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Les années en 3: de 1793 à 1883

1793- La jeunesse a besoin d'un régent.

date: le dix neuvième jour du mois de mars, seconde année de la République française

maire: Charles Chauvet

A noter: La réunion se tient dans le lieu de Caramaing, au lieu ordinaire des séances. L'assemblée porte le nom de conseil général de la commune. Elle est composée du maire assisté de deux officiers municipaux, d'un procureur et de six notables ( le terme de conseiller n'est pas encore en vigueur).  

« Le citoyen Charles Chauvet maire prézident lassemblée a dit que la présente communauté de Caramaing étant très peuplée et surtout y ayant beaucoup de junesse qui restent dans lignorence faute déducation, qu'il serait parconcéquend de la dernière importance et interest de cette communauté d'avoir un régent qui veillat a léducation de la ditte jeunesse...

L'assemblée ayant entendu le proposé cy dessus, après avoir préalablement entendu le procureur de la commune, il a été d'unanimité délibéré qu'il est absolument nécessaire qu'il y ait dans cette com un maitre decole pour instruire la jeunesse, surtout sur les principes de la Loi de la République française, et sur laditte délibération, la présente assemblée prie et charge le citoyen procureur de la commune de faire incessammment parvenir un extrait de la présente délibération aux citoyens administrateurs du département et du district avec prière d'ordonner et permettre à la présente municipalité d'imposer annuelement sur le rôle de la contribution foncière sur touts les bientenants dudit Caramaing une somme de quatre cents Livres pour servir au payement de l'honnoraire du maitre decole. » 

remarques complémentaires: Charles Chauvet est issu d'une famille bourgeoise qui maîtrise parfaitement l'écriture et la lecture comme le prouvent de nombreux documents d'archives. Les Chauvet possédaient une bibliothèque et étaient abonnés, du moins pendant la Révolution, à des journaux nationaux. Il est donc logique que Charles Chauvet, conscient de ce que peut apporter l'instruction décide d'en faire bénéficier ses jeunes concitoyens. La décision qu'il fait prendre à son conseil est très en avance sur son temps mais a t-elle été appliquée? Aucun document ne permet d'affirmer qu'un régent a été nommé dès cette année là.

signatures

Le compte rendu a été rédigé par le greffier Joseph Grand qui prend quelques libertés avec l'usage des majuscules, de l'apostrophe et parfois de l'orthographe. Il comporte quatre signatures, Charles Chauvet maire, Gély et Barrière officiers et Montferrand nble (notable, il s'agit du curé).

 1803- Des éclats de voix au conseil municipal!

date: 26 pluviôse de l'an 11 de la République française (soit le 15 février)

maire: Cir Vaysse

La scène se passe dans le lieu des séances ordinaires de Caramaing. 

Le maire informe l'assemblée qu'il a affermé un vacant, c'est à dire donner en fermage une propriété communale, situé dans le bois de Balderbe à des propriétaires de Bélesta. L'utilisation de ce bois a toujours été un sujet sensible et plusieurs conseillers s'insurgent contre ce qu'ils considèrent comme une décision personnelle du maire. Le ton monte vite entre Cir Vaysse et le conseiller François Bedos que nous avons déjà rencontré comme premier maire de Caramaing de 1790 à 1791 puis comme procureur.

Cir Vaysse raconte la suite dans une lettre au préfet: « Le sieur François Bedos, conseiller, d'un ton furieux prenant la parole a répondu en vomissant des avanies contre le dit maire, (disant) qu'il n'entendait pas que ce lambeau de terrain soit affermé ny même que comme boucher il n'entendait pas d'établir son octroi.

