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Le cahier de doléances

  Comme annoncé dans l'article « On a failli assassiner le maire » 1, je vous propose de découvrir le cahier de doléances de la communauté de Caramaing. 

Un cahier de doléances un peu bâclé 

 

Les signaturesLe terme de cahier est d'ailleurs impropre pour notre village car le document ne comporte qu'un peu plus d'une page. De plus, il ne rend pas bien compte des doléances des Carmagnols; ces derniers ont simplement écrit qu'ils approuvaient le cahier de Saint Paul de Fenouillet. Ont-ils manqué de temps? Est-ce qu'ils n'étaient pas motivés, pensant peut-être que la démarche ne serait pas suivie d'effet? C'est difficile à dire, d'autant qu'ils disposaient de personnalités fortes, capables de s'exprimer, comme Jean-Baptiste Chauvet qui sera d'ailleurs chargé¨de représenter la communauté à Limoux et qui sera bientôt élu conseiller général ou Cir Vaïsse, officier de santé et futur maire.

Malgré ce manque d'implication un peu décevant, ce cahier a quand même une valeur historique dans la mesure où il nous livre les noms des membres représentatifs du village ainsi que ceux des députés qu'ils ont choisis, mais surtout parce qu'il prouve que la modeste communauté de Caramaing, perdue au fin fond de la sénéchaussée de Limoux et du diocèse d'Alet, dans la province du Languedoc, a participé à la préparation des États généraux du royaume dont beaucoup, surtout parmi les classes aisées du tiers-état, attendaient de grandes modifications sans penser pour autant qu'ils déclencheraient la Révolution dont est issue notre république. 

Historique des cahiers de doléances 

Pour faire face aux énormes difficultés économiques que rencontre le pays, Louis XVI ordonne, le 5 mai 1788, la convocation des États généraux pour l'année 1789. Puis, par lettre du 24 janvier, il demande que dans toutes les paroisses soient rédigés des cahiers de doléances. Ces réunions se tiennent un peu partout dans le royaume de février à avril. Des députés élus par leurs pairs, rédigent ensuite le cahier de la sénéchaussée puis de la province. Ce seront les cahiers du tiers-état, de leur côté, les deux ordres privilégiés, la noblesse et le clergé font de même.

A Caramaing, c'est le jour même de la lecture de la lettre de Sa majesté au prône du 8 mars2 que les chefs de famille les plus importants se réunissent autour des deux consuls. Pour avoir le droit de siéger, il faut être âgé de 25 ans et être compris dans le rôle des impositions. Comme le montre la photo 1, à Caramany, cela ne représente que 18 hommes, dont cinq seulement savent signer. Le compte rendu de la séance ne précise pas où a eu lieu l'assemblée mais comme les notables ont été réunis après la messe et que quelqu'un a cru bon de rajouter au son de la cloche,on peut penser que c'est à l'église. Par contre le curé Montferrand n'était pas présent, sa fonction lui imposant certainement de participer à la rédaction du cahier du clergé. 

Le cahier de doléances de Caramaing 

L'écriture du sieur Grand, le greffier étant assez particulière mais représentative de l'époque, vous trouverez après le document authentique conservé dans les archives de la mairie, le texte in extenso.

Le

 L'an mil sept cent quatre-vingt neuf et le huitième jour du mois de... dans le lieu de Caramaing, par devant Paul Pujol et Jean Sabineu, consuls, ont été assemblés en la forme ordinaire et manière accoutumée (au son de la cloche) les conseillers politiques, et du renfort auquel ont assisté les sieurs J.Baptiste Chauvet, Cir Vaïsse, Jean Gély, J.Pierre Barrière, Pierre Saly, Jean Bedos, Jean Rolland, Guilhaume Mouné, Jean Fontanel, Pierre Ribes, Michel Delonca, Michel Calvet, Philippe Gatteu, Jacques Rougé et Raymond Lacour tous nés français, âgés de vingt-cinq ans, compris dans les rôles des impositions, habitants de la dite communauté composée de quatre-vingt seize feux.

Lesquels pour obéir aux ordres de Sa Majesté portés par ses lettres données à Versailles le 24 janvier 1789, pour la convocation et tenue des Etats généraux de ce royaume et satisfaire aux dispositions du règlement y annexé, ainsi qu'à l'ordonnance de M. le Lieutenant-général, en la sénéchaussée de Limoux dont ils nous ont déclaré avoir une parfaite connaissance, tant par la lecture qui vient de leur en être faite que par la lecture et publication faite par M. le Curé au prône de ce jourd'huy à la messe de la paroisse. Ils nous ont déclaré qu'ayant pris lecture et ayant sous leurs yeux le cahier de doléances, plaintes et remontrances fait par les habitants de la ville de Saint-Paul de Fenouillet 3 (de même que le mandat et l'instruction), et que le dit cahier contient leurs voeux et (qu'ils) y donnent leur entière adhésion.

Ils ont ensuite nommé pour leurs députés à l'Assemblée générale de la sénéchaussée de Limoux indiquée au lundi 16ème du présent mois les sieurs Jean Baptiste Chauvet et Paul Pujol, lesquels ont accepté la dite commission et promis de s'en acquitter fidèlement. Auxquels nous avons donné une copie de la présente délibération pour constater leurs pouvoirs et ils ont signé ou marqué avec nous, Jean Grand, greffier requis soussigné. 

Note:

  1. note 6
  2. Sur le document, la date est incomplète, le huitième jour du mois de... mais plus loin, on peut lire que mr le Curé a donné lecture de la lettre du Roi à la messe de la paroisse: le 8 était donc un dimanche. La réunion au siège de la sénéchaussée est par ailleurs programmée le lundi 16. En 1789, les mois de février et de mars contiennent un dimanche 8 et un lundi 16. Comme on peut lire dans certains ouvrages que la diffusion de la lettre du roi dans tout le royaume a pris un mois environ et que, compte-tenu de la distance ce délai a bien dû être nécessaire pour Caramany, je n'ai retenu que la date du 8 mars.
  3. Le greffier a écrit fenouilhèdes

 Source:

  • Archives municipales: premier registre 1789