » : dictionnaire ce l'Académie française.
  4.  Il s'agissait d'une dîme qui permettait au curé de nourrir ses propres bêtes. On trouve trace d'un tel conflit à la même époque dans d'autres paroisses.
  5.  Relire François Bria, curé de Caramany – rubrique Histoire, 2009
  6.  Angélique Joulia était l'épouse d’Étienne Vaysse, originaire du Vivier. Le grand bénitier en marbre situé à l'entrée de l'église porte la mention « Étienne et Angélique Vaisse – juillet 1655 ».
  7.  Relire Monseigneur fait halte à Caramany - rubrique anecdotes, 2011
  8. Relire Charles Vilanove, curé de Caramany – rubrique Histoire, 2014 

Sources : 

Les sources seront mentionnées à la fin de cette étude.

Photos :

miniature: La plaque en hommage à l'abbé Bria apposée en 1999

1: Le mémoire concernant l'autel rédigé en 1789 par l'abbé Montferrand sur le registre paroissial

2: L'imposant et remarquable clocher conçu par l'abbé Bria et construit par les habitants de 1845 à 1848

3: L'église Saint Etienne, dans son état actuel lors d'une visite organisée par le Pari du lac en 2009

4: L'abbé Forné venu à la rencontre d'une "colle", un jour de vendanges

5: Le prêtre Pierre Boudet et ses communiants en 1967