Il a dit: "Allons nous-en, fermons luy la porte à ce Jean Foutre et ne revenons plus au conseil!" Une partie des conseillers s'en sont allés avec le dit Bedos. »

A la suite de cet incident violent, le maire demandera la révocation du conseiller. Avant toute décision, le préfet consultera le juge de paix du canton de Latour de France, qui connaît bien les protagonistes puisque ce n'est autre que Charles Chauvet, prédécesseur de Cir Vaysse au poste de maire. Délicat exercice pour un Carmagnol de trancher entre deux Carmagnols. Il signalera au préfet que la situation est particulièrement difficile car le conseil municipal est contre le maire mais que celui-ci n'a pas toujours la bonne attitude, sous entendu il n'est pas très conciliant. Finalement le préfet établira un dossier de révocation et la décision sera prise par le Ministre de l'Intérieur le 30 messidor de l'an 11, soit le 19 juillet 1803.

A partir de là, le mandat de Cir Vaysse ne sera pas un long fleuve tranquille. 

Remarque complémentaire : Cir Vaysse était officier de santé, c'est à dire qu'après des études plus brèves que celles d'un docteur en médecine, il pouvait pratiquer certains actes médicaux, son diplôme ne l'autorisant par ailleurs qu'à exercer dans les limites du département. Il n'appartenait donc pas au monde paysan comme pratiquement tous les Carmagnols. Son métier lui faisait-il voir les choses autrement? En tout cas ses actions et peut-être son caractère autoritaire n'ont pas été appréciés par certains de ses concitoyens. 

1813- Il faut prêter serment à l'Empereur.

date: le dimanche dix-huit avril

maire: Cir Vaysse remplacé par Louis Chauvet

A noter: On utilise encore le terme de Caramaing pour nommer la commune.

La révocation de François Bedos en 1803 (voir ci-dessus) n'a pas réglé les difficultés de gouvernance de Cir Vaysse. Le fils de François, Jean Bedos, a plusieurs fois déposé plainte contre lui en 1809 pour abus d'autorité puis contravention aux lois de la conscription. Fin 1810 ou début 1811 plusieurs conseillers demandent sa démission qu'il dépose le 18 février 1811 « pour mettre fin à tant de percécussions ». Mais il n'a été remplacé qu'en 1813. 

Ce jour là, au lieu ordinaire des séances, assisté des sieurs François Foussat, Jean Sabineu, Dominique Richard, Jean Estèbe Bartol, Julien Pujol, Pierre Roger, Jean-Pierre Barrière, tous membres du conseil municipal, Cir Vaysse procède lui même, en vertu de la lettre de Monsieur le Sous-préfet en date du huit du courant, à l'installation de Monsieur Louis Chauvet appelé aux fonctions de maire et de Baptiste* Laforgue reconfirmé comme adjoint « lesquels ont prêté serment d'obéissance aux constitutions de l'empire et fidélité à l'empereur. »

remarque: on trouve parfois Jean-Baptiste. 

1823: Les dépêches n'arrivent pas toujours rapidement.

Le facteur date: le cinquième jour du mois d'octobre

maire: Joseph Vignaud

A noter: Le conseil municipal profite d'une délibération sur le choix d'un bureau de poste de rattachement pour signaler au préfet que s'il ne répond pas toujours rapidement à ses courriers c'est à cause de la négligence du piéton, il faut comprendre le facteur à pied; dont acte. 

« Mr le Maire leur a donné connaissance du motif de leur convocation tendant à désigner à Mr le Préfet le bureau de poste le plus convenable pour la prompte réception des dépêches de cette commune. Tous les membres composant le Conseil ont délibéré unanimement que le bureau d'Estagel est celui qui convient le mieux à cause des eaux qui présentent des obstacles pendant l'hiver, surtout pour aboutir aux autres et notamment à celui d'Ille; que néanmoins il importe d'exposer à Mr le Préfet qu'on n'est pas à l'abri d'éprouver des retards dans la réception des dépêches qu'il lui plaît d'adresser à cette commune et qui quelquefois sont de nature à exiger de promptes réponses, par la négligence du piéton qui pour s'épargner la peine d'un voyage attend l'occasion de les faire parvenir par voie indirecte. »

 remarque complémentaire: Les ponts sur l'Agly et la Têt n'existent donc pas à cette époque. Le passage vers Latour devait se faire par le chemin de Llinas et par Cassagnes, ce qui permettait de ne pas avoir à traverser la rivière. 

