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Les années en 5 : de 1795 à 1885

 

1795 : Une année agitée sur le plan national, et à Caramany ?

maire : Charles Chauvet puis Joseph Vaysse


Le plus ancien de nos registres de délibérations a été relié par liasses de manière assez désordonnée. L'une des liasses s'arrête bien au 31 décembre 1794 ou plutôt au 11 nivôse de l'an III. Les années suivantes manquent. Est-ce une simple perte ? Une destruction volontaire mais pour nuire à qui ?  Ou la conséquence d'une période difficile pendant laquelle la mairie ne fonctionne pas ? Rien de tout cela, la réponse se trouve à l'année 1799.

1805 : Les loups sont aux portes du village

date : le dimanche 20 prairial de l'an13 de la République française, (soit le 9 juin)
maire : Cir Vaysse

chasse aux loups"En vertu d'une circulaire de M Le préfet en date du 14 du courent", le maire Cyr Vaysse ordonne une chasse aux loups "qui ravagent cette contrée pour cejourd'huy".

La battue se fera sous la direction de MM Roig de Cuchous et Coronnat de Caladroy. En vertu de leur avis, le maire nomme Jean-Baptiste Laforgue, adjoint, pour diriger les chasseurs carmagnols dont nous avons la liste: Louis Chauvet, Joseph Pujol, Julia Pujol, Baptiste Laforgue, François Laforgue, Jean-Pierre Estèbe, Antoine Gély, Pierre Berger, Pierre Pujol, Pierre Ribes, Paul Gilhard, Jean Bedos, Pierre Merot, Ambroise Lajou, Pierre Roger, Gabriel Jasse, Dominique Richard, Charles Delonca et Jean Barthol.

La petite troupe se transporte donc "dans la partie du terroir de Caramaing appelé Balderbe" et trucide six louveteaux qu'elle présente au maire "afin d'obtenir les primes accordées par la loi du 10 messidor an 5 à ceux qui travaillent à cette bonne œuvre."

1815 : Le curé Montferrand est toujours la bête noire des municipalités.

date : 8 janvier
maire : Louis Chauvet

remarque : Cette délibération est une nouvelle preuve des relations tumultueuses entre le curé Montferrand et les différents maires qui ont eu à gérer sa présence à Caramany. (voir rubrique histoire « on a failli assassiner le maire »)

La municipalité reconnaît qu'il y a des travaux à faire au presbytère dont l'état est source de plaintes permanentes de la part du curé mais elle ne veut pas en faire trop, car comme d'autres avant elle, elle considère que le curé est aussi responsable du mauvais état du bâtiment. Résultat : on réparera uniquement la toiture pour préserver l'avenir et on en profite, nécessité ou punition, pour supprimer le pailler lui aussi délabré.

« Mr le Maire ayant fait lecture de la lettre précitée tendant à délibérer sur la réparation que nécessite la Maison Presbytérale de la susdite Commune de Caramaing, les Conseillers ont répondu unanimement que, il convient d'imposer sur les Contribuables au Marc le franc des contributions foncière et mobiliaire la somme de cent cinquante francs pour réparation à la toiture du presbytère seulement, et attendu que le couvert attenant qui servait autrefois de pailler, se trouve délabré au point qu'il devrait être refait à neuf ce qui serait très dispendieux pour la commune sans être d'aucune utilité reconnue, le Conseil a délibéré qu'il convient d'en profiter les débris consistant en boisage et tuiles canal pour les faire servir au toit du presbytère...

quant aux réparations que nécessitent les appartements, il est prouvé que le Sr Montferrand, desservant de cette commune, les a dégradés et les dégrade journellement par linconduite des gens de sa maison, en conséquence les membres composant le Conseil municipal ont statué qu'il ne convient pas dy rien faire. » (à interpréter par : il convient de n'y rien faire).

1825 : Un fermage qui pose de nombreuses questions.

date : 4 octobre à six heures du soir
maire : Joseph Vignaud

A noter : Il ne s'agit pas ici d'une délibération mais d'un procès verbal rédigé par le maire vraisemblablement en sa qualité d'officier de police judiciaire. Il certifie la mise en fermage « du pressoir à pressurer le vin appartenant à l'église de la paroisse ». Etonnant !

La réunion se passe entre le maire Joseph Vignaud, le crieur public François Foussat, le trésorier de la fabrique Jean Estève Peyrot, l'adjudicataire Martin Grieu et sa caution Pierre Calvet Merot.

