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Caramany dans la presse régionale et nationale - 2

 Tout au long de ces années sombres, on trouve des traces de Caramany dans la presse et dans des publications officielles.

La première apparaît dans La Dépêche de Toulouse.

La dépêche

Les conséquences de l'exode

Dans son édition du 9 juillet 1940, à la rubrique Recherches, on peut lire « Mlle E. Goldberger recherchée par M. Collard. Caramany (Pyr-Or) D 3316.

Pour expliquer cette petite annonce, il faut avoir en mémoire que quelque semaines plus tôt, la grande offensive allemande du 10 mai a jeté sur les routes des milliers de Français du Nord, mais aussi de Belges et d'Allemands, familles juives ou opposants politiques qui avaient quitté leur pays et qui n'étaient plus en sécurité devant l'avance nazie.

En ouvrant une rubrique RECHERCHES, les journaux tentent alors de permettre aux familles dont les membres ont été éparpillés dans la tourmente, de se retrouver .

C'est certainement le cas de ce M. Collard, mais aussi d'un réfugié belge qui a donné son point de chute toujours dans La Dépêche, édition du 27 août 1940 :« Gaston Vanderschueren de Verviers. Caramany (Pyr-Or) - E 3184. » Et il n'était pas le seul puisque je connais personnellement le cas d'une famille de la région de Liège, un couple et deux enfants, qui a été accueillie par mes grands-parents. Cet exil forcé a d'ailleurs créé des liens d'amitié qui ont perduré jusqu'à la génération suivante dans les années 2000. 

Les prisonniers:

liste prisonniers

Début août, c’est une nouvelle publication certainement épluchée par Monsieur le Maire ou son secrétaire de mairie qui va rythmer l'angoisse des Carmagnols.

Le centre national d'information sur les prisonniers de guerre situé 60 rue des Francs-Bourgeois à Paris 3ème, publie un liste mensuelle de prisonniers.

Il est bien précisé que cette liste est établie d'après les renseignements fournis par l'Autorité militaire allemande, qui a dû expressément demander que l'on ajoute :

« L'Autorité militaire allemande fera tous ses efforts pour que les familles françaises soient renseignées rapidement sur le sort de leurs prisonniers. L'envoi des colis est autorisé. Les visites sont interdites. »

Le tableau ci dessous récapitule les données que Gallica, le site de la BNF, a retrouvées. Elles ne sont pas complètes car des prisonniers carmagnols connus de source sûre manquent à l'appel . C'est le cas de Etienne Bedos, François Bertran, Clément Caillens, Honoré Calvet ou Amédée Laforgue. 

Liste n°20 du 23/09/1940 Foussat Aurélien 1e cl 3e B.C.P 

Liste n°29 du 10/10/1940 Montferrand Achille 2e cl 3e Tr .Aux 124

Liste n°47 du 02/12/1940 Grieu Joseph 2e cl 1e Z 150

Liste n°53 du 16/12/1940 Marty François Cap 28e G Stalag VI A

Liste n°60 du 04/01/1941 Sola Raoul Adj 91e R.A Stalag XVII B

Liste n°60 du 04/01/1941 Solère Marius 2e cl 2e B.C.P Stalag II B

Liste n°71 du 03/02/1941 Delonca Yves 2e cl 96e R.I.A Stalag VI C

Liste n°96 du 08/05/1941 Vignaud Yvon 2e cl D.C.A Stalag IX A 

En octobre 1940, Caramany aura le triste privilège d'être cité dans les colonnes de l’Indépendant mais pour un tout autre cataclysme, l'Aiguat de San Bertomeu2. Le Pont rose construit en 1894 a tenu, contrairement à d’autres, mais le territoire a été dévasté. 

Les conséquences politiques:

JO de l'Etat Français

Au fur et à mesure que l’État français met en place une politique de collaboration avec le Reich, le fossé se creuse dans la population entre ceux qui soutiennent le maréchal Pétain, le héros de Verdun, et ceux qui considèrent qu'il faut résister. Le gouvernement de Vichy, multiplie les arrestations, les interdictions et la destitution de nombreux élus. Le sort de la municipalité est scellé par la décision publiée dans le Journal Officiel de l'Etat Français du 4 juin 1941.

« Considérant que le conseil municipal de la commune de Caramany (Pyrénées Orientales) se trouve réduit à un effectif ne lui permettant pas d'assurer de façon satisfaisante la gestion des affaires communales:

Arrête :

Article 1. - Le conseil municipal de la commune de Caramany (Pyrénées Orientales) est dissous.