1833- Comment payer l'instituteur? 

date: huit août à sept heures du soir

maire: Jean Estèbe Peyrot ou Estève Peyrot

A noter: Le maire signe Estèbe certainement à cause de la prononciation occitane (et catalane) de son nom. Par contre l'écriture sur les actes est souvent Estève. 

« Monsieur le Maire a ouvert la séance en exposant combien il est nécessaire d'encourager la propagation de L'instruction, et a proposé pour cet effet d'assurer un traitement au Sieur Auguste Azaïs Instituteur de cette commune. Le Conseil Municipal après avoir reconnu que ce dernier méritait à tous égards la confiance des pères de famille, qu'il s'acquitte avec zèle des devoirs de sa profession, que la modique rétribution de ses élèves ne lui fournissait de quoi vivre et payer le loyer du local que la commune n'a pu lui fournir, après avoir, disons nous, reconnu combien il serait juste de lui assurer un traitement proportionné à ses besoins et ses mérites, le conseil municipal a fait observer à Monsieur le Maire que les revenus de la commune étaient si modiques, qu'on ne pouvait l'agrever de nouvelles charges sans la mettre dans l'impossibilité de se libérer; néanmoins pour donner une preuve de sa bonne volonté, et encourager par là les efforts et le zèle du Sieur Auguste Azaïs dont on est dans l'impossibilité de récompenser autrement ses mérites, le Conseil municipal a voté à l'unanimité deux centimes additionels au principal des contributions foncière, personnelle et mobilière pour pourvoir au traitement de Monsieur l'instituteur. Le Conseil municipal ose espérer que sous un gouvernement où L'instruction est si favorisée, on aura égard aux efforts d'une commune qui désire sincèrement entrer dans les vues du gouvernement, mais qui a besoin d'être secourue pour répondre à ses vœux d'une manière efficace. » 

remarque historique: En 1833, la France est gouvernée par le roi Louis-Philippe 1er. Le 28 juin, le ministre de l'Instruction publique, François Guizot fait voter une loi qui porte son nom, sur l'instruction primaire. Chaque commune de plus de 500 habitants est tenue d'entretenir une école primaire et un instituteur. C'est donc le cas de Caramany.

François Guizot, ministre de l'Instruction publiqueTout individu âgé de dix-huit ans peut exercer librement la profession d'instituteur à condition d'obtenir un brevet de capacité délivré à l'issue d'un examen et de présenter un certificat de moralité. La commune s'est donc empressée et c'est tout à son honneur, de recruter un jeune instituteur mais (car il y a deux mais) elle n'avait pas les moyens de le rémunérer et d'autre part le jeune homme en question n'était pas à cette date là breveté. En effet une délibération en date du 10 février 1834, donc postérieure de plus de six mois à celle mentionnée ci-dessus semble régulariser la situation. Elle précise qu'il est né à Arques (Aude) le 24 juin 1811, qu'il s'est vu délivré le brevet de capacité de l'enseignement le 30 janvier 1834, il ne l'avait donc pas en août 1833. Elle se poursuit de la manière suivante:« Considérant que la place d'instituteur est vacante parce qu'il n'y a jamais eu d'instituteur en titre,... le conseil municipal présente le sieur Auguste Azaïs au comité d'arrondissement à l'effet d'être nommé instituteur communal... »

Enfin, si Auguste Azaîs est vraiment le premier instituteur de la commune, on peut en déduire que l'initiative de Charles Chauvet de 1793 n'a pas été suivie d'effet.

remarque complémentaire: Cette délibération qui est d'ailleurs la seule de l'année 1833, laisse à penser que l'instituteur est là depuis quelque temps ce qui est bizarre car la loi ne date que du mois de juin; elle insiste d'ailleurs énormément sur son zèle et ses mérites , ce que l'on comprend très bien puisqu'il aura besoin d'un bon certificat de moralité une fois son examen réussi. Le plus cocasse de la situation, c'est que la délibération a été, sauf erreur de ma part, rédigée par Auguste Azaïs lui-même. Et oui, la commune avait aussi besoin d'un bon secrétaire de mairie. 