Pressoir collectif« Le dit François Foussat nous a déclaré qu'après avoir publié par ordre du dit Jean Estève trésorier de la fabrique pendant trois criées consécutives l'afferme du pressoir à pressurer le vin appartenant à l'église de la paroisse... le dit Martin Grieu a poussé l'offre à cent francs et l'adjudication lui est restée ...

 Le dit Martin Grieu adjudicataire sera tenu de pressurer pour tout le monde et indistinctement pour et moyennant le prix de vingt centimes par pressée et nourri ; il lui est expressément défendu de faire des passe droits et il devra pressurer au fur et à mesure qu'il sera appelé. Néanmoins il ne pourra pas satisfaire à la demande du nommé Jean Bergès cultivateur domicilié en cette commune sans un ordre émané du dit Jean Estève trésorier, ni pour quiconque se permettrait de faire passer frauduleusement la vendange du dit Bergès.. »

Doit on en déduire que l'église par l'intermédiaire de son conseil de fabrique possède le seul pressoir du village qu'elle met, moyennant finances, à disposition des vignerons ?

Est-ce un privilège accepté par tous (ou presque) qui permet de contribuer au fonctionnement de l'église ? Pourquoi les vignerons n'ont pas leur propre pressoir ? Que fait le nommé Jean Bergès de sa récolte ? Pourquoi est-il interdit de pressoir ?

Une étude qui reste à faire sur les comptes de la fabrique apportera peut-être des réponses.

 

1835 : Encore une année qui a disparu des registres.

maire : peut-être Bernard Barrière qui a été installé le 17 février 1834 suite à la démission de Jean Estève Peyrot

1835 n'est pas une année de perturbation politique puisque le pays est gouverné par Louis-Philippe 1er, roi des Français sur la période allant de 1830 à 1848. On peut supposer qu'il y a eu perte ou oubli d'une partie des documents. En effet,un des registres se termine en 1834 et le suivant reprend en 1838.
 

1845 : Cloche et horloge ont été acquises... mais qu'en est-il du clocher ?

date 9 mars
maire : Jean Montferrand

La grande clocheLe maire rappelle que « par délibération du 10 avril 1843, le conseil municipal avait voté une imposition de 1800 francs acquittables dans 5 ans, savoir 500 f pour achat d'une horloge, 800 f pour achat d'une cloche et 500 f pour les travaux à faire au local où la dite horloge devait être placée,

que le prix de la cloche s'est élevé à la somme de 1300 f au lieu des 800 f mais que les habitants de Caramany, désireux de voir l'horloge promptement placée sont parvenus par des dons volontaires faits en argent ou par des journées à suppléer aux 500 f votés pour les travaux. »

Il propose donc par un virement de fonds d'affecter la dite somme de 500 f au paiement de la dite cloche, ce que bien sûr le conseil accepte.

Le reste de la délibération nous apprend que la cloche a été fournie par le sieur Crebaillé fondeur alors que l'horloge a été fournie par le sieur Abadie Barthélémy horloger à Ille.

Remarques complémentaires : La délibération ne parle que d'une cloche et notre clocher en possède trois. Le fondeur s'appelait en fait Raimond Cribailler. Un autre document indique qu'il a fabriqué deux cloches, les deux plus grandes. La troisième était-elle déjà en service sur le mur de l'église ?

D'autre part, cette même délibération semble indiquer que l'horloge est déjà en place. Or en mars 1845, la tour du clocher ne s'est élevée que d'un mètre et les travaux ont été stoppés. Encore un petit mystère à éclaircir ?  

1855 : Trop de chiens errants... et des mesures radicales.

date : le 22 septembre
maire :Raymond Estèbe

« Considérant que des événements fâcheux sont occasionnés par suite de la grande quantité de chiens circulant sur la voie publique et que tous les habitants ont intérêt à l'observation des mesures de précautions nécessaires en pareille circonstance pour prévenir des accidents déplorables,

arrête :

Art.1er : Il est défendu de laisser vaguer des chiens sur la voie publique s'ils ne sont pas muselés.

Art. 2 : Il est enjoint de tenir les chiens muselés dans l'intérieur des établissements et lieux quelconques ouverts au public.

Art 3 : Les chiens non muselés trouvés errants sur la voie publique seront saisis et détruits. Ceux qui seront porteurs d'un collier seront mis en fourrière pendant 3 jours ; s'ils ne sont pas réclamés dans ce délai, ils seront abattus.