Article 2. - Il est institué dans la commune de Caramany (Pyrénées Orientales) une délégation spéciale habilitée à prendre les mêmes décisions que le conseil municipal et ainsi composée : Président M. Caillens (Gervais) ; membres, MM Gély (Augustin), Gélis (Paul).

Article 3. - Le préfet des Pyrénées orientales est chargé de l’exécution de cet arrêté.

Fait à Vichy le 1er juin 1941

Al Darlan »

La raison évoquée pour cette dissolution, l'effectif réduit, pourrait ne pas paraître politique alors que cette réduction de l'effectif ne peut avoir été causée que par des démissions. Contrairement à la 1ère guerre mondiale, peu d'élus carmagnols ont été mobilisés. Dans la famille de Paul Gély-Fort, le maire, républicain et ancien combattant, il a toujours été dit qu'il avait démissionné. Et comme il avait été élu avec toute sa liste radicale socialiste autonome en 1935, cela avait même paru dans la Dépêche du 6 mai, il y a fort à parier que sa démission n’a pas été la seule.

Cela permet donc au gouvernement de Vichy de nuancer les raisons d'une destitution, ce qui ne trompe pas les citoyens avertis ; car dans le même Journal Officiel et à la même page, d'autres destitutions sont arrêtées en prenant comme prétexte que  les conseils municipaux sont soit « incapables d'assurer une saine gestion des affaires », soit « hostiles à l’œuvre de rénovation nationale », position politique clairement affirmée lorsqu'on ne peut trouver des nuances.

D'ailleurs, deux journaux nationaux ne font pas la nuance lorsqu'ils commentent le J O. Le Petit Journal du 5 juin 1941 qui affiche à côté de son titre la devise "Travail, famille, patrie" et la Croix du 6 juin 1941 écrivent :

« L'amiral Darlan vient de dissoudre par arrêté des conseils municipaux hostiles à l’œuvre de rénovation nationale comme ceux de ...Vaylats (Lot), Caramany (Pyrénées orientales), Arfons (Tarn) ou incapables d'assumer une saine gestion des affaires communales comme ... » 

La guerre va se poursuivre avec des épisodes plus ou moins glorieux et jusqu'au bout, elle opposera les Français entre eux jusque dans les plus petites villages, Caramany y compris. A tel point que l'armistice une fois signé, on évitera d'en parler pour ne pas raviver des querelles douloureuses.

Et c'est une dernière trace dans la presse qui nous donne la preuve que l'on voulait tourner la page.

La Vie ouvrière rend compte des Assises de la Paix et de la Liberté qui se sont tenues à Paris en 1950. Dans son édition du 16 mars, le chroniqueur P. Delmotte donne Caramany en exemple sur le plan national : «  Comment,enfin, vous parler encore de toutes les interventions ? Celle de Madame Fanelette Jeanne des Pyrénées Orientales qui nous donne l'exemple de deux petits villages : celui de Caramany qui compte 800 habitants et où le manifeste fut voté à l'unanimité y compris le curé, l'instituteur, le président des anciens combattants et celui des caves coopératives, et de Boulou, 2000 habitants où tous votèrent à l'unanimité. (Applaud). »

Le maire et président de la cave coopérative était Clément Caillens, le curé François Forné, l'instituteur, en poste avec son épouse, Monsieur Baills. Le chiffre de la population est évidemment erroné, c'est à peu près le double de la population réelle.

La vie du village avait repris son cours, il pouvait maintenant se tourner vers le progrès. 

 Notes:

  1. Voir Les années en 2, 3, 4 et 5 (1942, 1943, 1944, et 1945) rubrique Histoire. Relire aussi dans la rubrique Histoire Caramany durant la deuxième guerre mondiale et, dans la rubrique anecdotes la surprise de l'été 1940.
  2. Un petit article consultable dans la revue de presse
  3.  L'amiral Darlan, commandant de la flotte française avait été nommé le 10 février 1941 chef du gouvernement avec les portefeuilles de la Marine qu'il détenait depuis juin 1940, de l'Intérieur, des Affaires étrangères et de la communication. En août, il est nommé également Ministre de la Défense nationale. Doté de pouvoirs considérables, il est le successeur désigné du chef de l’Etat. Il est assassiné le 24 décembre 1942.

Sources numériques :

Photo miniature: amiral François Darlan nommé chef du gouvernement par le maréchal Pétain. Wikipédia