1843-Halte au tapage nocturne !

date: vingt-quatre mars

maire: Pierre Rolland 

« Le maire de la commune de Caramany

Considérant qu'il importe essentiellement au maintien du bon ordre de prévenir les atteintes à la tranquilité publique résultant ordinairement de réunions d'individus qui ont lieu la nuit à des heures indues, qu'un des moyens les plus certains de parvenir à ce but est de remettre en vigueur les dispositions de police qui ont pour but de de s'opposer aux rassemblements nocturnes et d'empêcher qu'il ne soit proféré la nuit des chants et des cris de nature à troubler le repos des habitants; ARRETE

art 1er: Sont considérés comme bruits et tapages nocturnes les réunions ou rassemblements tumultueux, les disputes et querelles sur la voie publique, les cris, les chants, les charivaris qui pendant la nuit troublent le repos des habitants. Code pénal, art. 471 n°15.

Art.2: Il est expressément défendu à tous individus de parcourir la ville, soit isolément, soit en groupes, en proférant des cris ou en chantant des chansons quelconques, après neuf heures du soir en hiver et après dix heures en été. Loi du 16/24 août 1790. tit.XI art.3 n°4. Code pénal art.471 n°15; 479-n°8.

Art.3: Il est également défendu de tenir publiquement des propos deshonnêtes, huer, outrager, invectiver, apostropher, ou inquiéter qui que ce soit par paroles ou par gestes, comme aussi de chanter aucune chanson provocatrice au désordre, indécente ou scandaleuse. Code pénal; art.471, n°11 et 15, 479, n°8.

Art.4: Ceux qui enfreindraient les défenses portées aux articles précédents et qui sommés de se retirer, refuseraient de le faire ou opposeraient de la résistance aux agents de l'autorité seront arrètés et traduits devant l'autorité compétente, pour être poursuivis conformément aux lois.

Art.5: Pour mieux assurer l'exécution des dispositions ci-dessus, il est impérativement enjoint aux cafetiers, limonadiers, teneurs de billards, cabaretiers et autres personnes donnant à boire et à manger de fermer leurs établissements aux heures prescrites par les réglements. Code pénal, art.471 n°15.

Art 6: Les contraventions au présent règlement seront constatées par des procès-verbaux, et les contrevenants poursuivis par devant les tribunaux compétans. » 

1853 – Comment faire rentrer de l'argent dans le budget?

date: le neuf mars, à une heure du soir

maire: Raymond Estève

A noter: Raymond Estève a succédé le 2 août 1852 à son père Charles dont il était le secrétaire de mairie. Son adjoint est Louis Vaysse, peut-être un descendant de Cir Vaysse. 

Pour une fois ce n'est pas une réunion du conseil qui se passe à la salle de la mairie mais une vente aux enchères. Il s'agit de « procéder à l'adjudication de vingt-quatre kilogrammes de vieux cuivre et de dix-sept kilogrammes de vieux bronze, provenant de la pompe qui existait au puits communal situé au lieu dit la fontaine neuve. » Le maire est assisté de MM Gillard Jean et Foussat François, conseillers municipaux et de M Rodrigues Hippolyte, receveur municipal.

La vente se fait à la bougie. Les deux lots sont remportés par le Sieur Chavinier Jean, chaudronnier à Caudiès. Il paiera le kilogramme de cuivre 2,25 francs (mise à prix 2 francs) et le kilogramme de bronze un franc (mise à prix 80 centimes). Il présente comme caution le Sieur Solatges Guillaume, menuisier à Caramany. C'est donc après approbation du préfet, la somme de 71 francs qui entrera dans les caisses de la commune. 

Remarque complémentaire: Où pouvait bien se trouver cette fontaine neuve? A cette époque là devaient exister la fontaine de la place, actuellement nous l'appelons la fontaine du lion, et la fontaine dal llong dal rec; est-ce une de ces deux ou un puits existait-il ailleurs? 

