Nous vous recommandons quelques sites voisins.

Visitez-les !

Nouveauté sur le site :

Galerie de photos

Cendrillon ou une tradition carmagnole tombée dans l'oubli

contres-de-perraultLa Belle au bois dormant, le Chat botté, le Petit Chaperon rouge, Cendrillon, autant de titres qui nous rappellent notre petite enfance.

Peut-être avons-nous oublié qu'ils ont été écrits par Charles Perrault1, contrôleur général des bâtiments du roi qui a contribué, au XVII ème siècle, à mettre au goût du jour le genre littéraire des contes de fée?

Et si a priori il n'y a aucun lien entre Charles Perrault et Caramany, il en existe bien un, entre Cendrillon et une tradition carmagnole oubliée: la chaussure.

La chaussure, ou plutôt la pantoufle de verre, est l'élément clé du conte, car en ne s'adaptant qu'au pied de Cendrillon et en étant perdue sur le coup de minuit, elle permettra au prince de retrouver la belle qu'il avait remarquée au bal et d'en faire son épouse.

Dans un ouvrage qui s'intitule Les contes de Perrault et les récits parallèles, Pierre Saintyves nous révèle que d' « une manière générale pour les psychanalystes, la chaussure est un symbole lié au couple idéal. » C'est de là que viendrait l'expression trouver chaussure à son pied. Et c'est  cette croyance qui serait la base du conte de Cendrillon, mais aussi d'un certain nombres de pratiques superstitieuses et de la présence du soulier dans nombre de cérémonies symboliques.

Dans les Pyrénées centrales par exemple, les jeunes filles venaient mettre leur pied dans l'empreinte de Saint Aventin de Larboust pour trouver un mari.

« Dans le Capcir, à la Llagona, les angles, Matamala, Formiguières et quelques autres localités, le père du fiancé, en présence des invités à la noce, chausse la fiancée d'une paire de souliers... Dans le Roussillon, c'est le plus proche parent du mari qui la chausse et il lui met toujours au pied des souliers neufs. Le sens est encore plus clair dans le Berry: tous les conviés à la noce essaient de la chausser, et son fiancé seul en vient à bout. »

A Caramany aussi...

cendrillonToujours d'après Pierre Saintyves le soulier sert aussi à quêter non seulement lorsqu'on s'adresse aux fées, au bonhomme Noël, au père Janvier ou à saint Nicolas, mais aussi lors des mariages. Et c'est là qu'il précise qu'  « à Caramany, la quête se fait dans le soulier de la mariée et à son profit.  Alors qu'à Nibas, Fécamp et Savignac, (Normandie) après le mariage, on met en vente la chaussure de la mariée. »

De toute évidence, cette coutume a disparu depuis fort longtemps et n'a laissé aucune trace dans la mémoire collective du village. L'auteur ne précise pas de dates, pas plus que ses sources.

Parmi toutes les interrogations que cette révélation soulève, nous pouvons nous demander si nos anciens se doutaient, en pratiquant cette quête vraisemblablement destinée à améliorer la dot de la jeune épouse, qu'ils utilisaient le symbole de la chaussure, celui que Charles Perrault a si bien mis en avant dans Cendrillon?

 

Notes:

  1. Charles Perrault (1628- 1703) s'est inspiré des traditions orales que les communautés villageoises se transmettaient le soir à la veillée; il en a fait des contes adaptés à la société de son temps, tout en donnant l'impression qu'ils étaient faits pour des enfants. Il a ainsi écrit neuf contes publiés en 1697 dans un recueil qui s'intitule  Contes de ma mère l'Oye ou histoires du temps passé. 

Source:

  • Pierre Saintyves: les contes de Perrault et les récits parallèles (leurs origines)