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Coté jardins...

La cave coopérativeSouvent j'arpente seul ces lieux chargés d’histoire,
Aux abords du village fier de ses traditions,
et je foule un passé riche d’hommes sans gloire,
qui n’ont pas épargné la sueur de leur front.

Les vignes intemporelles aux noms évocateurs
De Soulas, Mont Redon, Péménard, Camarère,
Offrent à leurs raisins des trésors de saveurs
Sur leurs ceps tortueux et parfois centenaires.

C’est là que bien assise, la cave viticole,
Dans l’alchimie d'un vin, patiemment élevé,
Va, l’automne venu, associer aux alcools,
Les sables du terroir et les chaleurs d'été.

le  tombeau solitaireLe chemin qui descend m’éloigne du village,
J’entends encore, au loin, sur son vieil éperon,
Saint Etienne, ton campanile hors d’âge,
Me marteler sans fin l’intime conviction...
 
Que je suis né ici…

Seulement quelques pas et la pente raidit
Comme pour m'avertir qu’un bon vin se mérite.
Le voici de retour, ce coin de paradis,
Où mes rares séjours s’écoulent bien trop vite.

J'évolue lentement, tous mes sens à l'affût,
De senteurs et frissons que la brise m'apporte.
Le tombeau solitaire me rappelle, au dessus,
Qu'entre vie et trépas il n'y a qu'une porte.

escalier de pierres sèchesQuand soudain mon regard en contrebas se fige
Devant un tas d’ordures, dans la vigne oubliée,
Rompant la féerie, comme on brise les tiges,
D’un bouquet dont les frêles fleurs ont fané.

Qui donc souille ces lieux, piétinant la mémoire,
De bras qui, avant lui, ont travaillé ici ?
A-t-il perdu la tête, souffert quelque déboire,
Pour négliger ainsi le sol qui le nourrit ?

Je poursuis mon parcours, impuissant, résigné,
Et monte jusqu'au point où les crêtes apparaissent.
De nouveau, immergé dans un rêve éveillé,
J’oublie l’homme et ses dérisoires promesses.

Bidons de produits chimiques jetés au bas d'une vigneTel des cornes émergeant d’un front de pierres nues,
Où peut bien conduire cet antique escalier ?
M’ouvrirait-il la voie vers un monde inconnu ?
Ou m’inviterait-il à braver un danger ?

Dans ce roc primitif, sept marches bien plantées,
Fermes comme un défi, exhortent mon courage.
Je grimpe, décidé alors, pour ne trouver,
Au sol, que les reliefs d’un chasseur de passage.

Vers la vigne en surplomb, agonisent en paix,
Rouillées, à l’abandon, deux vieilles carcasses,
Sombres fûts solitaires, avachis, usagés,
Jetés hors d’un « cortal » où ils n’ont plus leur place.

coutumes d'autochtoneQue font ces chevaliers, dont le château s’affaisse?
Dans quelques décennies, seront-ils toujours là ?
De l’humain comme d’eux, le temps dans sa paresse,
Triomphera un jour, sans le moindre combat.

J'accélère mon pas, traverse une autre vigne.
Du soleil de midi, les raisins sont gorgés.
Quand, au fond d’un fossé, je découvre les signes
De vils comportement, ignorant tout respect.

La vérité est là, cinglante, bien réelle,
Poignante, sans son fard ni sa publicité,
Que nous dirait ce vin que l’on met en bouteilles
Si, par quelque artifice, il pouvait nous parler ?

cabane de vigneronSe hasarderait-il à blesser nos palais,
Mutant ses doux fruités en piquettes amères,
Ou, se vengerait-il, jusque à nous enivrer ?
Vin, plus sage que nous, tu préfères te taire…

"Terroir de gneiss aride, arènes granitiques",
Devons-nous ajouter: "jonchées de détritus",
Mérites-tu au moins qu’un promeneur s’implique?
Epique Don Quichotte, aux illusions perdues.

Il me semble qu’ici, aucun ne reconnait
Sa terre nourricière, celle dont il vécu.
Misérable et cruel, ainsi il m’apparait,
Qui donc un jour pourra payer ce lourd tribut ?

restes d'un casse-crouteHomme, simple poussière devant cette Nature,
Que tu souilles inconscient de tes triste desseins,
Tu cracherais pourtant sur une mère impure,
Si à ton propre enfant, elle refusait le sein.

Prédateur, insensible, sauf à tes propres maux,
Oserais tu un jour, remercier ta nourrice,
Ou fleurir, indécent son ultime repos,
De tes seuls excréments, tel un indigne fils?

Des projet d’éoliennes, mettent en péril les crêtes.
Tes combats n’en seraient que plus légitimés,
Si alors tu pensais un peu avec ta tête.
Passe devant ta porte, un grand coup de balai.

Faut-il qu’en étranger, ici loin de ma terre,
Je me lamente encore du sort des environs?
Quelle provocation, m’empêche de me taire,
Pour tenter d’infléchir en vain tes positions?

Bien-pensant convaincu, oublie donc ton salon,
Tu cesseras enfin d’y faire le trottoir,
Décidé, si tu peux, de passer à l’action,
Et redonne à la poésie son pouvoir.

Photos: Philippe Garcelon