1863 – Construction d'un bâtiment mairie-école

date: le 1er mars et 9 mars

maire: Michel Sabineu

Le bâtiment mairie-école et la place publiqueA noter: Le village se développe et il n'a toujours pas une mairie et une salle d'école dignes de ce nom. Il semble donc que la décision en 1842, d'acheter un terrain à côté du presbytère soit restée lettre morte. En 1849 et 1850, la municipalité a envisagé l'achat de plusieurs bâtiments: une partie de la grande maison Chauvet, ce dernier ayant aussi proposé une autre habitation qu'il détenait au château, ou une maison appartenant à la famille Sabineu. Tous ces projets ont échoué et le temps passant, la décision est prise de construire. 

Le 1er mars, le maire informe l'assemblée composée des conseillers et des plus forts contribuables que pour financer le projet de construction d'une maison d'école et mairie, le préfet ne pourrait autoriser qu'une imposition extraordinaire de 200 francs par an « attendu qu'une imposition plus forte ne saurait être approuvée par M. le Ministre de l'Intérieur, vu qu'une commune ne peut s'imposer extraordinairement de plus de 20 centimes et que celle-ci l'est déjà de 10 centimes »

Or une telle imposition « serait d'une longueur décourageante et mettrait l'administration dans l'impossibilité de maintenir la somme de 4000 francs qui est promise à la commune... »

« Le dit Conseil prenant en considération l'avis de M.M. l'Inspecteur d'académie et l'Inspecteur primaire qui daignent s'intéresser à cette localité et qui méritent à juste titre de grands remerciements (le premier pour avoir obtenu ce que nous appelons maintenant une subvention, le second pour s'être rendu sur les lieux afin de donner son avis sur le terrain envisagé) a décidé qu'il serait provoqué pour cette année 1863 un souscription volontaire de 900 francs en argent, en charrois ou en journées... et qu'une souscription semblable serait envisagée au besoin en 1864. »

Cela nous rappelle fortement la construction du clocher.

La délibération du 9 mars apporte quelques rectificatifs. Monsieur le Maire rappelle que la commune doit s'engager sur une somme de 1800 francs et apporte une bonne nouvelle « il a exposé que l'emplacement devant servir pour la dite construction a été déjà trouvé, qu'il a été visité par M. l'Inspecteur primaire et reconnu convenable pour le projet dont s'agit, que cet emplacement se trouvant sur un terrain communal porté au n°74, section B du plan cadastral ne devra rien coûter à la commune et que par suite de ce, la souscription qui se fera pourra être réduite de 200 francs qu'il aurait fallu payer pour en faire l'acquisition...

Le Conseil a décidé d'un commun accord qu'il y a lieu à imposer extraordinairement la commune d'une somme de 600 francs en deux ans, 300 en 1864 et 300 en 1865, sur toutes les contributions foncière, personnelle et mobilière. L'assemblée a décidé de plus qu'il sera provoqué pour cette année 1863, une souscription volontaire de 1060 francs au moins, soit en argent soit, en charrois ou en journées pour servir à la dite construction. »

Le plan de financement a donc été revu sur trois ans. La contribution volontaire passe pour l'année en cours de 900 à 1060 francs; il n'y en aura pas l'année suivante puisqu'il serait possible de prélever un impôt de 600 francs étalé sur deux ans, contrairement à ce qui était dit dans la délibération précédente. Mais peut-être qu'à partir de 1864, la contribution des 10 centimes votée pour un autre projet n'existait plus.   

remarque complémentaire: Ce bâtiment mairie-école est celui que nous connaissons place de la mairie. C'est la partie centrale et la partie gauche, celle qui accueille aujourd'hui la classe maternelle, qui ont été construites. La partie droite, classe et appartement, destinés à l'école de filles sera rajoutée en 1880, comme le montre le plan déposé aux archives départementales. En 1863, lorsqu'on pensait école, il était évident que c'était une école pour les garçons, il n'était donc pas besoin de le mentionner. 

1873 – Comment payer le garde -champêtre?

date: le 18 mai

maire: François Vaysse 

Ce jour là, le conseil municipal constate que le budget de l'exercice 1874 a été proposé avec un déficit de 234,80 francs alors que les dépenses ne comportent pas le salaire du garde champêtre.

