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1831: une épidémie de variole à Caramany fait avancer la médecine

Avant de subir une accélération à la fin du XIX ème siècle avec notamment les découvertes de Pasteur sur les microbes, les progrès de la médecine, bien que lents, ont quand même été constants au cours du temps. Dans les années 1800, la méthode de la vaccination était déjà en vigueur pour combattre la redoutable maladie qu'était la variole. 

Variole et varioloïde: 

Bulletin médical des grands hôpitaux de ParisEn 1831, soit après trente ans d'observation, comme cela est affirmé dans le rapport de l'Académie royale de médecine cité dans les ligne suivantes, des désaccords existaient au sein du corps médical sur les relations entre variole et varioloïde. Les uns pensaient qu'il s'agissait de deux maladies différentes, les autres émettaient l'hypothèse que des analogies existaient entre elles, l'une pouvant même entraîner l'autre.

Qui aurait pu penser qu'une observation faite à Caramany ferait avancer le débat?

Pour bien comprendre l'enjeu de ces discussions de praticiens, il convient de préciser un peu les termes employés.

La variole est une maladie fébrile, contagieuse, autrefois mortelle que l'on appelait plus communément la petite vérole.

La varioloïde est définie dans le Littré, comme la forme qui, parmi les petites véroles volantes, se rapproche le plus de la variole vraie. Ce qui l'en distingue, c'est l'absence de fièvre secondaire.

Ce n'est pas non plus tout à fait la varicelle qui, toujours selon le Littré, est aussi une petite vérole volante mais sous la forme la plus éloignée et la plus bénigne de la variole. On l'appelle d'ailleurs la fausse variole. Elle affecte surtout les enfants. 

Des observations à Caramany en guise de preuve: 

Ces quelques précisions étant apportées, il est temps de nous plonger dans le compte rendu de la séance de l'Académie royale 1 de médecine en date du 15 janvier 1831.

La commission qui est en séance s'intitule (c'est un peu effrayant): Vaccine – Contagion - Choléra-morbus – Remèdes secrets – Peste – Rage – Polype des fosses nasales – Lithotomie.

«  Monsieur Emery lit, au nom de la commission de vaccine 2, le rapport que l'Académie fait tous les ans à l'autorité supérieure sur les vaccinations du royaume...

Scéance de vaccination. La varioloïde règne dans les mêmes temps, sous les mêmes influences que la variole. On les retrouve partout à côté l'une de l'autre dans la même maison, dans la même famille. Cela suffit pour croire qu'elles sont aussi anciennes l'une que l'autre, qu'elles sont de la même date. Les mêmes raisons dénotent entre elles une analogie incontestable, autrement il faudrait donc admettre deux causes différentes en même temps...

M Emery donne de cette analogie des preuves plus directes; il dit qu'à Caramany la variole est née de la varioloïde. M Parer , médecin à Ille, a vu la même chose. M Damian a vu pareillement toute une famille dont les membres vaccinés se transmirent la varioloïde et transmirent la variole à un tiers qui n'avait pas été vacciné.

Les conclusions générales du rapport de M Emery sont:

… 3° que les épidémies de variole ont été accompagnées de l'apparition de la varioloïde chez quelques sujets variolés et vaccinés...

5° que la varioloïde doit son nom à la variole dont elle semble n'être qu'une modification...

8° que cette année encore, la varioloïde a pu être la cause d'une épidémie de variole à Caramany et qu'en conséquence on ne peut point établir en principe qu'elle ne communique jamais que la varioloïde...

10° que la varioloïde est presque toujours une maladie bénigne qui n'approche pas de la gravité de la variole. »

La Gazette médicale de Paris qui rend compte de la même séance est un peu plus précise. C'est un jeune homme, vacciné depuis quinze ans, qui a contacté la varioloïde à Rivesaltes où régnait la petite vérole et qui a apporté la variole à Caramany, comme a donc pu le constater M Parer, le médecin d'Ille. Le docteur Damian par contre, professe dans l'Hérault et le deuxième cas ne concerne pas Caramany comme on aurait pu le penser.

Dès cette époque là, il semble donc établi que variole et varioloïde sont étroitement liées. On ne peut que regretter, en pensant aux Carmagnols qui en ont été les acteurs bien involontaires, que ce soit une épidémie de variole déclenchée à Caramany par un sujet vacciné et donc seulement atteint de varioloïde qui en apporte la preuve.

 

Notes:

  1.  Depuis 1814, la France avait retrouvé la royauté. En 1831, c'est Louis Philippe 1er qui gouvernait.
  2. La vaccine était une maladie infectieuse des vaches et des chevaux transmissible à l'homme et très proche de la variole. Son virus a été utilisé comme vaccin contre cette maladie.

Sources:

  •  Revue médicale française et étrangère. Journal de clinique de l'Hôtel-Dieu, de la Charité et des grands hôpitaux de Paris – 1831.
  • Gazette médicale de Paris, Journal de médecine et des sciences accessoires, du samedi 19 février 1831
  • Dictionnaire Littré