Art4 : Il est défendu d'exciter les chiens entr'eux pour les inciter à se battre et de les faire courir après les passants. Il est également défendu de les blesser, de les harceler et de leur jeter des pierres. »

Le reste des articles concerne les mesures à prendre en cas de rage.

1865 : Un geste généreux pour les pauvres

date : le 11 novembre
maire : Pierre Lacourt

Par testament en date du 18 octobre 1864, déposé en l'étude de maître Cussol notaire à Latour de France, la Dame Angélique Joulia, veuve du Sieur Etienne Vaysse a institué pour son héritière générale et universelle la fabrique de l'église sous la condition de services religieux et et la charge de cet établissement d'acquitter une somme de mille francs léguée aux pauvres de Caramany.

M. le Préfet ayant donné toutes les instructions nécessaires pour recueillir ce legs, inutile de dire que le Conseil municipal accepte à l'unanimité les mille francs et décide de les placer en rente sur l'Etat pour que les intérêts soient dépensés annuellement en secours aux nécessiteux.

1875: Il n'y a plus d'argent dans les caisses même pour l'école.

 date : 12 mai
maire : Raymond Estève

Monsieur l'Instituteur, il s'agit du jeune Pierre Canredon , a alerté M. le Maire sur la nécessité de faire des travaux à la maison d'école afin d'empêcher la filtration des eaux pluviales et de préparer la plantation de 5 ou 6 arbres afin de soustraire les fenêtres aux rayons directs du soleil.

Hélas pour lui le temps n'est pas à la dépense et le Conseil municipal tape en touche, comme on dirait aujourd'hui, en décidant de demander un secours au Conseil général d'un montant égal au devis, dressé par un homme de l'art, qui s'élève à 280 francs. Il a toutefois des raisons valables : « Le Conseil après en avoir délibéré reconnaît que les travaux signalés par Monsieur l'Instituteur sont de toute nécessité, mais la commune se trouvant fortement imposée pour les chemins et les fontaines publiques, rongée d'un autre côté par les frais de plaidoirie de l'arrosage, ne peut supporter de nouvelles impositions. Les budgets tout en ne comprenant que les dépenses rigoureusement obligatoires se balancent ou se soldent en déficit de sorte qu'il ne reste aucune somme disponible. »

1885 : On a peur du choléra.

date : 1 février
maire : Michel Tisseyre

A noter : Peu commune cette délibération qui ne décide rien mais a pour but évident d'apporter un soutien au maire en vue du procès que lui intente un de ses administrés Jean-François Gély.

Revenons au fait. Jean-François Gély est cafetier ; en septembre 1884, il fait construire sa maison d'habitation par des ouvriers de Caramany et aussi par des ouvriers habitants la commune d'Ille.

C'est là que réside le problème car la commune d'Ille était contaminée par le choléra. Or un arrêté de Monsieur le Préfet en date du 17 juillet 1884, prescrivait à toute personne recevant des voyageurs de toute commune où sévissait le choléra d'en faire immédiatement la déclaration au maire de sa commune qui devait en informer le préfet.

Jean-François Gély ne s'étant pas conformé à cet arrêté, « M le Maire s'est donné la peine d'aller trouver les ouvriers et après leur avoir lu l'arrêté susmentionné, il les a engagés à ne pas quitter le chantier, ou s'ils rentraient à Ille à la fin de la semaine comme ils en avaient l'habitude, de ne pas revenir jusqu'à ce que le choléra avait cessé. »

Et en réaction Jean-François Gély intente un procès au maire « sous prétexte que préjudice lui a été causé. » Voici donc la position du Conseil :

« … par ces motifs, le Conseil après en avoir délibéré approuve la conduite du maire en pareille circonstance et le félicite en même temps de l'énergie et du dévouement dont il a fait preuve pendant tout le temps qu'a sévi le choléra dans le département.

Le Conseil émet en outre l'avis que le procès intenté au maire a plutôt pour but de le tracasser, de lui rendre sa tâche d'administration difficile, de lui aliéner l'estime de ses administrés et de chercher à lui faire perdre la popularité qu'il s'est justement acquise auprès de ses concitoyens. »

Ah ! la politique !



Sources:

  • archives municipales: registres des délibérations

Photos:
miniature: clocher et église, Mathieu Caillens
photo 1: reproduction

photo 2: Exposition "Mémoire d'un village"

photo 3: La grande cloche, Vignerons de Caramany