Une seule solution, voter une imposition extraordinaire:

« considérant que les dépenses à faire sont indispensables, et que la commune ne peut y pourvoir qu'en obtenant l'autorisation de s'imposer extraordinairement est d'avis à l'unanimité qu'elle soit autorisée à s'imposer jusqu'à concurrence de la somme de cent francs pour le salaire du garde-champêtre. » 

Le tableau de présence

remarque complémentaire: Pour voter une imposition extraordinaire, les plus forts contribuables sont convoqués pour assister les conseillers qui ne sont d'ailleurs pas tous là. Sur quinze contribuables convoqués, il y avait sept présents, comme le montre le tableau ci-contre.(C'est la première fois que je trouve un tel document dans les registres.).

Autre détail intéressant: en 1873, malgré l'installation d'un instituteur quarante ans auparavant, il y a encore des illettrés parmi les chefs de famille y compris dans celles qui auraient pu s'acquitter de la participation journalière demandée. Ce n'est donc pas un problème d'argent mais de choix sur l'intérêt ou non d'envoyer ses enfants à l'école. 

1883 – 60 ans après, toujours des difficultés pour le courrier.

date: le onze novembre

maire: François Vaysse 

« Monsieur le Maire a exposé au Conseil que le facteur Pous qui réside à Montalba d'où il part chaque matin pour se rendre à Caramany faire la 1ère levée, qui se rend à Bélesta prendre la correspondance à destination de Caramany et de Montalba, est empêché de faire son service, pendant 2 ou 3 jours, toutes les fois qu'il survient des pluies abondantes qui grossissent la rivière de Montalba. Dans ce cas, le facteur se trouve assiégé dans Montalba, il en résulte que cette commune et Caramany sont privées de toute correspondance, ce qui nuit beaucoup aux transactions commerciales, surtout celles de Caramany, de beaucoup plus nombreuses. Si le facteur résidait à Caramany ou à Bélesta en temps de crue des eaux, il n'y aurait que Montalba qui ne serait pas desservi, car entre Bélesta et Caramany, il n'y a aucun ravin qui empêcherait le facteur de faire son service...

Le Conseil prie donc M le Préfet de faire les démarches voulues auprès de M. le Directeur des Postes pour obtenir aussitôt que possible ce changement de résidence qui donne satisfaction à Courrier du Directeur des Postesla commune de Caramany, sans nuire, en aucune façon à celle de Montalba. Ce chef de service voudra bien comprendre que si en temps de pluies, par simple changement de résidence du facteur, il est possible de desservir la commune la plus importante sur deux qui ne sont pas desservies, c'est déjà une notable amélioration apportée au service postal. Cette considération suffira pour le déterminer à donner satisfaction à la juste réclamation du Conseil. » 

remarque complémentaire: Petit détail amusant. A la fin de son exposé , le maire propose au conseil d'émettre le voeu que le facteur ait sa résidence à Caramany ou à Bélesta. Dans cette phrase, le secrétaire avait écrit... sa résidence à Bélesta ou à..., ce qui a été raturé pour bien mettre Caramany en premier. Après tout, on est bien servi que par soi-même.

Par contre le préfet n'a pas accédé à la demande des Carmagnols. Par courrier du 7 janvier 1884, (espérons qu'il ne pleuvait pas trop) le Directeur des Postes apprend à M. le Maire que le conseil municipal de Montalba, à sa demande, a décidé d'établir une passerelle sur la rivière qui sépare cette commune de Caramany. Le facteur continuera donc de résider à Montalba.

 Sources:

  • Archives municipales: registres des délibérations
  • Archives départementales: série O Caramany
     

Photos: 

Les photos 1, 5 et 6 sont tirées des archives municipales.

La photo 2 qui représente le facteur de Millas en 1905 est extraite de "Els catalans fa temps", revue Terra nostra n°44 - 1982

La photo 3 (François Guizot) provient du site de l'assemblée nationale.

La photo 4 et la miniature sont des reproductions d'une carte postale (archives personnelles).